jeudi 30 mai 2013

prendre son temps au Laos


Nord du Laos. Il faut savoir prendre son temps et profiter du temps qui passe...doucement.
Je me déplace toujours en bus.
Cela implique de demander les horaires à la gare routière quand il y en a une....mais souvent, il n'y en a pas, alors on demande à qui on peut. De toute façon, la réponse est presque toujours la même: demain matin.
Heu... le matin ça veut dire vers 6 heures ou plutôt 10 heures ?
Mais pourquoi elle pose ces questions la "falang" ? Le matin, c'est le matin, c'est simple non ? tu arrives vers 7 heures, tu t'assois et tu attends. Pas de risque de louper le bus ( en principe), et pas de stress pour les horaires, de toute façon, quelle que soit la longueur du trajet, faut prévoir la journée (au moins).

Sortie de village, s'il y a un panneau routier,
c'est là qu'il faut attendre
J'arrive à 7 heures, il n'y a pas de gare routière dans le village, on attend au bord de la  route principale ou à un carrefour. 9:00, pas de bus, 11:00 pas de bus, 13:00 j'ai faim, oui mais si le bus arrive pendant que je mange ?...bon, j'abandonne, je partirai demain.

Le lendemain, j'arrive à 7:00 et je vois partir le bus, sans moi.
Bon...je partirai demain.


Ils attendent....nous attendons....vous attendez
Le système est en fait très simple ici: les bus partent quand ils sont pleins - c'est à dire 70 passagers pour 50 places, des sacs de riz dans l'allée centrale, et quelques centaines de kilos de bagages ou marchandises sur le toit.

Alors parfois on attend (longtemps) qu'il se remplisse, et parfois il est plein avant qu'on arrive...


Assis sur les sacs de riz






Lorsqu'on a la chance d'arriver ni trop tôt, ni trop tard, on a un siège, sinon: sacs de riz.
Bon, les premiers kilomètres, je me dis que ce n'est pas si mal, mais lorsqu'on attaque les virages, hop je cogne à droite, ouïe, je cogne à gauche, un coup de frein, je donne un coup de tête à mon voisin d'infortune devant moi....
Il fait chaud, très chaud, la famille à ma gauche (4 sur deux sièges) mange du poisson séché, ça pue, ceux de droite vomissent dans des sacs en plastique qu'ils balancent par la fenêtre, ça pue.

Ils attendent, nous attendons...que le bus soit
réparé.






Heureusement, bruits bizarres et crachotement du moteur, on s'arrête, chic ! le bus est en panne !

J'attendais ça avec impatience....Ça arrive dans 80 % des cas.
Je vais pouvoir sortir respirer de l'air frais.

Personne ne bronche, aucune récrimination, même si c'est déjà la 4eme fois qu'on s'arrête, qu'on a fait que 150 Km en 4 heures et qu'on est pas du tout surs que le bus repartira ( vu les quantités d'huile dur la chaussée, j'ai des doutes...)
On me regarde de loin,  je les regarde de loin
Les hommes fument, discutent d'un cote du bus, les femmes cherchent un endroit pour aller aux toilettes, et papotent de l'autre cote du bus.

Quand à moi, j'observe. J'aime bien lorsqu'on s'arrête dans un village....un bus en panne, avec tous
les enfants sont curieux mais s'approchent rarement
ces gens c'est toujours une attraction pour les villageois, mais quand il y a une Falang alors là.....ils sont au spectacle. Et moi aussi !


Je prend peu de photos car on me dit souvent non.
Et je sais pourquoi.
Elles sont descendues de la montagne avec leurs hottes
sur le dos pour nous proposer les pousses de bambou
En arrivant dans ces régions du nord du Laos, j'ai eu la désagréable surprise de trouver un tourisme émergeant qui profite honteusement de ces populations isolées. C'est ainsi que, dans les agences pour touristes, vous pouvez voir des publicités vantant des visites guidées des minorités. Vous partez le matin en mini van climatisé, et on vous emmène voir ces pauvres gens dans leurs villages....qui deviennent donc des zoos humains.
De quoi dégoûter ces pauvres gens des étrangers !

 De quoi aussi les intriguer lorsqu'ils me voient assise sur le bord de la route avec les autres passagers du bus, seule falang à bord, à braver les sacs de riz, la chaleur, les odeurs et les
pannes.
Parfois la panne nous laisse au milieu de nulle part, avec juste la jungle autour de nous et peu de distractions, mais parfois, un hameau n'est pas loin, quelques huttes au bord de la route, et les femmes des villages alentour qui arrivent rapidement pour vendre quelques pousses de bambou ou autres racines que je n'identifie pas.

Le mélange tradition/modernisme...
La plupart de ces femmes portent leur costume traditionnel. Une merveille de broderies colorées et d'ornements divers, bijoux, pompons... Elles sont belles !

Et les plus jeunes n'hésitent pas à mélanger le tout avec des vêtements modernes, tee-shirts, vestes
de survêtement, mais l'ensemble reste harmonieux, la coquetterie au quotidien, même quand on travaille dur, j'admire !

 Les pannes de bus, j'aime bien aussi, car si on s'arrête dans un village accueillant, je décide de rester. Je continuerai demain...

Comme ici, Boun Tai, allez savoir pourquoi, il n'y a rien dans ce village, juste des maisons le long de la route, mais je décide de m'y arrêter.



Une dame assise sur son pallier me sourit, nous nous sourions. Je pars faire un tour au marché, au retour, nous nous sourions à nouveau,  elles me fait signe de la rejoindre. Je m'assois avec elle, on se sourit beaucoup, c'est un langage tellement universel!
Une autre dame se joint à nous, elle est coiffée d'un joli foulard. Je lui fais signe que je le trouve joli, elle l'enlève et me le présente: de jolies broderies que je regarde avec intérêt.
 
J'essaie de savoir si ces broderies ont une signification, si ces foulards ont une origine locale, si ils sont typiques d'une tribu, bref autant de questions sans réponses.
 


Mais mon intérêt est récompensé, car après maints sourires, elles ne comprennent toujours pas mes questions, mais sont fières et heureuses de me montrer les différentes façons de porter le foulard, et comment l'installer.

Alors, bien sur, vous lisez ces lignes en quelques secondes, mais c'est tout l'après midi que je passe avec ces dames.

Car c'est en prenant le temps, avec beaucoup de patience et des moments ou je me demande ce que je fais assise devant une maison à ne plus savoir que dire, que se produit la magie de la communication. C'est à ce prix, que ces instants de partage se produisent et que l'émotion est au rendez-vous. Le prix du temps que je passe doucement, lentement au nord du Laos.

On attend le bateau au bord de l'eau
Toujours plus au nord, il y a des endroits inaccessibles par la route. C'est donc en bateau que je continue mon trajet. Au lieu d'attendre le bus au bord de la route, on attend simplement au bord de la rivière, la différence, c'est qu'il n'y a pas des bateaux tous les jours, alors on attend parfois longtemps.
les enfants accourent pour décharger le bateau....
Et lorsque le bateau arrive, tout le village descend sur la berge pour décharger les marchandises de toutes sorte.
les moines novices aident au déchargement
....avant de retourner jouer dans l'eau
C'est dans la bonne humeur que se forment des files de porteurs de tous âges. Les enfants participent avec joie, chacun selon ses possibilités, garçons et filles confondus. L'arrivée du bateau, c'est un peu leur distraction de la journée.


La encore, le temps passe doucement.
J'admire les beautés de la nature, les arbres majestueux qui revivent maintenant que le niveau de la rivière remonte.


Car oui, la saison des pluies a commencé. Il fait beau, ciel bleu, puis, tout d'un coup, en quelques minutes, le ciel s'assombrit, les nuages sont apparus comme par magie, et l'eau se déverse à torrents.

C'est bref, mais tellement violent. rien à voir avec les averses de chez nous, c'est plutôt comme si on vidait des bassines d'eau sur votre tête pendant une demi-heure, ce ne sont pas des gouttes d'eau, mais des paquets d'eau que l'on reçoit.

Ça rafraîchit.
Un peu.
Juste le temps de la pluie, car l'atmosphère est toujours aussi chaude et l'humidité, bien sur, élevée.

C'est donc ainsi que le temps passe, tellement doucement et tellement vite en même temps, que, tout à coup, mon visa arrive à expiration.

Alors, bien sur, je n'ai pas eu le temps de visiter la ville de Luang Prabang, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, mais il y a plein de touristes qui y sont allés, si je veux je trouverai des photos sur le net, j'ai pris mon temps, le temps de vivre au rythme Laotien, le temps d'aller doucement.
 Je dois maintenant rejoindre la frontière.
En route pour la Thailande !


 
 

 
 

 



dimanche 19 mai 2013

mystere de la plaine des jarres et guerre secrète au Laos

Il y a des grands mystères dans l'histoire de l'humanité, comme les statues de l'île de Pâques, ou les jarres du Laos.
La plaine des jarres, site 1
Presque tout le monde connaît les fameuses statues mais presque personne n'a entendu parler des jarres de la plaine des jarres. C'est certainement parce qu'une jarre ça fait moins rêver...

Le site est pourtant impressionnant et étrange. Des jarres creusées dans du grès ou du granit, certaines d'entre elles ont une forme simple ( comme un gobelet), et d;autres sont plus élaborées avec un col , comme un vase antique. Leur taille varie de 1 à 3 mètres de hauteur, et peuvent peser plusieurs tonnes.
Elles sont posées là, sur le sol, en vrac. Pas de cercles concentriques ou d'alignements mystiques, elles dorment  tranquillement, elles attendent qu'on vienne les admirer.
Elles attendent aussi qu'on trouve une explication à ce mystère qui, à ce jour, reste entier.
Qui les a fabriquées ? comment? Comment les a-t-on transportées?
À quelle période?
Et pourquoi ??
Le mystère reste entier. Peu d'archéologues se sont penchés sur la question, ceux qui ont tenté une étude n'ont pas résolu l'énigme.
celle ci est trop grande pour que je puisse voir l'intérieur
Alors il reste les légendes locales:
Elles auraient été construite par des géants pour y stocker leur dose de lao-lao.

Ce seraient des urnes funéraires communes.

Elles auraient servi de stockage de nourriture pour les esprits.

Moi j'aime bien l'idée des géants qui boivent un petit coup et qui laissent négligemment leur gobelet....




En fait, il y a des dizaines de sites de jarres disséminées dans la région, mais un grand nombre d'entre eux n'est pas visitable car le terrain n'est toujours pas déminée.

Et oui, après le mystère, voici le secret. Un secret affreux qui tue encore tous les jours.

La guerre secrète du Laos.
Dans un jardin, autour de Phonsavan
Le Laos est le pays qui fut le plus bombardé au monde,toutes guerres et périodes confondues. Il y a eu plus de bombes lâchées sur le Laos que sur le nord de la France pendant la 1ere guerre mondiale !

Et tout ça alors que le Laos était un pays neutre.

Petit résumé des faits:
La guerre du Vietnam. Les troupes d'Ho Chi Minh tentent de libérer le sud du Vietnam par tous les moyens, y compris en passant par les pays voisins. Ils envoient des renforts et des armes à dos d'hommes à travers les montagnes de l'ouest. Les Etats Unis tentent de les arrêter, et, les soupçonnant de passer par le Laos frontalier, commencent, en 1964, à bombarder ce pays, un pays neutre.

Des carcasses de bombes sous la cuisine...
On estime aujourd'hui qu'il a eu 2 millions de tonnes de bombes lâchées sur le pays.
Un bombardement toutes les 15 mn pendant 9 ans!
Les pires: les "cluster bombs", des coquilles 1,5 m de long qui s'ouvrent en vol et dispersent 670 mini bombes sur 500m2. Ces minis bombes ( bombies comme les laotiens les appellent) ressemblent à des balles de tennis, et envoient des projectiles dans un rayon de 20m quand elles explosent.

La plaine des jarres est une des zones qui a le plus souffert de cet enfer. Les habitants, essentiellement des paysans, se sont rapidement réfugiés dans les nombreuses grottes naturelles de la région. Ils ont vécu là, installant des écoles, des hôpitaux et organisant leur vie quotidienne tant bien que mal, en sortant cueillir des racines la nuit pour se nourrir. Ils ont surtout souffert de famine car ils ne pouvaient pas cultiver le riz, mais ils ont ainsi limité les morts.

Quand les combats cessent au Vietnam, les avions américains basés en Thailande continuent le pilonnage de ces zones, pour essayer d'endiguer le communisme qui grignote du terrain au Laos aussi.
La guerre secrète continue. Sans déclaration de guerre, sans reconnaissance internationale.
La réserve de grain, construite sur des pilotis....mortels
Un secret qui fut bien gardé. Car, ni les citoyens américains ni le reste du monde n'étaient informés de ces bombardements incessants sur des zones sans installations ou activités militaires.

Alors bien sur, lorsque les Américains ont enfin cessé les bombardements, ils sont vite retournés aux champs pour reprendre une vie normale, cultiver leurs parcelles et nourrir leurs familles.
Mais l'espoir d'une vie sereine n'a pas duré longtemps.
Un tiers des bombes lâchées n'ont pas explose. Elles se sont juste posées au sol, ont été enfouies aux saisons des pluies....et ressortent régulièrement.

C'était il y a 40 ans, mais encore aujourd'hui, chaque jour, une personne meurt ou est mutilée....
Un enfant trouve une jolie balle de tennis dans un champ, ou un joli jouet en forme d'ananas
Un paysan laboure une rizière
Un ado plante un piquet pour attacher sont buffle
Une maman glisse dans la boue en allant se laver à la rivière

Un mort, une mutilée, un veuf, des orphelins...

Malgré les efforts de deux ONG qui déminent sans relâche et qui éduquent les enfants, les accidents sont quotidiens. Les explications délivrées aux enfants des villages ne les empêchent pas toujours de ramasser les bombies, voire de jouer avec, de les lancer dans les champs pour les faire exploser.
Dans certains villages, les carcasses de bombes ont été utilisées dans la construction des maisons, cela en fait des objets quotidiens, pas de quoi s'effrayer puisque c'est un objet de la vie quotidienne.

Certains villages sont déminés plusieurs fois par an, car au gré des saisons, les bombes remontent à la surface, et un passage sur peut se révéler dangereux du jour au lendemain juste parce qu'il a plu.


Ce n'est pas un jouet cette petite balle, mais une bombie !
D'autre part, les villageois n'ont à leur disposition que de petites parcelles sécurisées, cela n'est pas toujours suffisant pour nourrir les familles, ils continuent donc à collecter les bombes pour revendre le métal au poids...ce qui est souvent fatal.

Au rythme actuel, on estime qu'il faudra encore 150 ans pour éliminer toutes ces bombes et ces mines.

C'était il y a 40 ans, mais l'enfer c'est encore aujourd'hui.

Et ce n'est pas tout.

Dans ces régions du Nord Est du Laos, à la même époque, la CIA a recrute des Hmongs. Mal-aimés des gouvernements Laotien et Vietnamien, ils avaient déjà combattu au coté des Français du temps de l'Indochine ( les montagnards comme ils se nomment encore aujourd'hui), la CIA les a enrôlés en leur disant que les Viets allaient leur prendre leurs terres et que s'ils combattaient au coté des Américains, ils obtiendraient l'autonomie.
La CIA leur a donc fournit des armes et un entraînement rudimentaire et les a utilisés pour combattre les communistes sur le terrain pendant que l'aviation bombardait sans relâche.

Lorsque. enfin, cette affreuse guerre du Vietnam fut terminée, les américains sont rentrés chez eux.
Mais les Hmongs, eux, sont restés, ils n'ont jamais obtenu l'autonomie promise, et seuls quelque chanceux ont réussi à sortir du pays avant que le nouveau gouvernement communiste s'attaque à les éradiquer.
Et depuis, ils sont persécutés par le gouvernement Laotien qui les considère comme des traîtres.
La plupart des combattants de l'époque sont morts maintenant, mais leurs enfants, leurs petits enfants continuent de payer le prix de leur soutien aux américains. Ils vivent dans la jungle, ils se terrent, poursuivis et tués par l'armée du Laos.

Le monde a vite oublié ces vaillants guerriers.

C'était il y a 40 ans, eux n'ont pas oublié.

Pour ceux que ça intéresse, voici un reportage d'envoyé spécial  ( de 2005, mais toujours d'actualité) sur ces Hmong cachés dans la jungle: http://www.youtube.com/watch?v=CNu9pUyJg2I

En 2009, nombre de ces Hmongs qui s'étaient réfugiés en Thailande ont été rapatriés de force, expulsés vers leur pays d'origine; Le Laos. Combien sont encore vivants?
Un article de MSF: http://www.msf.fr/actualite/articles/quand-msf-denoncait-rapatriement-force-hmongs-vers-laos

Article Wikipedia avec références: http://fr.wikipedia.org/wiki/Conflit_hmong

En 2011, un ancien d'Indochine se suicide pour dénoncer le génocide des Hmongs http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/cotesarmor/dinan-un-ancien-d-indochine-se-suicide-pour-le-peuple-hmong-13-12-2011-1532080.php



Comment j'ai découvert tout ça ?
Lorsque j'arrive à Xam Neua, à l'extrême Est du pays, c'est la fête. Il y a des drapeaux partout, le drapeau Laotien et le drapeau rouge, faucille et marteau...bien sur !
À la tombée du jour, dans les rues, les gens ripaillent et je suis invitée plusieurs fois. Le niveau d'anglais de mes hôtes n'est pas vraiment à la hauteur, et il me faut un moment avant d'apprendre le pourquoi de la fête:
On fête l'indépendance de la région.
60 ans...rapide calcul, ça nous ramène en 1953....ils fêtent la défaite des Français !
Bon, je me sens un peu mal à l'aise...mais les gens ne m'en veulent pas d'être Française, et ils m'invitent à les accompagner au spectacle qui a lieu un peu plus tard.


Un spectacle "soviet style" pour les 60 ans de la libération
Et c'est là, devant un spectacle de style extra soviétique, que je suis abordée par un jeune qui veut pratiquer son anglais. Il est Hmong, comme beaucoup de gens dans cette région.
Il me demande si il y a des Hmongs dans la ville où j'habite.
" je ne sais pas", "pourquoi?"
"parce que beaucoup de Hmong sont partis à l'étranger"
" ah, pourquoi?"
Silence.
On change de conversation, où as tu appris l'anglais, quel âge as tu, quel genre de musique tu aimes...un peu toujours les mêmes questions qui reviennent lorsque je bavarde avec des étudiants en anglais....
...de quel village est ta famille?
Re-silence.
Puis:
Pas de village, ma famille vit dans la jungle, problèmes avec les américains...moi j'étudie dans un temple.
Il me quitte rapidement, je n'en saurais pas plus ce soir là.
Mais je suis intriguée, je fais des recherches sur internet, et je découvre pas mal de documents. Par la suite, j'ai plusieurs fois essayé d'avoir plus d'info sur ces Hmongs , mais c'est quasiment motus et bouche cousue...une seule fois, quelqu'un m'a dit: "jungle Hmong very bad people".

Le commentaire venant d'un Hmong, j'y ai vu la marque de la propagande et du prix à payer pour les Hmong qui veulent vivre en paix dans le pays.

Voila, le Laos est une destination touristique "qui monte", et si, comme partout en Asie, ce qu'on voit d'abord, ce sont les sourires, comme partout en Asie, on ne sait pas toujours ce qu'ils cachent.







 

dimanche 12 mai 2013

Qu'est-ce qu'on mange au Laos ?

Mes amis Julie et Stephane qui ne se connaissent poutant pas sont tous les deux, gourmands et curieux, ils me demandent toujours ce que je mange, je promets toujours de leur raconter, mais je le fais rarement....c'est pour leur bien, pour ne pas leur mettre l'eau à la bouche avec des plats que, de toute façon, ils ne trouveront pas en Europe ! ;-))
Mais, de temps en temps, je fais une exception...

Alors, qu'est-ce qu'on mange au Laos ?


mon petit déjeuner préféré
D'abord, le petit déjeuner: comme partout en Asie, c'est soupe de nouilles quasiment tous les matins: nouilles de riz, légumes, des petits morceaux de poulet, de porc ou de boeuf ou boulettes de viande, mais parfois seulement un peu de gras ou un peu de sang coagulé. C'est la surprise à chaque fois !

Elle est servie avec une assiette de verdure: des herbes (menthe, basilic et d'autres dont je ne connais pas le nom), des feuilles de salade, parfois des haricots verts (crus), des quartiers de citron vert, des petits piments, des pousses de soja...c'est selon l'endroit et la région où l'on mange. Il y a parfois un peu de tout, parfois seulement un ou deux ingrédients.

Avant de déguster, on rajoute donc dans sa soupe autant de verdure qu'on le souhaite, ainsi que différents assaisonnements qui sont toujours sur la table: piment en poudre ou en pâte, vinaigre de riz, sauce de poisson, pâte de poisson fermenté....

On mange ça avec des baguettes dans la main droite et une cuillère plate et large mais très courte (le manche fait environ 5 ou 6 cm) dans la main gauche.

Pour les autres repas, la base, c'est le riz.

Riz collant, brochettes de porc et légumes marinés,
servis dans des feuilles de bananier
Ici on mange du riz collant. Il n'est pas gluant comme le riz des suchi du Japon. Les grains sont agglutinés les uns aux autres, mais ils restent croquants, on n'a pas l'impression de manger une bouillie de riz.
Les paniers à riz, les plus petits
 pour les portions individuelles
 
Pour préparer le riz collant, il faut le faire tremper la veille. Ensuite, on le cuit à la vapeur (généralement le matin), puis on le garde dans des récipients en bambou pour tous les repas de la journée. Ceux qui vont travailler aux champs ou sur les chantiers, emmènent leur petit panier de riz pour leur déjeuner. On le mange donc aussi bien chaud que froid: on pioche un peu de riz dans le plat commun ( ou dans son propre petit panier), et on le malaxe pour en faire une boulette que l'on trempe dans une sauce (très) pimentée.

Avec le riz, on mange des brochettes de viande ou de poisson cuites sur des petit braseros un peu partout au coin des rues. ou devant la maison....quand on en a les moyens. Car, pour beaucoup, c'est riz avec sauce et c'est tout.

Les poissons de rivière sont délicieux, mais ils sont cuits entiers, tels quels, pas écaillés, pas vidés, on passe donc un temps fou à faire le tri entre ce qui est bon ou pas....trop fatigant pour moi, j'en mange rarement.

la salade de papaye verte est écrasée au pilon pour attendrir
le fruit et l'imprégner de piment
Parmi mes pêchers mignons:

Le laap, c'est une salade de viande et d'herbes. un régal !

La salade de papaye verte, j'adore ! ( attention, c'est super épicé)

La viande séchée.  Rouge à l'intérieur (car crue, bien sur) et noire à l'extérieur car les morceaux sont marinés dans un mélange de piments, d'épices et de sucre avant d'être séchés au soleil, le goût diffère dans chaque ville ou village, mais c'est d'ajour un pur délice !

Le riz violet.
le riz violet dans son bambou
C'est un riz collant aussi, généralement cuit dans des bambous. Il est naturellement violet, ce n'est pas du colorant ! et il a un petit goût de noisette. je m'achète souvent ça comme encas pour mes trajets par exemple.

Comme encas, j'adore aussi les mangues vertes (pas mures). On les achète épluchées et découpées, servies avec un petit sachet d'un mélange de sel et de piment. Il ne reste plus qu'a tremper une lamelle de mangue dedans et de déguster. miam !






Et qu'est-ce qu'on boit avec tout ça ?
Du lao-lao.
C'est un alcool de riz souvent très fort. Les recettes varient, et si le lao-lao de base est transparent, les herbes ou racines qu'on y rajoute peuvent lui donner une couleur variant du jaune au brun  au rouge vif.
 Le goût lui, va de médicamenteux à "alcool à brûler". Le lao-lao se présente toujours dans des bouteilles de récupération, souvent des petites bouteilles d'eau, ce qui peut être trompeur.

Dans la journée, on boit le lao-lao dans le bouchon de la bouteille ( bon, ça va, c'est pas une grande rasade), chacun son tour. quand tout le monde a bu, on recommence car il n'est pas possible de ne boire qu'une fois, ça porte malheur !


3 lao-lao différents, celui de gauche n'était
pas mal.
Le soir, entre amis, ils boivent dans des verres, les doses sont donc plus importantes, et se lancent des défis: un convive rempli un verre, il montre bien le niveau d'alcool à tout le monde et le boit cul-sec. Ensuite, il re-rempli le verre, montre bien à tout le monde que c'est le même niveau, et le tend à celui qu'il a défié et qui doit, à son tour, boire cul-sec.
Comme on doit toujours boire deux fois le lao-lao, ils recommencent aussitôt, avant qu'un autre ne lance un nouveau défi.
Autant vous dire que l'état des convives est souvent assez ...titubant. Je décline toujours le lao-lao, sauf lorsqu'on m'offre un demi bouchon (enfin...deux)

Les laotiens boivent aussi de la bière: la beerlao, une bière blonde qui désaltère bien. Ici, c'est pas chacun sa bière et on boit à son rythme, non ! on vous sert un grand verre rempli à raz bord et vous devez le boire rapidement car les autres attendent le verre pour boire à leur tour vu qu'on ne met que deux ou trois verres sur la table si on est 8 ou 9 personnes.

les oeufs roses
Donc, là aussi, je me méfie et je refuse souvent de boire, car, avec la chaleur, même si la bière n'est pas très forte, boire vite, ça tourne rapidement la tête.

Voila ! vous avez un petit aperçu de ce qu'on mange (et boit) au Laos.

Je finirai juste avec ce que je n'ai pas eu l'occasion de goûter.

Lorsque je suis arrivée au Laos, au sud, partout sur les marchés, il y avait des oeufs roses !
Ce sont des oeufs crus, et je m'étais promis d'essayer, j'aurai du le faire tout de suite car, après mon accident,  je suis partie vers le nord où il n'y avait plus du tout d'oeufs roses... dommage.

des écureuils à coté des poulets

Bon, plus d'oeufs roses, mais plein de bestioles bizarres sur les étals du nord du Laos.
Des écureuils, des rats, des ragondins, des oiseaux de toutes tailles, des grenouilles séchées, et d'autres que je n'ai pas pu identifier.
Le mystère reste entier concernant ce quartier d'animal (photo ci dessous). Le morceau fait environ 50cm de long (et ce n'est qu'un morceau !), la queue ressemble à celle d'un rat, je n'arrive pas à imaginer de quel animal il s'agit.
je me demande bien ce que c'est
oiseaux en brochettes et rat (ou écureuil, suis pas sure...)au bbq !























Ce ne sont pas des plats que j'ai envie de goûter toute seule dans mon coin, si, à l'occasion d'une rencontre, on m'en avait proposé, j'aurai volontiers goûté, mais ça ne s'est pas produit, donc je ne peux pas vous en parler plus.