vendredi 22 mars 2013

Le " far-est" cambodgien avant destruction totale?

Rouge

Couleur Cambodge
C'est la couleur du Cambodge. Non, pas à cause du communisme, mais pour la couleur de la terre. 
Cette terre couleur brique, qui en cette saison sèche recouvre tout et donne des paysages d'automne est présente partout dans le pays.
non, non, c'est pas l'automne,
Les feuilles sont bien vertes
....sous la poussière
Mon sac est chargé, je vais pouvoir
 m'installer dessus
En partant vers le nord-est, les routes sont de moins en moins goudronnées et les moyens de transport sont rares. Alors, après avoir voyagé assise sur mon sac à dos, agrippée aux cordes pour ne pas tomber de la plate forme à l'arrière du mini van bondé (j'ai compté 25 personnes à l'intérieur - pour 12 places- plus 3 dans le coffre et 3 avec moi sur la plate forme), je n'ai pas eu besoin d'auto-bronzant....je suis rouge de la tête aux pieds !

police administrative
Première étape dans l'est: Sen Monorom, la capitale du Mondolkiri. Le ton est donné par le bâtiment de la police administrative de la province....Une des provinces les plus reculées du pays, sa capitale est une toute petite ville perdue au milieu des hauts plateaux couverts de jungle.
Couverts de jungle?
Plus pour longtemps.

les "routes" qui défigurent la région
désolation des forets rasées
En explorant la région (à vélo = de plus en plus de poussière), c'est un spectacle de désolation que je découvre peu à peu. Des collines entières sont devenues des monts pelés, les arbres ont disparus. La région est pillée. Le gouvernement brade les concessions à tour de bras à des sociétés étrangères qui coupent les arbres sans discernement et sans reforestation. Autant dire  que, sans re-plantation, dans quelques années, il ne restera plus rien de ces forets.
De grandes routes de terre ont été ouvertes pour laisser passer les camions qui achemineront le bois directement vers le Vietnam ou la Chine.
Les quelques villages traditionnels qui restent sont peu à peu désertés. Les habitants de ces villages se nourrissent des plantes de la foret et des animaux qu'ils chassent.

Plus de foret, plus de moyen de subsistance. Les hommes sont partis tenter leur chance un peu plus au nord dans les mines d'or, mais là aussi, ces terres ont été concédées à des sociétés étrangères et les mines artisanales sont en voie de disparition. C'est un jeune Khmer qui m'explique cela, car je n'ai pas pu visiter ces mines, la région étant en plein travaux dus justement aux installations de nouvelles infrastructures minières, l'accès était impossible.

Les montagnards ( la petite bouteille d'eau contient, en fait,
de l'alcool de riz)
J'ai donc surtout vu des femmes et des enfants dans ces villages. Une seule fois j'y ai rencontré des hommes. 10 heures du matin, ils sont attablés devant une tasse d'alcool de riz, et, vraisemblablement, ce n'est pas la première...Ils m'invitent à leur table et essaient de m'expliquer plein de choses.... Je regrette vraiment de ne pas avoir d'interprète mais quand je leur dit que je suis baraing (française),ils me font comprendre qu'il sont: Montagnard. En français. Ils sont bien trop jeunes pour avoir appris le français lors de la colonisation, et c'est le seul mot qu'ils connaissent. Ils me miment la marche, la chasse ( ou la guerre, je ne sais pas trop) et se tapent la poitrine en répétant: Montagnard, montagnard, ils ont l'air très fiers de cette appellation.
Je suis bien déçue de ne pas pouvoir communiquer plus avec ces hommes, et je suis bien triste de les voir ainsi désoeuvrés.Je ne peux pas m'empêcher de penser aux aborigènes d'Australie qui, parce qu'on a détruit leur habitat et mode de vie traditionnels sont, pour beaucoup, des alcooliques qui hantent les banlieues des grandes villes, incapables de s'adapter à la vie moderne et incapables de retrouver leurs traditions, un peu comme des fantômes entre deux mondes. Ces hommes finiront-ils comme eux ?


Changement de paysage
au bord du Mekong
Je quitte le Mondolkiri pour le Ratanakiri, plus au nord. Sur les cartes, il y a une route, mais en fait cette route non entretenue depuis des années n'est plus qu'une simple piste à peine praticable par les chars à boeufs. C'est donc après un grand détour par les bords du Mekong que j'arrive à destination.

cool à la boucherie...pied de nez au cochon !







Ban Lung, capitale de cette province, contrairement à Sen Monorom, est une petite ville plus moderne: il y a plusieurs rues goudronnées et un marché plus animé....enfin, animé entre deux siestes ;-)

Je vois d'ici les questions que certains se posent: mais pourquoi va-t-elle se perdre dans des endroits pareils?...

Lorsque j'étais au Vietnam, dans les hauts plateaux, je n'ai pas pu, pour des raisons de logistique, aller visiter les quelques villages Jarai de la région, mais je m'étais promis d'aller visiter ceux de l'autre cote de la frontière, pour découvrir leurs cimetières si particuliers.


besoin de motodop?
 y'a qu'a choisir
Ici, comme dans de nombreuses autres villes du Cambodge, à la saison sèche, il n'y a pas beaucoup de travail. Pour beaucoup, l'activité se résume donc à faire le taxi...moto taxi, ou motodop comme on les appelle ici. Les hommes attendent donc, perchés sur leurs engins, un éventuel client.

J'ai du choix...encore faut-il trouver un chauffeur qui parle un peu d'anglais pour arriver à lui faire comprendre où je veux aller. Pas si simple. Il y a quelques touristes dans la région, mais ils vont généralement visiter les chutes d'eau ou le lac volcanique qui se trouve à proximité de la ville. Il me faut donc trouver quelqu'un qui connaît les différentes minorités de la région, c'est pas gagné...

Je trouve finalement un jeune qui veut bien m'emmener dans un village Jarai pour un prix raisonnable. 

Camion rempli de jeunes hévéas
à replanter
les cabanes des ouvriers des plantations
d'hévéas



Et c'est parti pour un nouveau périple sur les chemins rouges.
Là aussi, le triste spectacle qui s'offre à moi, c'est la déforestation. Des hectares et des hectares ont été transformés en plantations d'hévéas ou d'arbres à cajou. Les populations chassées des forets  travaillent dans les plantations pour un salaire de misère. Ils vivent maintenant dans des masures le long des routes, pas de village, pas de commerces, juste un alignement de cabanes couvertes de poussière rouge.
Une glacière...chic, on va boire frais !
Tout à coup, au bord de la route, un village légèrement plus prospère: il y a un commerce et même de la glace livrée depuis Ban Lung...si, si, regardez bien sur la photo de droite.On voit la glacière orange, c'est dans tout le pays, le signe que vous pouvez trouver des boissons fraîches et même parfois, de la glace à vendre. À part dans les grandes villes, il n'y a pas de réfrigérateurs ici, contrairement au Vietnam ou c'est un objet courant.
Bref, un village avec glacière c'est déjà un village riche.


un puits de mine











fouiller la terre à mains nues
Ici c'est le centre de tri, de pesée et de commerce du zircon sorti des "mines" des alentours, le village des "chefs" qui achètent les pierres aux mineurs. On ne s'arrête pas dans ce lieu car mon chauffeur m'explique que ce n'est pas un endroit sur, les visiteurs ne sont pas les bienvenus. Par contre, il me dépose aux "mines".




Le mineur, au fond
De simples trous à peine assez large pour qu'un homme y descende, desquels on remonte des seaux de terre qui sera fouillée à la main, sans tamis, pour trouver les précieux cailloux. Il fait une chaleur accablante à l'extérieur, je n'ose imaginer l'enfer au fond des trous, les hommes se relaient, une heure au fond, une heure en haut pour remonter les seaux.

Zircon bleu
S'ils ont de la chance, ils trouveront des pierres qui deviendront bleues une fois chauffées, ce sont les plus précieuses, celles qui rapporte de quoi vivre mieux.

Les autres pierres, celles qui deviendront jaunes ou resteront brunes ne seront pas payées....Bien que je soupçonne les "chefs" de les revendre quand même, pour leur seul bénéfice. Sur la photo de droite, les pierres brutes dans le petit godet, et les pierres bleues(chauffées et taillées).

femmes et enfants Kreung
On reprend la route, pour s'arrêter dans un village ou je suis accueillie par des femmes et une nuée d'enfants....Sauf que ce n'est pas un village Jarai, ce sont des Kreung.
la maison commune
D'autre part, c'est jour de mariage, ou plutôt lendemain de mariage, où sont les hommes ? ils cuvent l'alcool de riz qui a été consommé en (très) grande quantité depuis 3 jours. Ils dorment dans la grande maison commune.
Bon...c'est donc là que je m'aperçois que le jeune homme qui m'a amenée ici ne fait pas de différence entre les minorités, pour lui, ils ne sont pas Khmers et c'est tout !
Il ne peut pas m'amener voir les Jarai car, contrairement à ce qu'il m'avait dit, il ne sait pas où ils sont :-(
Heureusement, quelques hommes du villages sortent de leur torpeur, sans doute intrigués par la visite d'une étrangère, et après de longues et difficiles explications, l'un d'eux propose m'emmener voir un cimetière Jarai, pas très loin dans la jungle, me dit-il, en échange de mes cigarettes. Ok, je change de monture et on repart, pour s'arrêter 500m plus loin....
Je commence à me demander si j'y arriverai un jour...mais je suis agréablement surprise d'être accueillie ici par Reaxa, un Kreung qui parle anglais. C'est finalement lui qui m'emmène au cimetière et qui m'explique les rites de ses voisins Jarai.
les effets personnels du défunt







Ils construisent une petite maison de bois dans laquelle le mort est enterre.dans la cabane, on dépose tout ce qu'il possède: vêtements, vaisselle, paniers outils, et même ses cigarettes ou le bouteilles avec ce qu'il reste d'alcool de riz.

femme

L'ensemble est décoré avec des statues de bois à l'effigie du défunt, ainsi que, parfois, des dessins représentant les faits marquants de sa vie. On y dépose aussi les cranes des buffles sacrifiés à l'occasion des funérailles et, enfin, on met à sa disposition un hélicoptère pour que son esprit puisse voyager facilement.

La tombe sera ensuite abandonnée jusqu'au décès d'une autre personne de la famille, qui sera enterrée au même endroit.


les tombes communes sont abandonnées
 
Il règne une atmosphère étrange dans cet endroit perdu au milieu des arbres. Certaines tombes sont en bien mauvais état, Reaxa m'explique que c'est parce que les Jarai ne reviennent jamais visiter leurs cimetières, de peur de déranger les esprits. C'est aussi pourquoi il n'y a que quelques tombes regroupées (ici seulement 8), ensuite ils choisissent un autre emplacement dans la foret, pour d'autres morts du village.

Ces cimetières sont donc, eux  aussi destinées à disparaître, en même temps que la jungle qui les entoure.

Retour au village de Reaxa qui m'explique que son peuple (les Kreung), bien que n'étant pas bouddhistes, et, à la différence des Jarai, brûlent les morts.
Ils ont en commun de croire aux esprits, et ils font des sacrifices lorsqu'un membre du village est malade par exemple.

les maisons des célibataires
Il m'explique aussi les toutes petites maisons que je vois dans le village: ce sont les maisons des célibataires.
Lorsqu'une fille arrive à la puberté, on lui construit une petite maison proche de celle de la famille, où elle passera ses nuits et pourra y recevoir les garçons. Après en avoir essayé plusieurs (des garçons), elle choisira celui qu'elle aime vraiment pour l'épouser.
C'est une sorte d'éducation sexuelle grandeur nature!


J'espère que Reaxa, son village, les villages alentour et les ethnies voisines trouveront un moyen de survivre aux transformations profondes de la société et du paysage de cette merveilleuse région de Cambodge.





mercredi 13 mars 2013

Temples d'hier et d'aujourd'hui

La visite des temples d'Angkor...commence par l'arrivée dans la ville de Siem Reap, à 8 Km du site.
Une ville totalement défigurée par le tourisme. Ici, rien de Khmer. Des hôtels et des guest house, des restaurants et des bars....au menu: hamburgers, pizzas, tacos, quelques plats Cambodgiens arrangés à la sauce occidentale, servis avec des frittes par exemple....
Au lever du soleil devant Angkor Vat...Il faut jouer des coudes
pour se frayer un chemin !
Il y a ici plus d'étrangers que de Cambodgiens, il y a ceux qui ne sont là que pour 2 jours et qui vont visiter les temples au pas de course, histoire de ramener le plus de photos possibles, et il y a ceux qui traînent en ville à longueur de journée, attablés devant des litres de bière dans Pub Street.
Parmi eux, de nombreux occidentaux bedonnants accompagnés de très jeunes et jolies Cambodgiennes....oui, bien sur, tout le monde sait que l'Asie du Sud Est est une destination de tourisme sexuel, mais de le voir, là, devant moi...ça me révolte encore plus !
Le vieux marché se résume à des étals de souvenirs, de tee-shirts I love Cambodia, de véritables vêtements Khmers ( qui ne sont portés que par les touristes), bref, pour moi c'est l'enfer.
Je trouve une chambre à prix raisonnable, je m'installe et décide de me désaltérer d'un café dont je raffole....mais on m'amène un café chaud dans une tasse !


Embouteillage de tuk-tuk....
Qu'est-ce que c'est que ça ? Au Cambodge, personne ne boit de café chaud. Le café, très fort et très sucré est toujours servi dans un grand verre avec des glaçons et un pichet de thé âpre à coté.
Mais ici on n'est plus au Cambodge, on est à Touristland, et ils ne servent pas de café Cambodgien !

Bon, tout ça ne va pas me décourager pour la visite des temples. Je loue un vélo et je pars a 5h30 pour pédaler à la fraîche et éviter les hordes de touristes.
Ah, ah, ah.....mission impossible !


Chacun son tour pour la photo


C'est tout aussi spectaculaire à l'arrière
des sites, là où les guides ne vont pas !
Le soleil se lève à peine et il y a déjà foule ! C'est donc résignée que j'entame les visites. À Angkor, il y a 4 ou 5 temples principaux, les plus spectaculaires, les mieux conservés et rénovés, puis il y a une cinquantaine d'autres temples, plus petits, plus abîmés et surtout, plus éloignés. C;est vers ceux là que je me dirige donc pour éviter les embouteillages de tuk-tuk et leurs occupants qui se ruent pour poser devant chaque cm2 de vieille pierre désigné par leur guide. Dans certains temples, il faut carrément faire la queue pour les photos, comme à Ta Prohm, où les racines des arbres se mêlent aux vestiges. Madame prend la pose, monsieur prend son temps....pour immortaliser l'instant à l'aide d'un énorme appareil photo, puis c'est le couple suivant....Ils auront tous la même photo, ils sont bien contents, le guide les rassemble, ils partent pour le temple suivant.
Ce qu'ils n'ont pas découvert, c'est que 200m plus loin, il y a des arbres tout aussi spectaculairement mêlés aux bâtiments, et un peu plus loin, d'autres encore....mais il n'y a personne pour faire la queue et les photographier, c'est donc certainement moins intéressant !

elle a 7 ans, n'achetez pas...
et elle ira peut être à l'école
Les enfants attendent les touristes
pour vendre des fruits ou des souvenirs
Ces mêmes touristes iront ensuite acheter des souvenirs aux enfants qui courent vers eux avec leurs marchandises en toc.
"elle est trop mignonne cette petite, allez je prends deux bracelets, et puis ça aidera sa famille..."
Avez vous réfléchis, mesdames et messieurs les touristes, que plus vous achetez aux enfants, plus vous entretenez la précarité et la non éducation?
Si aucun touriste n'achète à ces enfants, ils seront inutiles dans les sites touristiques donc les parents les enverront à l'école. En achetant des babioles à ces enfants, vous les privez d'écoles !

Avez vous réfléchis, lorsque vous demandez à ces enfants de poser pour vous et que vous leur donnez un petit billet en compensation ?
Avez vous réfléchis, lorsque vous distribuez des stylos à ces enfants ?..."tiens mon petit un beau stylo français pour que tu puisse aller à l'école"....sauf que c'est plus rentable de collecter les stylos (ou tout autre don) pour les revendre ensuite plutôt que d'envoyer les enfants à l'école....Vous les privez d'éducation !

Alors voila dans quel état d'esprit j'ai visité Angkor. C'est magnifique, mais j'ai pas pu m'empêcher d'observer autant le comportement irresponsable des touristes que les sites eux même.


Sambor Prey Kuk...une atmosphère
étrange (province de Kompong Thom)
J'ai la phobie des araignées....
elle grimpe sur mon sac, je suis paralysée
Et puis, il n'y a pas qu'Angkor au Cambodge, il y a plein de temples (certains pre-angkoriens) disséminés dans tout le pays. Et là, personne !
Quelle tranquillité, et quelle joie de découvrir ces joyaux perdus au milieu de la jungle, pas de tuk-tuk, pas de cars, juste le chant des oiseaux et l'atmosphère étrange qui règne dans certains temples abandonnés. Bon, il y a aussi les araignées...mais on n'a rien sans rien,  le bonheur ça se mérite !


Stupa dorée devant le temple...
doré aussi, Battambang
les noms des donataires,
les sommes sont en US dollars
Les temples et les pagodes , ici au Cambodge, c'est du sérieux. La plupart des temples en activité ont étés détruits par les Khmers Rouges, et depuis, on reconstruit. Les temples sont construits grâce aux dons....et c'est impressionnant. Car il faut que ce soit grand, il faut que ce soit beau, il faut des statues, des colonnes, des dorures....bref, il faut que ça brille !


École dans une pagode




Les jours de cérémonies, à l'arrière des temples,
on compte les dons...des piles de billets !
Et, dans ce pays si pauvre, les dons sont nombreux, chaque somme donnée est répertoriée, listée sur de grands panneaux, ou les plus modestes côtoient les plus riches.


le réfectoire.
Les pagodes sont de grands ensembles, constitués de plusieurs bâtiments dans un grand parc. On y trouve le temple, parfois plusieurs, dédiés à des divinités différentes, les quartiers des moines qui vivent là ainsi que les novices, les salles communes pour les repas ou l'étude, les stupas, les tombes, et parfois, une école. Le temple est ouvert à tous, mais les autres bâtiments sont interdits aux femmes, les moines ne doivent pas avoir de contact avec elles. Il y a des exceptions pour les femmes âgées qui vivent dans les pagodes. C'est malgré tout un moine qui m'emmènera au réfectoire, en me demandant de me faire toute petite, il m'autorise à prendre des photos.



Il faut sans arrêt repeindre


Un gros sacrifice pour les familles
qui donnent de la viande en offrande
J'aime bien me balader dans les pagodes, c'est vivant, il y a des enfants qui jouent, des moines qui discutent ou qui nettoient, qui décorent. Il y a les croyant qui viennent faire des offrandes, il y a les vendeurs de glaces ou de fleurs ou d'oiseaux (les croyants achètent les oiseaux pour les relâcher en faisant un voeux).
Les offrandes sont constituées de nourriture. Le plus souvent du riz, des fruits, mais parfois, de la viande. Ici, on mange peu de viande, ce que vous voyez sur la photo de droite correspond à plusieurs repas pour une famille de 5 ou 6, c'est donc un vrai sacrifice !


les drapeaux pour la cérémonie
les moinillons fument ou mangent
des glaces devant le temple
Les pagodes c'est généralement des lieux de belles rencontres, comme cette fois ou je fais connaissance avec des moines, qui m'expliquent le fonctionnement des pagodes. Tous les mâles cambodgiens doivent passer un temps indéterminé dans une pagode pour apprendre les enseignements du Bouddhisme. Ça peut être quelques semaines ou quelques années, ça peut être à l'âge de 7-8 ans ou ça peut etre ay l'adolescence, c'est le jeune homme (ou sa famille) qui choisit. Certains décident de rester pour toujours, ce sont les moines. Ils vivent avec ce que les habitants du village leur donne à manger. Ils recueillent aussi les enfants abandonnés et, parfois, les personnes âgées sans famille.

 Lorsque je les rencontre, ils sont en train de décorer le temple pour la cérémonie qui aura lieu ce soir. C'est l'anniversaire de Bouddha.

Au Cambodge, la sieste c'est
pour tout le monde
la cérémonie d'anniversaire de Bouddha
Enfin, ils décorent, mais sans s'affoler hein ...on est au  Cambodge, pays de la sieste, du hamac et du temps qui passe doucement. C'est donc plutôt en train de fumer sur les marches que je fais leur connaissance. Ils fument les cigarettes qui leurs sont données par les villageois. Le principe c;est que chacun donne ce qu'il peut ou ce qu'il a sous la main, donc des cigarettes, de l'alcool, de la bière et du riz, bien sur...tout çà en plus des offrandes aux divinités qui resteront pourrir devant les statues ou seront volées par les singes ou les oiseaux, plus les dons pour construire, réparer ou agrandir les temples...ça revient cher d'être bouddhiste !







mercredi 6 mars 2013

dans la campagne du Cambodge

En s'éloignant de Phom Penh, vers l'ouest, au sud du lac Tonle Sap, les paysages ressemblent à ça:

Des rizières toutes pelées (saison sèche oblige) parsemées de très grands palmiers (la moto parait bien petite sur la photo de gauche). Pas folichon, me direz vous...sauf si on sillonne la campagne au petit matin, ou juste avant la tombée du jour. Car à ce moment là, on découvre l'activité intense qui règne autour de ces grands arbres...
Avez vous vu la silhouette le long du tronc sur la photo de gauche ?



Deux fois par jour, les hommes grimpent à l'aide d'une échelle de bambou fixée sur les troncs, tout en haut de ces palmiers, pour récolter le sucre.
Oui, ce sont des palmiers à sucre. Avec une machette, on entaille les fleurs qui vont "pleurer" du jus sucré dans des récipients en bambous (ou en plastique) suspendus dessous.




les chaudrons pour cuire le sucre
perché dans son palmier, pour la recolte
Les hommes travaillent en haut de l'arbre, en équilibre sur les branches coupantes, ils récupèrent les récipients pleins et en accrochent d'autres avant de redescendre le nectar recueillis. Le monsieur sur ces photos a 71 ans, il grimpe depuis l'âge de 17 ans et continuera de grimper tant que ses jambes peuvent se plier - c'est son expression-

seaux de sucre sur un marché de
la capitale
Le jus sera ensuite cuit dans de grands chaudrons pour obtenir une pâte brune: le sucre.Et voila ! Je sais enfin ce qu'il y a dans les seaux que je vois sur les marchés.
les "entremets"...à base de haricots
À l'état brut, son goût ressemble un peu à celui de la cassonade.


stand de gourmandises, à gauche le riz
dans les feuilles de bananiers, à droite,
les patés  de riz
Il servira à l'élaboration des desserts et des friandises....que j'ai mis un moment à identifier car ça ressemble plutôt à de la soupe... On ne peut pas vraiment appeler ça des desserts car on ne les mange pas en fin de repas, mais plutôt au cours de la journée, comme un goûter. Au rayon des sucreries, il y a aussi les petits patés de riz, souvent bourrés de colorant, des sortes de gelées de riz, et bien sur, le riz gluant dans les feuilles de bananiers.

Et ces espèces de mollusques transparents....c'est quoi?
Et bien ce sont les fruits du fameux palmier à sucre!
Voila, c'était juste un petit épisode sucré pour faire passer le goût des oeufs du post précèdent !



La campagne Cambodgienne révèle bien d'autres activités exceptionnelles.
 
14 ans...depuis 3 ans, elle passe ses
journées courbée sur l'ouvrage
Comme ces poteries. Elles sont réalisées sans tour. Au lieu de faire tourner l'ouvrage, c'est la potière qui tourne autour ! Je n'avais jamais vu ça !
Les jarres, toutes identiques,
réalisées sans tour !
Je regarde la jeune fille (elle a 14 ans) qui tourne lentement autour de la poterie, j'ai l'impression que rien ne se passe, que la forme n'évolue pas.  Puis, tout d'un coup, je me rends compte que la jarre est formée....parfaitement ronde et identique aux précédentes !
Les couvercles sont réalisés eux aussi sans tour, et ils sont parfaitement ronds et sphériques.
Quel savoir faire !


Les couvercles, bien ronds !
préparation du bûcher des poteries
















Ces poteries seront cuites non pas dans des fours, mais sur de grands brasiers: on prépare un plancher de branchages, on y pose les jarres, on recouvre d'une autre couche de branchages et de paille et on enflamme.
Mais comment contrôler la température afin que les poteries cuisent de maniéré régulière et sans éclater?
Mystère et boule de gomme....



Convoi de poteries

Au rayon poterie, dans la région, on fabrique aussi les petits braseros que l'on utilise partout pour faire la cuisine. D'ici, ils seront envoyées à travers tout le pays dans des remorques en bambou tirées par une moto.




Casser des cailloux au marteau !



















Ces activités, la production de sucre ou la poterie apporte à peine de quoi vivre à ces familles, et les enfants sont obligés de travailler très jeunes pour ramener quelques sous supplémentaires. Malgré tout, ils s'estiment heureux d'avoir un toit ou exercer leur métier. Certains n'ont pas cette chance et sont réduits à un travail harassant, qui leur permettra d'acheter un bol de riz, mais pas de se loger.

les tas de cailloux, et l'abri des femmes
C'est le cas de ces femmes qui cassent des cailloux à longueur de journée, elles n'ont pas de logement. Elles vivent sur place et dorment dans le hamac, près des grands tas de cailloux de différents calibres. Leur seul luxe: un petit toit de feuilles de palmier qui leur donne de l'ombre.



Il y a des mots du dictionnaire français qu'on connaît mais qu'on n'emploie jamais... en voici un que j'emploie, je crois, pour la premiere fois:
Dénuement
C'est le seul mot qui convient pour décrire la pauvreté absolue que je côtoie parfois dans ce pays.