lundi 30 juillet 2012

15 ème frontière

Je viens de traverser la 15 ème frontière depuis le début de mon voyage !
Me voici dans un nouveau pays... l'Ouzbekistan.

Comme à chaque fois que je passe une frontière, il me faut prendre mes repères.
Cette fois ci, ça commence avec la monnaie. En Iran et Turkmenistan, il est impossible de retirer de l'argent. Ici, c'est possible, mais il n'y a pas de distributeur, il faut aller dans une banque d'état. Là, on présente sa carte bancaire, son passeport, sa carte de "registration" et le responsable commence à remplir des papiers, puis encore d'autres papiers, puis, il va chercher du carbone, puis, re-rempli de la paperasse...
Finalement, j'ai l'argent, des dollars !
Reste plus qu'à aller les changer. Le type de la banque me dit qu'au  bazaar le taux est 50% plus intéressant que dans les changes officiels.

Me voila donc en quête du bazaar, pas toujours facile de se repérer dans une ville ou il n'y a aucun nom de rue, aucun panneau et aucun plan...
Mais j'y arrive finalement après maints détours, sous un soleil brûlant et le sac sur le dos. Au bazaar, donc, 1 dollar = 2800 sums, je change 30 dollars.....et voila le résultat: un gros paquet de billets !
La plus grosse coupure ici c'est 1000 sums (env 35 cents), mais les changeurs vous donnent aussi des billets de 500 (18 cents) ou de 200 (moins de 10 cents). Les gens utilisent des sacs en plastique en guise de porte monnaie et je fais pareil, c'est le plus pratique !

Maintenant que j'ai de quoi survivre, je peux commencer à explorer un peu les alentours. Ça commence par un besoin urgent. J'accoste une femme qui m'indique où aller, mieux, elle m'accompagne dans un coin reculé du bazaar, et c'est donc ensemble que nous nous libérons de ce que la nature nous impose....et quand je dis ensemble, c'est vraiment ensemble, il n'y a pas de portes aux toilettes...et pas de sanitaires non plus, c'est juste un trou avec 3 cloisons autour, et la cloison du milieu m'arrive à la poitrine, quand on se relève, on se fait coucou !
De quoi regretter les toilettes à la turque que j'ai fréquentées depuis des mois .....Bienvenue en Asie Centrale !

Je dois ensuite trouver un logement pour la nuit. Je trouve une guest house, les chambres sont un peu chères, mais je dormirai dehors pour une somme modique. Ici les en été les gens dorment dehors, et j'ai peu à peu pris l'habitude de faire pareil, dormir sous les étoiles, à la fraîche et se réveiller au lever du jour, c'est le pied.
Il y a une salle de bain commune que je peux utiliser et j'ai la bonne surprise d'y trouver une baignoire. Ça fait des mois maintenant que la toilette est réduite à un filet d'eau (presque toujours )froide, c'est donc avec délectation que je grimpe dans la baignoire, non pas pour prendre un bain, mais pour y faire ma lessive !
Car depuis la Georgie, je n'ai pas croisé de machine à laver. Alors, bien sur, je lave au savon dans les petits lavabos, mais là, je vais pouvoir laver à grande eau, à l'eau chaude et bien piétiner mon linge....aussi bien qu'à la machine !
Vu la couleur de l'eau, il était temps que je lave...

Après ces premières étapes terre-à-terre, il me faut dénicher une carte routière pour commencer à planifier un peu mon séjour. Comme j'avance sans guide de voyage, une carte est essentielle pour se situer et trouver les endroits intéressants que l'on m'indique. C'est aussi important car pour faire du stop, je dois d'abord sortir des agglomérations, traverser les banlieues afin de me retrouver sur la bonne route. Sans carte, c'est vraiment galère !
Mais ici comme dans le Caucase, pas moyen de trouver une carte ! bon, je griffonne les principales villes et les grands axes que je trouve sur google maps dans mon petit carnet, il faudra que ça suffise pour le moment.

Et voila, vous avez un aperçu d'un premier jour dans un nouveau pays, c'est à peu près toujours la même chose, avant de profiter, je dois m'adapter!

samedi 28 juillet 2012

La porte de l'enfer, Turkmenistan, suite

Lorsque j'attendais mon visa Turkmene en Iran, j'ai rencontré Moss, un photographe Neo-Zelandais. Il s'est vu refuser un visa touristique par deux fois  les années précédentes et s'est résolu à demander finalement un visa de transit car il veut absolument photographier la porte de l'enfer.
Ça tombe bien, c'est là que je veux aller aussi. On décide donc qu'on fera le chemin ensemble. Il loue un 4x4 avec chauffeur ( impossible de louer une voiture sans chauffeur, c'est une façon de surveiller où on va....), et hop, c'est pas vraiment du stop mais au moins je suis sure d'arriver où je veux.


on fait la course ?
Nous quittons donc la capitale par une large route qui s'enfonce directement dans le désert. Il n'y a pas de transition: des que les plantations de la capitale s'arrêtent, il n'y a plus, devant nous, que du sable.
Les 6 voies impeccables à la sortie de la ville se réduisent à 2 voies en très mauvais état.

de la paille pour retenir les dunes
La route est peu fréquentée et c'est tant mieux car on roule plus souvent à gauche qu'à droite pour éviter les trous, les bosses, le goudron fondu....Le paysage est assez monotone, juste ponctué de barrières de paille pour retenir le sable....sinon la route serait rapidement ensablée.
Les chameaux s'approprient parfois la chaussée et nous forcent à rouler du cote le plus abîmé...n'ont aucun respect !



réservoir d'eau
les yourtes sont toujours là....à cote des maisons
Mmmm....y'a bon les dechets !












Arrêt carburant dans un village de nomades sédentarisées. Ils vivent des l'élevage de chameaux, au milieu de nulle part.....On les a forcés à habiter là, ils ont des maisons, mais il y a une yourte devant chaque habitation....difficile d'abandonner son héritage culturel !


Malheureusement sédentarisation rime avec pollution....

















Mais le lait des chamelles est quand même délicieux.

Nous n'avons pas le temps de nous attarder ...nous devons arriver à destination avant la nuit. C'est dommage, j'aurai bien aiméerester un  peu ici et pouvoir en apprendre plus sur ce village et ses habitants.

Nous reprenons donc la route, sous un soleil de plomb, il fait très très chaud !
Nous croisons le village de Darvaza, ou, plutôt, l'emplacement de l'ancien village de Darvaza: il y a quelques années, le président en visite dans le désert l'a trouve trop délabré à son goût. Plutôt que d'aider la population à le restaurer, il a ordonné sa destruction.
Quelques jours plus tard, une armada de bulldozers arrive et détruit tout, mais tout !
il  ne reste rien ! même pas un tas de cailloux......complètement rasée, du jour au lendemain et sans préavis. Comme quoi les délires du président ne touchent pas que la capitale !


du sable, encore du sable !
Encore des km de route, puis c'est la piste....
Et nous arrivons enfin aux portes de l'enfer.


En 1971, on est encore à l'ere sovietique, une équipe d'ingénieurs décide de faire quelques sondages afin de trouver de nouvelles nappes de gaz (principale richesse du pays) et perce accidentellement une cavité souterraine.
Le sol s'effondre formant un cratère et le gaz commence à s'échapper. Il est alors décidé d'enflammer le gaz afin d'éviter les risques d'explosion et de pollution.    On estime à ce moment là que cette torche géante devrait brûler quelques semaines.....
Ça fait 40 ans et ça brûle toujours ! bienvenue à la porte de l'enfer !



La chaleur du désert est déjà importante, mais des qu'on s'approche du cratère....c'est un peu comme lorsque qu'on ouvre la porte d'un four, mais en puissance 1000 !


Moss au bord du précipice, ça vous donne une idée de la taille
de la fournaise: env 50 m de long sur 30m de large

Lorsqu'on s'approche des bords du gouffre, la chaleur est telle qu'on a l'impression que nos vêtements s'enflamment....obligés de reculer !



au lever du soleil
Nous profitons du crépuscule et du début de nuit pour prendre des photos puis nous bivouaquons. Repos bien mérité après cette journée épuisante dans le désert, dans la tente je dors à même le sol car je ne transporte pas de tapis de sol. L'air se rafraîchi en cours de nuit, je suis obligée de me couvrir, mais le sol, lui, restitue la chaleur emmagasinée le jour, j'ai le dos en sueur !....c'est une sensation bizarre.
Réveil à 4 heures pour profiter du lever du soleil, en suite Moss retourne vers le sud alors que je dois continuer vers le nord. Il me laisse donc à 6 heures du mat' au milieu du désert...



paperasse pour la livraison
 de gravier
Il ne fait pas encore trop chaud, je m'apprête à attendre, mais le premier camion qui passe s'arrête. 10 minutes d'attente, même pas le temps de profiter du petit matin, allez c'est parti pour encore environ 700 Km de désert.
Le camion transporte des graviers pour construire la nouvelle route. On s'arrêtera donc pour de la paperasse....au milieu de nulle part, dans une espèce de roulotte, ou les papiers sont remplis à la main, avec du papier carbone, sur une valise en carton qui fait office de bureau. Pendant ce temps, je  bois du thé avec mes chauffeurs.
En avançant vers le nord, peu à peu le désert laisse place à la verdure.
Ce sont les champs de coton qui, à grand renfort d'irrigation, s'étendent sur des kilomètres carres.

pause thé sur la route
Mon chauffeur me laissera au premier carrefour. Et oui, après 1300 km de sable, enfin un carrefour !
C'est vraiment de ça qu'il s'agit, un carrefour avec un poste de police et c'est tout. Malgré tout, c'est un point névralgique des transports dans le pays, et je me retrouve avec une dizaines d'autres personnes sur le bord de la route à attendre un véhicule.
En fait, les gens ne font pas vraiment du stop, ils payent leur trajet. Quand une voiture s'arrête (c'est rare) c'est la ruée et chacun essaie de négocier les tarifs....


Je ne suis pas seule
à attendre...
Autant dire que je n'ai aucune chance, en ne parlant pas la langue. Après 2 heures d'attente, je change de tactique, remets mon sac sur le dos,de manière à ne pas perdre de temps à le ramasser, et lorsqu'une voiture stoppe, je me précipite, ouvre la portière et monte dans le véhicule. On négociera après !
Ça se révélera être la bonne tactique, je suis de nouveau en route !

Il me reste encore environ 100 km avant la frontière Ouzbek. Le poste frontière où je vais me présenter n'est pas celui qui est noté sur mon visa, mais ce n'est que mon 4eme jour au Turkmenistant, si je suis refusée à la frontière, j'ai encore un jour pour essayer une autre sortie plus à l'Est.
Finalement, tout se passe bien, je rejoins la frontière en quelques heures et je traverse sans encombre.
Adieu le Turkmenistan.

mercredi 25 juillet 2012

Ashkabat, on en rit ou on en pleure ?

nouvelle copine à la sortie
du poste de douane
Passage de frontière sans problème entre l'Iran et le Turkmenistan, juste de longues heures d'attente. . Il y a surtout des femmes Turkmène dans le poste de douane, elles transportent des tapis, des tissus et tout un tas d'autre marchandises dans de grands sacs. Elles ont des robes traditionnelles et des foulards colorés, ça change des tenues noires, marron, grises ou beiges de l'Iran !
Elles sont bien curieuses de voir une Européenne seule à la frontière, m'offrent des friandises et m'apprennent mon premier mot Turkmène: Khavach = attendre !

Une fois de l'autre cotée, j'enlève mon foulard et j'allume une cigarette, deux choses que je ne pouvais pas faire en Iran.

Les femmes sont toutes
en robes traditionnelles
Sauf qu'il est interdit de fumer...dehors!
Bienvenue dans la dictature du Turkmenistan !

Je me dirige ensuite à pieds vers ce qui semble être la route vers la capitale, je me fais refouler par un militaire qui met ses deux bras en croix, on ne passe pas !

??????????
taxi, taxi me dit il en me montrant un endroit un peu plus loin. Je n'ai aucune envie de prendre un taxi, mais je n'ai pas le choix, il faut prendre la navette/taxi, qui nous emmène à travers les 30 Km de no man's land désertique, jusqu'à un check point ou il faut encore faire vérifier les passeports....

Arrivée en ville
De là, une autre voiture(un taxi partagé) part vers la ville.

On m'avait parlé d'Ashkabat, c'est pour ça que je voulais absolument voir cette ville, mais je suis, malgré tout, complètement abasourdie par ce que je découvre.
D'abord un portique immense sur l'autoroute à 6 voies (complètement vide de voitures, sauf la notre) pour marquer l'entrée de la capitale.


Video à la gloire
du président et
feu rouge assorti
Des immeubles bien alignés le long des avenues extra larges, des plantations de sapins (on est en plein milieu du désert, il fait 45 degrés), des panneaux lumineux à la gloire du gouvernement, des feux rouges tarabiscotés (toujours en blanc et doré), des bâtiments à coupoles (dorées, bien sur), ou carrément futuristes.....des pyramides, des tours, des arches, des cubes, un téléphérique, une fête foraine immense....



C'est grand, ........
C'est blanc, tous les bâtiments sont en marbre!
Et c'est doré, surtout les statues !....du président, bien sur.....qui d'autre ?





Et c'est vide ! Les rues sont larges comme des boulevards, et les boulevards comme des autoroutes. Le moindre square ressemble aux jardins du trocadero et on pourrai faire décoller les avions sur les places du centre ville.
Le tout sans passants, sans promeneurs, juste des policiers et des militaires.........il y en a à chaque coin de rue, ils surveillent !

des rues vides
Il est interdit de photographier les bâtiments officiels. Ok, c'est noté. Je   suis vigilante, des que je vois le mot ministère, je m'éloigne....mais je suis quand même interpellée par un garde en faction, il veut voir mes photos.....et hop, il efface tout ! Pas le temps de discuter! zut!
Je continue ma ballade, vers un groupe d'immeubles, un nouveau garde met ses bras en croix devant moi: interdit d'aller par là....bon....

des immeubles comme des
pièces montées
Plus loin, joli bâtiment avec ses coupoles dorées, je m'approche, prend une photo, pas le temps de ranger l'appareil que je me fais de nouveau arrêter....photos interdites!
Allez ! un militaire efface à nouveau mes photos....
L'ambiance est donc totalement surréaliste. Non seulement la ville ressemble à un décor de carton pâte, tout ce blanc sous un soleil de plomb, ça a vraiment un air faux, et les seules personnes que l'on croise sont des policiers/militaires (pas su faire la différence).


Fontaine, coupoles et sapins
en plein désert
Ici, pas de palmiers, mais des sapins, des platanes, des fontaines et des parterres fleuris entretenus grâce à l'eau détournée de l'Amou Darya  (et donc de la mer d'Aral) grâce au plus long canal d'irrigation du monde: il traverse 1200 Km de désert!


Ici, l'essence coûte 20 centimes le litre, mais il n'y a que peu de voitures dans les rues.

Ici les magasins d'alimentation sont à moitie vides, peu de marchandises et pas de clients.
on lave à grande eau...


passage piétons sans piétons...
mais ça brille !
C'est propre, ça brille comme un sou neuf, des femmes balaient les rues à longueur de journée... bon ça fait un peu d'animation dans les rues vides et ça lutte un peu contre les 60% de chômage !


Le président est sur tous les
bâtiments ou presque


Le président précédant avait fait ériger une statue d'une trentaine de mètres à son effigie, posée sur un socle tournant, son visage devait être en permanence face au soleil.
Son successeur (actuel président) l'a fait détruire, son projet à lui, c'est de construire un parc aquatique au milieu du désert.......


Ça pourrait presque être risible si tout ceci ne s'accompagnait d'un régime dictatorial sévère:


                                                           - Pas de parti d'opposition
- Pas de liberté de la presse, deux journaux seulement avec le président en première page chaque jour.
- Disparitions de détenus politiques
- Couvre feu à 23 heures
- Très peu d'accès internet et forte censure


Personne ne parle de ce pays car c'est un fournisseur de pétrole et de gaz important et que son statut de pays neutre fait que les puissances occidentales ferment plus ou moins les yeux sur le manque de libertés et de droits de l'homme....honte à nous !

Sans compter que tout cet argent dépensé pour construire cette ville profite à certains....qui ferment les yeux aussi !
(J'ai rien contre cette entreprise en particulier...j'ai aussi vu pas mal de panneaux "Bouygues" aussi).


portrait géant du président à la sortie de la ville
Je quitte cette ville complètement délirante, et megalomaniaque par ce portique démesuré.
Notez sur la gauche de la photo, il y a un palmier. Il est en métal. Si, si, regardez bien.....Le palmier pourrait pousser ici sans trop d'irrigation, mais on préfère des espèces des pays tempérés et on mets quelques faux palmiers pour faire joli!
Quand je vous dit que c'est du délire !



mercredi 18 juillet 2012

Derniers jours en Iran

J'entame la dernière partie de mon séjour en Iran, direction Gorgan, au nord est, pas loin de la mer Caspienne.
Les paysages défilent, passent du plat semi désertique à la montagne  humide et bien verte. La végétation devient luxuriante, quel changement en quelques heures !
Ça change du désert !
La température est toujours aux alentours de 35 degrés, mais avec l'humidité, même sans bouger, on est trempés, c'est très désagréable, et je regrette déjà les 45 degrés bien secs du sud !

Grace à une pane de bus (encore une !), j'arrive à Gorgan à la nuit tombée. Je me retrouve en  banlieue, sans plan, pas grand monde aux alentours....Je monte dans un taxi, direction centre ville, ou du moins, c'est ce que je demande. Le taxi file, sur une route à double voie, je vois les lumières de la ville, mais elles ne se rapprochent pas ! J'essaye d'alerter mon chauffeur, il ne parle pas un mot d'anglais...la conversation tourne court....on arrive enfin quelque part, c'est un hôtel ! Oui, mais un trois étoiles ! Je proteste,je n'ai pas demande à venir ici ! le chauffeur ne veut rien comprendre, il veut que je paye ! 300 000 rials !  environ 12 euros, c'est une somme importante ici ( ce que je comptais payer pour une nuit ), et je suis à cours d'argent. Je rentre dans l'hôtel dont le standing laisse supposer que quelqu'un parlera anglais....pas du tout ! Ils téléphonent à plusieurs personnes avant de trouver un anglophone, qui me dit que c'est le prix normal de la course, oui, mais je ne veux pas payer un trajet que je n'ai pas demande car de toute façon je n'ai pas l'intention de dormir dans cet hôtel  ! Les gens s'énervent, il y a maintenant un attroupement dans le hall de l'hôtel et j'entends plusieurs fois le mot "police".
Bon, je sais qu'en tant que femme (étrangère en plus) je n'aurai de toute façon pas le dernier mot si la police s'en mêle, je paie donc le taxi.
Me voila devant un hôtel, loin de la ville, avec peu d'argent pour finir mon séjour en Iran !
Que faire ? le taxi est parti, en trouver un autre va encore me coûter le prix d'une chambre....
Je demande donc à la réception de l'hôtel si je peux dormir sur la terrasse. La réponse est non.
Mais ils m'invite à m'asseoir et m'apportent à boire.
Arrive une jeune fille qui s'adresse à moi en français ! miracle !
Elle a vu l'attroupement de tout à l'heure de loin et vient voir ce qui se passe. Je lui explique la situation, elle traduit pour les employés de l'hôtel qui vont finalement chercher le directeur, qui arrive avec une clé, il m'offre la nuit dans son établissement !!!!!
Ouah ! alors là, c'est une super surprise et qui me dépanne bien !
Faezeh, la jeune fille qui parle français m'accompagne jusqu'à ma chambre, nous papotons, elle est étudiante en France, elle est juste là pour les vacances avec sa famille. Pendant que nous discutons, on m'apporte un repas...offert aussi ! Alors là chapeau l'hospitalité !

Le lendemain matin, je me dirige vers la réception pour remercier, mais on ne me laisse pas partir, le petit déjeuner est aussi offert. Et là, je retrouve Faezeh avec sa famille, on discute un peu, je leur dit que je dois faire prolonger mon visa, ni une ni deux, ils décident qu'ils vont m'amener en ville. Lorsqu'on arrive devant la police des étrangers, il y a la queue, ce sont des immigres Afghans qui viennent pour la même raison que moi.

Les Afgans qui attendent pour leurs visas
Le papa de Faezeh ne se démonte pas, prend mon passeport et passe devant tout le monde. J'ai un peu honte, mais je suis bien obligée de suivre. Grâce à lui, nous passons de bureau en bureau, nous attendons (un peu), puis sommes reçus par le chef de la police qui me pose tout un tas de questions sur mon trajet en Iran ( passé et futur),  avant d'en venir au fait: que s'est-il passé hier soir ? Donc la police a été alertée...sans que je le sache !
Inutile de vous dire que je n'en mène pas large et que je suis contente de ne pas être seule dans ce bureau.


La famille de Faheze
qui m'a aidée
 J'explique toute la situation. Heureusement que Faezeh est là pour traduire. Le chef de la police me demande ensuite ce que je pense de l'Iran, est-ce que j'ai été bien reçue? est-ce que j'ai eu des problèmes avec les iraniens ? est-ce que je pense que c'est un pays dangereux ?
Je ne vois pas bien où il veut en venir, je ne fais donc que des compliments (sincères) sur son pays, et tout d'un coup, il se lève et m'annonce qu'il m'octroie 2 semaines supplémentaires. ouf !

Bon, ensuite il faut encore remplir des formulaires et aller à la banque pour payer. Le papa de Faezeh ira à la banque  et paiera pour moi ....
Je ressort de là avec mon extension de visa, les Afghans attendent toujours....
Un grand merci à ces gens qui ont passé toute la matinée pour m'aider alors qu'ils devaient rentrer à Teheran et qu'ils avaient au moins 12 heures de route à faire !

Allez, il est maintenant temps pour moi de me diriger vers Mashhad, au nord-est du pays, où je devrai retirer mon visa Turkmene....Retour vers la chaleur sèche, ouf !

Première tentative, le visa n'est pas arrivé, et ensuite c'est le week end.
rose de Damas, au parfum si intense !
Bon, j'en profite pour aller me balader dans une jolie petite vallée, autour de Kang. Il fait frais ici, et il y a des jardins partout, principalement des vergers, mais aussi des roseraies.
Ah ! ! lorsqu'on longe un chemin où il reste des roses, on est entouré de ce parfum sensuel !
Les roses ne sont pas jolies, mais ce sont des roses de Damas, celles qu'on utilise en parfumerie. Ici on les cultive surtout pour faire de l'eau de rose qui sert à parfumer les pâtisseries, les friandises et les glaces. Un délice olfactif !


Retour en ville.
Mashhad est une ville sainte, les gens viennent ici en pèlerinage, comme à la Meque. Ils viennent visiter le tombeau du huitième imam, Imam Reza.
Il y a donc un mausolée, c'est une ville dans la ville, immense !

avec mon tchador,
il fait très chaud !
Le sanctuaire lui même est interdit aux non musulmans, on ne peut visiter que les parties externes du complexe. Il y a un bureau spécial pour les non musulmans, où ils vous expliquent l'histoire de l'Imam, vous offrent des livres sur l'Islam et vous fournissent un guide qui vous promène dans l'ensemble des parties autorisées. Le tchador est obligatoire pour les femmes, ils vous en prêtent un si vous n'en avez pas. Ce sont des japonais rencontres par hasard qui m'expliquent tout ça. Ils me disent aussi que les appareils photo sont interdit, mais qu'ils ont vu des gens prendre des photos avec leurs téléphones.

Inutile de vous dire que je vais essayer de me passer de guide.

J'emprunte donc un tchador noir, que je revêt par dessus mon hijab, et me dirige vers une des entrées du complexe. Il y a des entrées séparées pour les hommes et les femmes, c'est facile, il suffit de suivre le mouvement. Je dépose mon sac à la consigne, mais je garde mon Ipod dans ma poche.

un surveillant avec son plumeau
Je rentre sans difficulté, et je découvre avec des yeux écarquillés cet ensemble grandiose.
Je me balade de places en places, de mosquées en mosquées....je passe inaperçue dans la foule, mais je me reçois un coup de plumeau quand mon tchador glisse et dévoile mon hijab ! ah ah ah...il y a des surveillants partout, ils sont équipés de plumeaux pour réprimander celles dont une mèche de cheveux dépasse, ou dont le tchador a glisse (comme moi)....Je prends quelques photos, personne ne dit rien, en fait, tout le monde prend des photos dans les cours extérieures. Je reprends un coup de plumeau lorsque je photographie dans une des mosquée....
En sortant, je m'approche d'un porche immense, entièrement doré, il n'y a que des femmes autour de moi, et la foule me pousse en avant....je sens carrément des mains dans mon dos qui me presse à avancer plus avant, il y a de plus en plus de femmes, certaines pleurent, d'autres prient à haute voix, ça pousse de plus en plus derrière, je n'ai pas d'autre choix que d'avancer encore au milieu de ce qui est maintenant une marée humaine féminine !
Je lève les yeux, je suis dans le sanctuaire !





Le tombeau est en face de moi, les femmes crient et pleurent, elles essayent désespérément de toucher le tombeau, elles tendent leurs enfants pour les presser contre la paroi du tombeau, c'est une cohue indescriptible, mais il y a une vraie ferveur, c'est assez touchant.
J'arrive tout juste a extirper l'Ipod de ma poche pour immortaliser ce moment en vidéo, avant de reprendre un coup de plumeau. Si vous regardez bien la vidéo, dans le coin en haut à gauche, vous verrez le plumeau en action....il y a tellement de bousculade que les tchadors glissent, tombent, les surveillantes ont du boulot !
Je ne pensais pas aller dans le sanctuaire puisque je ne suis pas musulmane et franchement je n'ai fait que me laisser porter par cette marée humaine, mais je ne regrette pas ce moment. C'est une expérience unique.


Week end terminé, retour au consulat du Turkmenistan, mon visa n'est toujours pas arrivé.
J'ai déposé les documents à Teheran il y a exactement une semaine, il faut normalement 5 jours ouvrables....
Je reviens le lendemain, on est mardi, ça devrait être ouvert mais c'est fermé ! allez savoir pourquoi?
Grrr......j'attends ici depuis 4 jours....si je n'ai pas mon visa demain, je serai obligée de rebrousser chemin et de changer d'itinéraire.

Hourra ! j'ai mon visa !
Le seul point noir, c'est qu'il est trop tard pour partir. Le poste frontière ferme à 15:30, je n'y arriverai pas ....bon, je partirai demain à l'aube, à bientôt pour de nouvelles aventures !










dimanche 15 juillet 2012

Impressions d'Iran, en vrac

Le voyage, c'est aller d'un point A à un point B. Entre ces deux points, il y a des gens, des paysages, des histoires, une histoire....
Mais le voyage, c'est aussi une foule d'images, de détails, de clins d'oeil, plein de petites choses qui, mises bout à bout, ne racontent pas forcement une histoire, mais qui font partie de l'histoire de mon voyage, au quotidien.
Je vous propose donc aujourd'hui, quelques moments en vrac et en images.




















En Iran, il n'y a pas de supermarchés ou de grandes surfs aces, tout est vendu dans des petites échoppes, y compris les pneus de camion.... Alors, forcement, ça déborde un peu !            

Les pastèques c'est plus petit, mais ça déborde aussi !   


Officiellement, le taux d'alphabétisation est de 100%..... Comment se fait-il donc qu'il y ai la queue devant les "stands" des écrivains publics dans la rue ?


                                                                                                        
Ne croyez pas que c'est parce que les hommes font la lessive
C'est juste qu'il n'y a aucune femmes sur les affiches publicitaires
Premier constat: aucun homme ne fait la lessive en Iran, c'est un boulot de femme.
                                                                                
Deuxième constat: il fait chaud, les hommes portent des chemisettes claires, ce sont les femmes qui sont en tchador noir.
Les publicitaires Iraniens ne doivent pas constater de le même manière que moi !....
Et oui, ici il n'y a AUCUNE femme sur les affiches publicitaires !


Le poulet est la viande la plus consommée en Iran.
les poulets dans la capitale
On trouve donc ces volatiles un peu partout, y compris dans les rues de la capitale, ici, rue Amir Kabir, à deux pas de la place "imam Khomeni"
Est ce que ça leur donne un goût "Pot d'échappement" à la cuisson ?...pas eu envie de tester.




Un samovar devant chaque boutique
samovar au bord des routes


Ici, le thé, c'est sacre, on trouve donc des samovars partout, dans les maisons, bien sur, mais aussi devant les boutiques, ou le long des routes.





Dans le désert, l'architecture est adaptée à l'environnement: il n'y a pas de bois pour les charpentes, donc on fait des dômes en terre.
Il n'y a pas de bois, mais il y a des forets...de poteaux électriques !

En Iran, il y a de nombreux monuments historiques, ils sont assez bien préservés, parfois rénovés....mais on y gare les mobylettes sans aucun scrupule....sur la photo, c'est la cour interieure de la mosquée de l'Imam à Ispahan. Un peu comme si on garait des mobylettes dans la cour du Louvre !


Les Iraniens sont les rois du pique nique, des la tombée du soir, ils sortent les tapis, et vont dîner sur un trottoir, dans un parc ou au bord des routes, j'en ai même vu pique niquer sur un terre plein d'autoroute. Le vendredi, le picnic dure toute la journée, alors on emmène carrément la tente....ben, oui, pour la sieste ! Sur la photo de gauche, pique nique dans le parc de la mosquée de l'Imam à Ispahan, un peu comme si on pique niquait sur le parvis de Notre Dame de Paris !


En Iran, beaucoup de produits américains sont interdits par le gouvernement car ils

représentent la décadence occidentale....donc pas de Coca Cola, pas d'IPhone....Pas de films américains non plus, bien sur !....
mais on est en Iran, pays où tout est interdit, mais où tout est possible!
Les films americains sont interdits....
En voila la preuve !


Ce qui est bien pour moi, ici, c'est qu'il y a des toilettes publiques à l'entrée de chaque mosquée, et comme il y a beaucoup de mosquées,  c'est ssuper !
les toilettes....quel coté choisir ?
oui, mais pour reconnaître le coté homme du coté dames....c'est pas facile . Notez qu'il y a des indications sur les bâtiments des toilettes, mais c'est un peu obscur pour moi !....il me faut toujours attendre que quelqu'un arrive pour m'y retrouver.
Ce qui m'a bien rendu service aussi de ce point de vu, c'est que les bus (Pour ceux qui n'auraient pas suivi: autostop impossible pour moi en Iran, donc bus) font des "arrêts mosquée", qui se sont donc transformés en "arrêts pipi" pour moi.

Je profite de ce post pour vous remercier, chers lecteurs. Je sais que vous êtes de plus en plus nombreux à suivre mon modeste périple, et j'apprécie votre fidélité.
Merci à tous ceux qui me laissent des commentaires, désolée de ne pas y répondre, le système ne le permet pas,  mais sachez que vos petits mots me font chaud au coeur et m'encouragent à continuer ce blog.

à bientôt donc, pour la suite de mes pérégrinations iraniennes.