jeudi 30 mai 2013

prendre son temps au Laos


Nord du Laos. Il faut savoir prendre son temps et profiter du temps qui passe...doucement.
Je me déplace toujours en bus.
Cela implique de demander les horaires à la gare routière quand il y en a une....mais souvent, il n'y en a pas, alors on demande à qui on peut. De toute façon, la réponse est presque toujours la même: demain matin.
Heu... le matin ça veut dire vers 6 heures ou plutôt 10 heures ?
Mais pourquoi elle pose ces questions la "falang" ? Le matin, c'est le matin, c'est simple non ? tu arrives vers 7 heures, tu t'assois et tu attends. Pas de risque de louper le bus ( en principe), et pas de stress pour les horaires, de toute façon, quelle que soit la longueur du trajet, faut prévoir la journée (au moins).

Sortie de village, s'il y a un panneau routier,
c'est là qu'il faut attendre
J'arrive à 7 heures, il n'y a pas de gare routière dans le village, on attend au bord de la  route principale ou à un carrefour. 9:00, pas de bus, 11:00 pas de bus, 13:00 j'ai faim, oui mais si le bus arrive pendant que je mange ?...bon, j'abandonne, je partirai demain.

Le lendemain, j'arrive à 7:00 et je vois partir le bus, sans moi.
Bon...je partirai demain.


Ils attendent....nous attendons....vous attendez
Le système est en fait très simple ici: les bus partent quand ils sont pleins - c'est à dire 70 passagers pour 50 places, des sacs de riz dans l'allée centrale, et quelques centaines de kilos de bagages ou marchandises sur le toit.

Alors parfois on attend (longtemps) qu'il se remplisse, et parfois il est plein avant qu'on arrive...


Assis sur les sacs de riz






Lorsqu'on a la chance d'arriver ni trop tôt, ni trop tard, on a un siège, sinon: sacs de riz.
Bon, les premiers kilomètres, je me dis que ce n'est pas si mal, mais lorsqu'on attaque les virages, hop je cogne à droite, ouïe, je cogne à gauche, un coup de frein, je donne un coup de tête à mon voisin d'infortune devant moi....
Il fait chaud, très chaud, la famille à ma gauche (4 sur deux sièges) mange du poisson séché, ça pue, ceux de droite vomissent dans des sacs en plastique qu'ils balancent par la fenêtre, ça pue.

Ils attendent, nous attendons...que le bus soit
réparé.






Heureusement, bruits bizarres et crachotement du moteur, on s'arrête, chic ! le bus est en panne !

J'attendais ça avec impatience....Ça arrive dans 80 % des cas.
Je vais pouvoir sortir respirer de l'air frais.

Personne ne bronche, aucune récrimination, même si c'est déjà la 4eme fois qu'on s'arrête, qu'on a fait que 150 Km en 4 heures et qu'on est pas du tout surs que le bus repartira ( vu les quantités d'huile dur la chaussée, j'ai des doutes...)
On me regarde de loin,  je les regarde de loin
Les hommes fument, discutent d'un cote du bus, les femmes cherchent un endroit pour aller aux toilettes, et papotent de l'autre cote du bus.

Quand à moi, j'observe. J'aime bien lorsqu'on s'arrête dans un village....un bus en panne, avec tous
les enfants sont curieux mais s'approchent rarement
ces gens c'est toujours une attraction pour les villageois, mais quand il y a une Falang alors là.....ils sont au spectacle. Et moi aussi !


Je prend peu de photos car on me dit souvent non.
Et je sais pourquoi.
Elles sont descendues de la montagne avec leurs hottes
sur le dos pour nous proposer les pousses de bambou
En arrivant dans ces régions du nord du Laos, j'ai eu la désagréable surprise de trouver un tourisme émergeant qui profite honteusement de ces populations isolées. C'est ainsi que, dans les agences pour touristes, vous pouvez voir des publicités vantant des visites guidées des minorités. Vous partez le matin en mini van climatisé, et on vous emmène voir ces pauvres gens dans leurs villages....qui deviennent donc des zoos humains.
De quoi dégoûter ces pauvres gens des étrangers !

 De quoi aussi les intriguer lorsqu'ils me voient assise sur le bord de la route avec les autres passagers du bus, seule falang à bord, à braver les sacs de riz, la chaleur, les odeurs et les
pannes.
Parfois la panne nous laisse au milieu de nulle part, avec juste la jungle autour de nous et peu de distractions, mais parfois, un hameau n'est pas loin, quelques huttes au bord de la route, et les femmes des villages alentour qui arrivent rapidement pour vendre quelques pousses de bambou ou autres racines que je n'identifie pas.

Le mélange tradition/modernisme...
La plupart de ces femmes portent leur costume traditionnel. Une merveille de broderies colorées et d'ornements divers, bijoux, pompons... Elles sont belles !

Et les plus jeunes n'hésitent pas à mélanger le tout avec des vêtements modernes, tee-shirts, vestes
de survêtement, mais l'ensemble reste harmonieux, la coquetterie au quotidien, même quand on travaille dur, j'admire !

 Les pannes de bus, j'aime bien aussi, car si on s'arrête dans un village accueillant, je décide de rester. Je continuerai demain...

Comme ici, Boun Tai, allez savoir pourquoi, il n'y a rien dans ce village, juste des maisons le long de la route, mais je décide de m'y arrêter.



Une dame assise sur son pallier me sourit, nous nous sourions. Je pars faire un tour au marché, au retour, nous nous sourions à nouveau,  elles me fait signe de la rejoindre. Je m'assois avec elle, on se sourit beaucoup, c'est un langage tellement universel!
Une autre dame se joint à nous, elle est coiffée d'un joli foulard. Je lui fais signe que je le trouve joli, elle l'enlève et me le présente: de jolies broderies que je regarde avec intérêt.
 
J'essaie de savoir si ces broderies ont une signification, si ces foulards ont une origine locale, si ils sont typiques d'une tribu, bref autant de questions sans réponses.
 


Mais mon intérêt est récompensé, car après maints sourires, elles ne comprennent toujours pas mes questions, mais sont fières et heureuses de me montrer les différentes façons de porter le foulard, et comment l'installer.

Alors, bien sur, vous lisez ces lignes en quelques secondes, mais c'est tout l'après midi que je passe avec ces dames.

Car c'est en prenant le temps, avec beaucoup de patience et des moments ou je me demande ce que je fais assise devant une maison à ne plus savoir que dire, que se produit la magie de la communication. C'est à ce prix, que ces instants de partage se produisent et que l'émotion est au rendez-vous. Le prix du temps que je passe doucement, lentement au nord du Laos.

On attend le bateau au bord de l'eau
Toujours plus au nord, il y a des endroits inaccessibles par la route. C'est donc en bateau que je continue mon trajet. Au lieu d'attendre le bus au bord de la route, on attend simplement au bord de la rivière, la différence, c'est qu'il n'y a pas des bateaux tous les jours, alors on attend parfois longtemps.
les enfants accourent pour décharger le bateau....
Et lorsque le bateau arrive, tout le village descend sur la berge pour décharger les marchandises de toutes sorte.
les moines novices aident au déchargement
....avant de retourner jouer dans l'eau
C'est dans la bonne humeur que se forment des files de porteurs de tous âges. Les enfants participent avec joie, chacun selon ses possibilités, garçons et filles confondus. L'arrivée du bateau, c'est un peu leur distraction de la journée.


La encore, le temps passe doucement.
J'admire les beautés de la nature, les arbres majestueux qui revivent maintenant que le niveau de la rivière remonte.


Car oui, la saison des pluies a commencé. Il fait beau, ciel bleu, puis, tout d'un coup, en quelques minutes, le ciel s'assombrit, les nuages sont apparus comme par magie, et l'eau se déverse à torrents.

C'est bref, mais tellement violent. rien à voir avec les averses de chez nous, c'est plutôt comme si on vidait des bassines d'eau sur votre tête pendant une demi-heure, ce ne sont pas des gouttes d'eau, mais des paquets d'eau que l'on reçoit.

Ça rafraîchit.
Un peu.
Juste le temps de la pluie, car l'atmosphère est toujours aussi chaude et l'humidité, bien sur, élevée.

C'est donc ainsi que le temps passe, tellement doucement et tellement vite en même temps, que, tout à coup, mon visa arrive à expiration.

Alors, bien sur, je n'ai pas eu le temps de visiter la ville de Luang Prabang, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, mais il y a plein de touristes qui y sont allés, si je veux je trouverai des photos sur le net, j'ai pris mon temps, le temps de vivre au rythme Laotien, le temps d'aller doucement.
 Je dois maintenant rejoindre la frontière.
En route pour la Thailande !


 
 

 
 

 



1 commentaire:

  1. Bonsoir Marie Coco !
    Et beh toujours aussi époustouflant ton récits et je pense bien qu'il en faut des heures d'observations et de sourires pour avoir cette magnifique leçon de vie et je dirais même d'amour ; car ce n'est pas tant le voyage qui fait tout mais ces magnifiques échange sur un plan humain !
    Crois moi Marie Coco ton voyage je le vie car tes récits j'ai la même sensibilité , enfin ce doit être que suis en empathie.
    Je continuerais à te lire et à te suivre jusqu'au bout de ton fabuleux voyage ...
    Prend bien soin de toi Namasté .
    Bisous .

    Sylvie

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