samedi 28 septembre 2013

Malaisie, bon apetit !

Combien de vendeuses su la photo ?
Un petit tour au marché?

Les vendeuses de légumes s'installent au centre de leurs marchandises. Elles trônent comme des reines multicolores au milieu d'un capharnaüm de verdure.

Parmi leurs trésors, beaucoup d'inconnus, du moins pour moi, comme ces "haricots" géants (on voit le gingembre en dessous, et les citrons verts à coté, ça vous donne une idée de leur taille), ou encore les racines, il y en a de toutes sortes, des fleurs, des herbes...beaucoup de plantes sont ramassées dans la jungle car on ne peut pas les cultiver.
Fleurs ou racines ? pas facile de faire la
différence...ce sont des fleurs
Oeufs de tortue
Même si cette partie du marché est réservée aux légumes, on y trouve en fait un peu de tout ce qui peut se cueillir ou se ramasser, comme les oeufs de tortue, par exemple...oui, oui, c'est interdit...mais les traditions ont la vie dure, malheureusement.

Les têtes de poisson, c'est la partie la plus prisée...
et donc, la mieux présentée !
La Malaisie est coincée entre mer de Chine à l'Est et océan Indien à l'Ouest, on trouve donc aussi beaucoup de produits de la mer sur les marchées.
Les poissons ne ressemblent pas tous à ceux que l'on trouve chez nous, mais la présentation est soignée, généralement dans des assiettes. Il n'y a pas de glace, bof c'est pas grave, la température dépasse rarement les 37'...

Rien d'exceptionnel au rayon fruits de mer,si ce n'est que les crabes sont bleus et les moules vertes.
les moules vertes, un vrai délice
L'odeur nauséabonde et presque irrespirable parfois, ne vient pas des poissons et fruits de mer présentés aux étals. Elle vient des poissons séchés, des pâtes de crevettes, des saumures de poissons, des chips de poisson....
Vous n'imaginez même pas tout ce qu'ils font avec ces pauvres poissons. Et ça, ça sent fort, très fort même, allez, autant vous le dire carrément, ça pue !

Passer devant un étal de poisson séché, c'est une torture, s'y arrêter pour regarder, discuter, apprendre c'est quasiment un acte de bravoure.

Keropok frais
Le pire est certainement le keropok. c'est une pâte réalisée à partir de poisson fermenté ( je ne suis pas sure de ça, les explications varient d'une personne à l'autre). Quand c'est frais, ça ressemble à....du caca, sauf que c'est plus gris que marron (en marron, je ne suis pas sure que j'aurai eu le courage de goûter ).
Quand c'est frais,  on le fait frire avant de déguster. Mais en règle générale, les Malays préfèrent le faire sécher au soleil....histoire de rajouter un peu plus de fumet ? et le dégustent en guise de snack comme des chips.

Il y a deux autres ingrédients indispensables à la cuisine Malaise,
Le lait de coco qui est  fraîchement préparé à partir de la pulpe de noix de coco sur les marchés. Et les piments.
Il y en a des dizaines de variété différentes. certains sont vendus frais, d'autres séchés, mais la plupart sont vendus en purée.

Chaque épicier a sa recette, et les pâtes obtenues vont du brun au rouge vif, selon les épices qui entrent dans leur composition.

Cette promenade au marché vous a donné faim?

Allez, on passe à table


 
J'aime bien manger dans les gargotes. Ici, c'est souvent la cuisine dans la rue.
Une carriole sur

roulettes, une bouteille de gaz, hop voila un resto tout indique. On vous sert une assiette de riz, puis vous vous servez selon votre goût dans les plats qui sont proposés.     C'est incroyable la cuisine que l'on peut préparer sur un bout de trottoir !
Le poisson est préparé dans une grande bassine
à même le trottoir.


Poisson mariné aux épices, poulet curry, moules ou scipions dans une délicieuse sauce parfumée...

Et si vous demandez gentiment, on vous fournira même une cuillère.  Les malais mangent généralement à la main....et c'est tout un apprentissage. Il ne faut utiliser que la main droite, la gauche étant réservée aux toilettes, ok, jusque là, c'est pareil que dans tous les pays ou on mange avec les mains.
Mais, contrairement aux pays du moyen orient où l'on utilise le pain plat en guise de cuillère, ici, c'est directement avec les doigts.

manger Malay
Vous voulez essayer? préparez vous une assiette de riz blanc et versez une sauce tomate assez liquide sur le bord de votre assiette, il ne vous reste plus qu'à suivre les instructions:
1- mélangez le riz avec la sauce, du bout des doigts....vous avez déjà envie de vous essuyer les mains. C'est pas possible, les serviettes ne sont pas fournies.

2- attrapez l'équivalent d'une bouchée de riz, et retournez vivement la main, de manière à ce que le riz se retrouve sur vos doigts...vous n'avez pas été assez rapide, les trois quarts du riz est retombé dans l'assiette. Vous avez été trop rapide, la moitie des grains de riz sont maintenant sur la table.... perseverez !

3- avancez la main à hauteur  de votre nez, puis opérez une rotation du poignet afin de déposer votre bouchée tant désirée sur la langue que vous aurez au préalable tirée.
Vous trouvez ridicule de tirer la langue, vous essayez juste de faire glisser le riz dans la bouche, c'est votre T-shirt qui se régale...
persévérez !

Manger indien
4- l'exercice vous a donné soif,
 attrapez la carafe d'eau avec la main gauche car la droite est pleine de riz en sauce (il n'y a toujours pas de serviette) et remplissez votre gobelet. Vous êtes malhabile avec la main gauche, il y a de l'eau partout sauf dans le verre....
persévérez !

Vous avez fini votre assiette ? Bravo, vous avez le droit d'aller vous rincer les mains au robinet ou dans la bassine d'eau prévue à cet effet. Il n'y a pas de savon, vous gardez donc l'odeur avec vous pour le reste de l'après-midi ainsi qu'une pellicule légèrement grasse et une couleur jaunâtre incrustée sous vos ongles !

Pas envie de recommencer l'expérience? La Malaisie étant un pays multi-ethnique, vous pouvez opter pour un restaurant indien, histoire de varier les plaisirs....


Oups...  les indiens mangent aussi avec les doigts, et en plus, ils ne coupent pas la viande en petits morceaux. Il faut donc aussi apprendre à "découper" la viande du bout des doigts....de la main droite uniquement, bien sur !

Il reste les restaurants chinois, là, vous aurez des baguettes !
Mais, comme je vous le disais précédemment, vous pouvez toujours demander une cuillère pour vous régaler de la cuisine malaise qui est variée et extrêmement parfumée. 


Une des particularités de la cuisine malaise, ce sont les desserts, c'est assez rare en Asie pour qu'on le remarque. 
Il s'agit de préparations à base de lat de coco, de vermicelles de soja (souvent verts) et de haricots rouges. Le tout sucré au sucre de palme.
Ça ne vous tente pas?...pourtant, c'est facile à manger, la cuillère est fournie à tous les coups !

Le plus prisé de ces dessert est celui au durian.


Ahhhhhhh, le durian !
Ici on l'appelle le roi des fruits.
De la grosseur d'un gros melon, l'extérieur couleur caca d'oie hérissée de picots ne donne déjà pas trop envie d'en savoir plus, et, lorsque vous approchez son odeur vous donne envie de fuir, voir de vomir sur place. L'odeur est telle que le fruit, tout roi soit-il est interdit dans les hôtels !

Stand de durians
Et encore, là, on en est qu'au stade du fruit encore entier... protégée par sa carapace, la chair jaune clair bat tout les records de puanteur. Imaginez une odeur de toilettes publiques pas souvent nettoyées, plus un peu de fromage bien avancé, plus un peu d'oeuf pourri...vous y êtes presque.

Le durian c'est comme le munster ou un fromage Corse. On se bouche le nez et on y va. Le goût est prononcé, certes, mais pas comparable à l'odeur, et c'est tout à fait mangeable bien qu'un peu douceâtre.






                                       
 
 






lundi 23 septembre 2013

Malaisie, pays de la tolérance?


La photo ci dessous résume très bien ma première impression de la Malaisie. Ce pays est peuplé de trois principales ethnies (ici on dit: races, mais, restons politiquement correct, même si ça fait bien rire les gens d'ici....), qui vivent en bonne entente depuis des siècles.

Cory, Malaise, Jessin, Chinoise et Ketty, Indienne
Parmi les Malaisiens, il y a  donc:
les Malais, environ 60% de la population, ils sont musulmans.
Les Chinois, environ 30%, ils sont bouddhistes ou chrétiens.
Les Indiens, environ 10%, ils sont Hindouistes, chrétiens ou musulmans.

Quelque chose vous choque sur la photo ?
Ah oui, le foulard !

Des écolières malaises en uniforme,
celles de gauche portent le voile en plus du foulard


La plupart des femmes musulmanes portent le foulard, même les jeunes assez émancipées pour sortir le soir dans un bar à chicha, sans chaperon, comme Cory, sur la photo.


Sur la cote ouest, c'est foulard et manches courtes, mais sur la cote est, l'islam est plus rigoureux et elles portent les manches longues, robes longues et parfois un voile qui couvre le visage, en plus du foulard.


Débauche de jambes nues chez les Chinoises



Le contraste est donc saisissant lorsque vous croisez des chinoises, qui, elles, préfèrent le short. Short et parapluie, c'est leur tenue de prédilection, ça leur permet de se protéger du soleil et des averses tropicales qui surgissent à tout moment.



Les indiennes, elles, portent généralement la sari une fois mariées.
fleurs pour les offrandes


Outre les tenues vestimentaires variées, on retrouve cette diversité dans les commerces et les activités de tous les jours ainsi que dans les édifices religieux.


 En règle générale, chaque communauté a son quartier, mais il n'est pas rare de trouver un temple chinois et une mosquée dans la même rue.
Temple Hindu et mosquée juste à coté

Une ballade dans les rues, et on croise des stands de foulards colorés, des indiens qui confectionnent des colliers de fleurs pour les offrandes ou  des bazars chinois où on peut acheter de la lingerie, des jouets, de la papeterie, des biscuits, des montres ....et des remèdes de médecine chinoise.

Cela donne une ambiance colorée et variée, une impression de paix et de douceur de vivre.

Ensuite, il y a les langues, chacun la sienne. Si le malais est la langue officielle, dans certains quartiers, on n'entend que du chinois.  Alors, si on est Tamul, on fait comment pour communiquer ?

Les stands de foulards, pleins de couleurs
On utilise l'anglais.
Ancienne colonie britannique, la Malaisie a gardé cette langue qui sert un peu de dénominateur commun à toutes les ethnies, y compris les chinois entre eux. En effet, les chinois sont arrivés ici avant l'uniformisation de la langue (le mandarin), ils parlent donc des dialectes différents selon la région d'origine de leurs ancêtres.
 
Et pour mettre tout le monde d'accord, les enseignes et panneaux de signalisation sont souvent rédigés en plusieurs langues.
Sur la photo de droite, anglais, chinois et malais en caractères arabes. La langue malaise s'écrit en caractères latins depuis les années 70, mais l'alphabet arabe est encore beaucoup utilisé.


Alors tout ça, diversité, mixité, tolérance extrême..
mirage ou réalité?


Malheureusement,comme un peu partout dans le monde, corruption, religion, nationalisme viennent ternir cette belle image de la Malaisie idéale.
Les mini jupes, c'est bien fini
L'islam se radicalise de plus en plus. Il y a 30 ans, le musulmanes étaient en mini jupe, c'est bien fini.
Les tribunaux islamiques prennent le pas sur les tribunaux civils. Ils sont censés ne réagir que les affaires concernant les musulmans, mais dans le cas d'un problème impliquant un malaisien musulman et un non musulman, ce sera quand même le tribunal religieux qui tranchera...en faveur de l'islam.
Les médias sont sous étroite surveillance. Les manifestations réprimées, voire interdites.

La liberté de culte est inscrite dans la constitution, mais les musulmans n'ont pas le droit de changer de religion. Par contre, il existe de nombreuses pressions en faveur de la conversion vers l'islam, notamment la promesse d'un emploi.

Le gouvernement pratique la ségrégation, et applique des quotas dans les universités et les emplois gouvernementaux pour les non-malais, forçant nombre de jeunes chinois ou indiens à partir étudier à l'étranger.
Diviser pour mieux régner. La recette n'est pas nouvelle, mais ça marche toujours.

Les malais (musulmans) se plaignent de la main mise des chinois et des indiens sur le commerce (et donc la richesse), alors que ces derniers se plaignent de la main mise des malais sur l'éducation et l'administration.

répétition pour la fête de l'indépendance,
tous ensembles, sans discrimination....sauf le foulard.

Beaucoup des jeunes que j'ai rencontrés, déplorent cette ambiance de racisme et de ségrégation, beaucoup pensent que les mariages inter-ethniques sont "cool",  mais c'est compliqué, car dans certaines familles malaises ou indiennes on en est encore aux mariages arrangés.

La plupart d'entre eux estiment que leur diversité culturelle est une force économique et sociale et qu'il faut la préserver.

Ils pensent aussi que grâce à internet, l'information circule mieux et que les citoyens commencent à réagir à la corruption et aux élections truquées. Beaucoup m'ont dit qu'ils pensent que leur pays est à la veille de grands changements...espérons que ce sera pour le meilleur.