mercredi 22 août 2012

Tadjikistan



les bâtiments colorés de Dushanbe
Je commence ma visite du Tadjikistan par Dushanbe, la capitale. Comme dans les autres pays de l'Asie centrale, c'est une ville à l'allure assez soviétique qui m'accueille. La seule fantaisie notable, ce sont ces quelques bâtiments aux couleurs pastelles qui bordent l'avenue principale de la ville. Sinon, on oscille entre portraits du président, blocs de bétons et monuments grandioses.
Ici, comme en Ouzbekistan, les policiers sont nombreux, et les contrôles fréquents. Quand un policier vous arrête, le conducteur sort du véhicule et va serrer lui la main. Je trouve cette pratique bien différente de chez nous....jusqu'à ce que je découvre que la poignée de main n'est pas innocente, elle sert à glisser rapidement et (pas très) discrètement un billet d'une main à l'autre....corruption à tous les étages !

Les tadjiks sont des Aryens. Ils parlent un langage proche de l'Iranien, contrairement aux Ouzbeks qui eux parlent une langue proche du Turc. Bon, pour moi de toute façon, ça se résume à une bouillie linguistique ou se mêlent ces deux langues et un peu de Russe...avec ça, j'arrive à communiquer, c'est le principal. Par contre, leur coté aryen se retrouve dans leur faciès, beaucoup moins oriental que leurs voisins. Les femmes ici ont une jolie façon de se maquiller les sourcils. Au lieu de les épiler elles les redéssinent et les relient...parfois difficile de discerner leurs sourcils, cependant....

Après quelques jours dans la capitale, j'ai la confirmation que je redoutais: Le Pamir est toujours fermée. C'est la région à l'Est du pays, Le Pamir est un massif montagneux avec des sommets autour des 7000 mètres. Ce n'est pas l'Everest, mais presque.  Dans cette région, il y a une route qui est la deuxièmes plus haute route du monde, on l'appelle La Pamir Highway, et c'est cette route que je voulais prendre.
Malheureusement, suite aux évènements survenus à Khorog, toute la partie Est du pays est fermée aux étrangers.

les routes dans les Fans
Pas de Pamir, donc, pas de ces paysages absolument époustouflants, pas de Tadjiks montagnards....


on roule à gauche, à droite, au milieu...
Obligée de changer d'itinéraire, je pars vers le nord, qui est aussi une région montagneuse, les Fans....et les routes qui sont ...montagneuses aussi. C'est à dire non goudronnées, et sans rail de sécurité, ce qui veut dire qu'on roule à quelques centimètres du précipice, sans aucune protection. D'autre part, comme partout en Asie Centrale, comme les routes sont défoncées, les conducteurs pensent toujours que l'autre cote de la chaussée est meilleur, heureusement, ceux d'en face roulent aussi du mauvais coté, ce qui fait qu'on a souvent l'impression d'être en Angleterre plutôt qu'ici.


femme de la montagne
longue tresse pour les femmes
calot pour les hommes


Après la montagne, je fais étape à Khujand, principale ville du nord du pays. Ici, les femmes portent leurs foulards de manière différente alors que les hommes, plus qu'ailleurs sont coiffes de petits calots brodées.

Et les enfants dans tout ça ?





les garçonnets poussent des brouettes
une fillette vends du raisin
Et bien justement, j'y viens: Ici les vacances scolaires sont en juin et juillet. La rentrée a donc eu lieu le 1er août. Cela n'empêche pas de voir des enfants qui travaillent. C'était aussi le cas en Ouzbekistan... et c'est difficile à supporter mais c'est une réalité de l'Asie centrale.

Car voyager c'est aussi ça: voir des choses que l'on préférerai occulter.

Transport de marchandises
Voir des choses que l'on sait exister, quelque part....sauf que là, j'y suis dans ce "quelque part",  je la vois cette réalité là. Et je n'y peux rien.
Je sais que ces enfants travaillent parce que c'est vital pour la famille. Je sais que les parents préféreraient sûrement qu'ils aillent à l'école, mais ne peuvent se le permettre...
Et je suis là, spectatrice de ce désastre, incapable de réagir. Et j'ai honte de mon mode de vie de privilégiée.
La seule chose que je peux faire, c'est leur montrer une carte du monde que j'ai toujours avec moi, et leur pointer d'où je viens.
D'un pays ou on peut voir la mer.
D'un pays ou on va à l'école tous les jours.
D'un pays où le droit des enfants est une réalité.
D'un pays où on a la Tour eiffel, et Zidanne et Riberi et des motos et Belmondo et De Funes.....( ce sont les références les plus citées par les gens d'ici....avec Jacques Chirac qui garde une bonne place)

collecte des bouteilles plastiques pour recyclage
C'est souvent avec des larmes dans les yeux que je quitte ces enfants curieux de tout, heureux des quelques minutes d'attention que je leur apporte et qui rêveront longtemps de ces pays lointains où les enfants ne travaillent pas et où on a plusieurs mers !

Voila, je voulais juste vous faire partager mon désarroi, ma colère et ma frustration de ne rien pouvoir faire pour eux. C'est un simple témoignage, des rencontres personnelles, beaucoup d'enfants travaillent, même si ce n'est pas la majorité, c'est beaucoup trop !

 

jeudi 16 août 2012

Depart vers le Tadjikistan

Après avoir récupéré mon visa Tadjik à Tashkent, je me dirige doucement vers le sud.
Samarkand...  un nom qui fait rêver !
Oui mais voila, c'est la première grande déception depuis mon départ. J'en attendais trop sûrement, de cette ville des mille et une nuits.
C'est beau, ok. Le Regisan et les mosquées et madrassa des alentours ont été rénovées, mais l'ensemble est sans âme. Ça ne vibre pas, c'est froid sous le soleil brûlant. C'est plein de touristes, de boutiques à touristes et d'enfants qui demandent des euros ou des dollars.
Alors, comme à Khiva et Boukhara, je n'ai aucune envie de traîner ici, je décide de partir explorer le sud, près de la frontière Afghane.


après les négociations, la photo !
Je me dirige donc vers le bazaar du sud (même ici je ne retrouve pas l'ambiance). Après m'être perdue deux fois j'arrive trop tard, il n'y a plus de voitures qui partent vers le sud.
Bon,pas grave, il y a des voitures qui partent vers Denau pas loin de la frontière Tadjik. Bien sur, comme toujours, avec mon sac sur le dos, je crée un attroupement, et au milieu des hommes, il me faut négocier dur pour le tarif ...mais à la fin, on trouve un compromis et tout le monde est content.

yourte à travers les vitres sales...
La route vers le Sud Est est souvent bien carrossable mais se réduit parfois à une simple piste dans des paysages lunaires. Occasionnellement, au loin, on aperçoit des yourtes isolées et quelques troupeaux épars dans cette partie aride du pays. Ça fait bien rire mes compagnons de route que je prenne des photos à travers les vitres (sales) de la voitures (vitres fermées à cause de la poussière sur les parties non goudronnées de la route).


le téléphone c'est bien pour
prendre une étrangère en photo!
Arrivée à Denau, je fais un tour dans la ville, me fais photographier 3 fois en une heure. Ah, ah, ah, je commence à m'y habituer...dans les campagnes ou les petites villes, je me fais photographier presque autant que je photographie, et pas seulement quand j'ai le sac à dos. Et pourquoi pas ? Je suis aussi exotique pour les gens d'ici qu'ils le sont pour moi.
À part dans les trois villes extra touristiques il n'y a pas beaucoup d'étrangers en vadrouille par ici ( merci le gouvernement qui rend l'obtention des visas assez difficile et qui oblige les gens à s'enregistrer ).

Je profite de cette étape pour faire réparer mes chaussures qui commencent à s'essouffler. Je les porte tous les jours depuis un peu plus de huit mois...Je continue à les porter malgré la chaleur pour deux raisons: ceux qui me connaissent bien savent que j'ai tendance à me casser les orteils facilement, donc je préfère les protéger, ensuite, si j'avais acheté des sandales, j'aurai du mettre mes fidèles boots dans le sac...et ça pèse !!
Bref, malgré un usage intensif dans la neige autant que dans les grandes chaleurs du désert, elles ont plutôt bien résisté....elles méritent bien une petite couture toute neuve.

Pendant que le cordonnier coud (dans la rue), les femmes autour viennent m'offrir un genre de fromage frais sucré, un délice !


J'ai trouvé ici un hôtel hérité de l'ère soviétique pour la nuit avant de passer la frontière. Comme toujours dans la région, les toilettes sont au bout du couloir, ce qui n'est pas gênant en soi, sauf que durant la nuit, pour la première fois depuis mon départ, je suis malade.
Vomissements et diarrhée.
Courir jusqu'aux toilettes....trop loin ! J'ai la honte de vomir en plein couloir et de faire sur moi dans la foulée. Ben oui...quand je dis honte, c'est Honte avec un grand H !

des visages de plus en plus asiatiques
La "dame d'étage" ( un système hérité des Russes, chaque étage a une gardienne qui donne les clés et s'occupe du samovar, du PQ - qu'il faut demander au fur et à mesure- et du nettoyage) est heureusement compréhensive, elle m'apporte des bassines pour que je puisse me laver, des bassines pour que je puisse continuer à vomir et prend mes vêtements pour les laver.
Je passe une nuit affreuse, car je continue à avoir des spasmes même avec un estomac vide, c'est très douloureux.
Au matin, j'essaie de boire un peu de thé apporte par la dame d'étage, mais ça ne passe pas. C'est seulement le soir que j'arrive à boire un peu d'eau, je prends donc deux cachets d'immodum pour au moins arrêter la diarrhée et  passer une nuit à peu près tranquille.

Le lendemain, je suis faible, mais ça va mieux, je décide de partir, direction le Tadjikistan.
Pas de problèmes à la sortie d'Ouzbekistan, fouille du sac et vérification de mes devises, mais ils ne vérifient pas mes enregistrements. Il y a ensuite environ 500m de no man's land en plein soleil. Je suis encore bien faible et la distance me parait infinie, mon sac pèse 50 kilos....j'arrive du coté Tadjik complètement épuisée. Je trouve une chaise et m'y vautre avant même de présenter mes papiers.
Un douanier s'avance vers moi d'un air menaçant, demande mon passeport, me pose des questions en Tadjik....je comprends rien, j'essaie de lui expliquer que je ne me sens pas bien, rien à faire, il me fait signe de le suivre.
Zut, je me passerai bien de complications...
Il m'emmène dans une pièce qui, de toute évidence est une pièce de repos, il me fait signe que je peux rester là, et s'en va. Je m'allonge pour 5 mn sur une espèce de divan...et me réveille 3 heures après !
 Je me sens nettement mieux, je ressort de cette petite pièce pour trouver le hall de la douane désert....Sauf que j'ai pas mon passeport !
J'étais tellement épuisée tout à l'heure que j'ai même pas pensé à le récuperer. Je pars donc à la recherche du précieux document. Les douaniers me renvoient de l'un à l'autre, aucun d'eux ne parlant anglais, je commence à me dire que je suis dans de sales draps quand je retrouve enfin le type qui a gardé mon passeport. Ouf ! Tout est en règle, il me fait signe que je peux partir.
Et voila le passage de frontière le plus étrange de mon périple ... pour le moment, du moins ;-)





mercredi 8 août 2012

Tashkent et la vallée de Fergana

Comme je n'aime pas m'avouer vaincue, je refais une tentative de stop. À Boukhara, je demande à une voiture de m'emmener loin sur la route après le dernier village. Là, je me dis qu'il y aura moins de circulation et que les camions comprendront donc qu'il faut s'arrêter.
Dans l'absolu, mon calcul est bon: un camion s'arrête après une dizaine de minutes d'attente. J'ouvre la porte et grimpe dans la cabine.
Je suis accueillie par un grand sourire, une liasse de billets,
- sexe ?
- heu....niet, dasvidania (non, au revoir)

Deuxième tentative, une demi heure plus tard....exactement la même chose.
Bon, j'abandonne.
J'apprendrai plus tard que les routes sont bordées de prostituées Russes!


centre commercial
Ce que j'ai le mieux aimé dans cette expérience, c'est leur grand sourire, au moins ils sont heureux de s'offrir les services d'une p*** !
.
Je prends donc le train pour me rendre à Tashkent, la capitale du pays. Ici il y a un métro, donc facile de se déplacer et de s'orienter (pas de plan de ville disponible) sauf que pour descendre l'escalier, il faut d'abord passer au détecteur de métaux.
Au moment de passer le portillon d'entrée du metro, un autre policier m'arrête, demande mon passeport, puis décide de fouiller mon sac. Me voila donc entrain d'étaler mes affaires sur une petite table alors que les autres usagers me dévisagent.
Registration ?
Il faut aussi que je produise mes tickets d'enregistrement (ici on doit se faire enregistrer chaque jour).

Le sénat à Tashkent
J'avais presque oubliéeque l'Ouzbekistan est une dict***re, donc un état policier. Les contrôles sur la route sont fréquents, mais là, en ville, c'est à chaque carrefour que l'on risque un contrôle...surtout lorsqu'on porte un sac à dos !
Une fois débarrassée du sac, je passe plus inaperçue et je ne serais arrêtée qu'une fois sur deux, ouf, c'est mieux.
Je suis venue à Tashkent pour mes visas ....et oui, encore des visas !
Je n'ai pas demandé mes visas Tadjik et Kirghize à Teheran car j'étais à cours d'argent, et les visas, ça coûte cher !
Il faut aussi que je me préoccupe du visa chinois....

Arrivée à l'ambassade du Tadjikistan avant l'heure d'ouverture, il y a une cohue sans nom, les gens se pressent contre le portail. Il faut camper sur ses positions et ne pas céder un millimètre de terrain, si un coude s'immisce entre vous et la personne de devant, c'est fichu, ça pousse dans tous les sens et vous avez perdu deux ou trois places dans la file (enfin, dans l'amas de chair humaine) en moins de 5 minutes!
Finalement, à l'ouverture des portes, les gardes me feront passer parmi les premiers, ouf !
Paperasse en cyrillique, mais un employé de l'ambassade traduit pour moi, puis dépôt de la demande. J'en profite pour demander si les frontières avec le Kirghiztan sont ouvertes ( suite aux récents évènements dans la région du Badkchan), mais on me dit qu'il n'y a aucun problème au Tadjikistan, tout va bien.
Bon, je sais que ça n'est pas vrai et que cette région a été fermée aux étrangers qui ont d'ailleurs été évacués. Autant pour les infos à la source !

entrée de jardin public
J'enverrai donc un mail à l'ambassade de France à Dushambe, mais leur réponses est vague: "les informations circulent mal ici, mais vous devriez pouvoir passer au Kirghiztan" ( admirez le conditionnel)...Dans un deuxième mail, je leur demande des précisions sur tel ou tel poste frontière, telle ou telle route, en expliquant bien que je passe les frontières à pieds, et qu'il est donc important pour moi de savoir comment sortir du pays...... j'attends toujours la réponse ! merci l'ambassade de France !

Les ambassades et consulats n'étant ouvertes que le matin, j'ai du temps pour visiter la ville.

pub à la gloire de l'armée...
C'est moche, rien a voir si ce sont quelques bâtiments officiels surdimensionnés, des panneaux à la gloire du président et de l'armée et des magasins type soviétiques ou l'on vend du PQ à coté des képis militaires....

...ou du gouvernement
Je me rends ensuite à l'ambassade du Kirghizstan, bonne nouvelle ! il n'y a plus besoin de visa.
Ça date de quelques jours seulement, super !

Pour le visa Chinois par contre, c'est plus compliqué.
magasin d'état, le Pq, les képis...peu de marchandises
et peu de clients !
Il faut des tonnes de papiers pas évidents à réunir quand on est loin (attestation de banque, d'assurance entre autre), mais il faut aussi une réservation de billet d'avion (officiellement il est interdit d'entrer à pieds) une réservation d'hôtel et une lettre d'invitation qui ne peut être délivrée que par une agence chinoise. Tout ça a un coût, bien sur, mais en plus, on est pas sur d'obtenir le visa car les Chinois (enfin, le gouvernement) a pris les français en grippe à cause des visites fréquentes du Dalai Lama dans notre pays.
Cerise sur le gâteau, si on obtient le visa, il n'est valable qu'un mois. Je ne suis pas sure d'arriver en Chine dans un mois, donc finalement je renonce, je le ferai à Bishkek (Kirghizstan).


La cour de la madrassa, les voiles qui apportent
de l'ombre aux étudiants donnent une lumière rose tres douce.
Je dois revenir chercher mon visa Tadjik dans une semaine, je décide donc de partir dans l'Est du pays, visiter les régions plus vertes de la vallée de Fergana.
À Kokand, je rencontre Sherzat. il a 28 ans, est prof d'anglais mais son niveau est faible, il en est conscient et veut pratiquer la langue.
C'est bien volontiers que je passe la journée avec lui. Il me fait visiter sa ville où les touristes sont rares. Nous irons ensemble visiter la mosquée du vendredi et la madrassa. C'est une école qui est en fonction. Ça me change des bâtiments transformés en musées !

Autre région, autre cimetière,
bien diffèrent de celui de Kojeli
Ici le lieu est plein de vie, et je regrette juste d'y être un vendredi, jour où il n'y a pas de cours.

Dans le cimetière tout proche, il me présente aux "Shamana" qui soignent sur des bancs dehors. Les explications sont laborieuses, parfois difficiles à comprendre, mais en gros, elles éloignent les forces du mal qui vous rongent. Chacune a sa spécialité et sa technique, et, mieux que des mots j'aurai droit à une démonstration sur ma personne, pour éliminer mon mal de dos, qui n'est pas très important, mais ça fait plaisir à tout le monde: elles se dispute pour savoir qui me soignera ! De grandes claques sur la tète et dans le dos (ça fait mal!) et puis on me tire les pieds tout en psalmodiant des genres d'incantations, pour que le mal sorte par là !

Elle applique des petites poches
remplies d'on ne sait quoi...
Elles sont musulmanes, nous sommes dans un cimetière musulman, juste derrière la grande mosquée...mais elles sont aussi "Chamana", ça n'a rien à voir avec la religion d'après ce que je comprends, plutôt un peu comme des guérisseuses.


une Chamana à l'oeuvre, celle ci ne soigne
que les femmes
Les paroles qu'elles murmurent sont secrètes, ainsi que le contenu de certains pochons qu'elles appliquent parfois sur leurs patients.

Sherzat est très curieux à propos de la vie en Europe. Il ne comprend pas que je vive et voyage seule. Lui s'est marié l'année dernière avec un jeune fille (10 ans de moins que lui) que ses parents ont choisie pour lui. Il en est très heureux et me dit qu'il aime sa femme qui vient d'avoir un bébé et qui reste à la maison pendant qu'il travaille pour faire vivre le ménage. De toute façon, elle n'a aucune éducation, que pourrait-elle faire d'autre. Quand je lui suggère qu'il pourrait lui apprendre l'anglais, vu que c'est son métier, il me regarde avec un air ahuri. Il n'y a même jamais pensé et ne voit pas pourquoi il ferait ça....Il me dit qu'elle ne voudrait sûrement pas, de toute façon.
Un gouffre nous sépare !

Je pars ensuite vers Fergana, plus loin dans la vallée. La ville a peu d'attraits et je serais repartie rapidement si je n'avais rencontré Shovkat, qui m'invite dans son village à 30 km de là. Sur la route, je m'émerveille devant les vignes qui forment des tonnelles devant chaque maison de la vallée, les grappes sont énormes ! Shovkat rigole, il me dit que chez lui elles sont plus belles.


le the et le pain, premier signe de bienvenue
en quelques minute, la table se remplit
Nous arrivons au village à la nuit tombante, il me présente une partie de sa famille et à ses amis à chaque étape, en quelques minutes, la table se remplit: thé, pain, pastèques, biscuits, bonbons, salades Hanoum...et à chaque maison il faut manger et faire honneur à ce qui est offert ( et voila comment on prend des kilos en voyageant !)


une plate forme en bois où l'on mange
l'endroit où l'on dort
La maison de ses parents, comme les autres maisons du village se compose de pièces disposées autour d'une cour dans laquelle se trouve des plate formes sur lesquelles on mange et on dors. Pour la nuit, on installe des "moustiquaires" qui sont, en fait, juste des draps suspendus, résultat, j'étouffe là dessous, j'écarte le drap pendant la nuit et je suis attaquée par les moustiques énormes. Je dors peu, et je me retrouve au matin, défigurée par les piqûres de moustiques qui sont aussi très douloureuses....ça les a bien fait rire !



les toilettes
Le "lavabo" dans la cour















Les toilettes sont au fond de la cour et il n'y a pas de salle de bain. Le matin, ils font chauffer de l'eau qu'ils versent dans le "lavabo"" pour que je puisse me débarbouiller. Ce n'est que pour moi car normalement en été, ils n'utilisent que de l'eau froide, l'eau chaude c'est pour l'hiver.

Ces gens vivent dans des conditions que l'on imagine même pas chez nous, mais ils sont heureux.

Les parents de Shovkat devant
la fidèle Lada, sous la généreuse treille
Ils ont leur jardin un peu plus loin dans le village, quelques moutons dans la montagne et une vieille lada (36 ans) pour que Shovkat puisse aller à la ville, ils font partie des gens aisées, ils aiment leur vallée et même Shovkat qui est instruit n'imagine pas vivre ailleurs ou autrement.




dimanche 5 août 2012

Ouzbekistan, balade touristique et gourmande

Faire du stop en Ouzbekistan est à la fois très facile et très difficile.

Khiva
- Très facile parce que si vous attendez au bord de la route au bon endroit, vous trouvez facilement une voiture. Oui, mais il faut payer, et en plus il faut être au bon endroit. Les voitures partent lorsqu'elles sont pleine.
-  Très difficile car si vous n'êtes pas au bon endroit, les voitures sont pleines et ne s'arrêtent donc pas.

Khiva
très difficiles parce que les camions ne s'arrêtent pas, ils pensent que vous attendez une voiture. s'ils s'arrêtent c'est parce qu'ils pensent que je suis une prostituée.
 C'est donc de nouveau en bus que je fais la majorité des trajets.
J'arrive à Khiva.
C'est beau.

Boukhara
Mais c'est un peu froid...ah ah ah ! il fait presque 40 degrés ! froid, dans le sens, aseptisee, trop propre, trop rénové. La plupart des bâtiments: Mosquées, Madrassa...ont été transformes en musées. Et c'est plein de touristes.
Je ne m'attarde pas et me dirige vers Boukhara.

Boukhara
C'est beau.
Mais, comme à Khiva, j'ai l'impression que la ville a perdu son âme. On trouve des boutiques pour touristes partout. Les gamins vous interpellent: hello, bonjour, guden tag....monney? euro ?
Les prix sont 50% plus élevés qu'ailleurs.
Ici aussi les madrassa sont devenues des  musées ou galeries d'exposition ou boutiques de tapis. ...
Ce n'est pas l'Ouzbekistan dont je rêvais.
Je passe donc mon temps dans la périphérie de ces villes à touristes. Dans les quartiers ou je suis la seule touriste, je trouve des rues calmes, des bazaars très animes et des gens qui ne savent même pas que l'euro existe.




Somsas
Graines à grignotter
Bienvenue dans les bazaars colorés d'Ouzbekistan.


Ici, si on possède une poussette ou un landau, on est riche et on peut vendre des graines, des somsas, du pain...


fruits secs
la viande
Kefir












Mais on peut aussi proposer ses marchandises directement sur le trottoir, dans des grand sacs ou
sur un carton ou une caisse en bois.


Fromage
fruits
epices
savoureux piments










Si vous avez faim, ne venez pas au bazaar, vous aurez envie de tout dévorer... c'est beau et ça sent bon.



Tout ce qui se mange se trouve ici....les fruits et les légumes sont absolument fantastiques et en ce moment on trouve pèle mêle: abricots, pèches, raisin, pommes, poires, figues, framboises....comme si toutes les saisons étaient réunies en une seule.
Et bien sur, les pastèques et les melons. Ils sont énormes, on en trouve à chaque coin de rue, les Ouzbeks en consomment des tonnes et je les comprend bien car avec la chaleur qu'il fait, rien de mieux (ay part le the) pour se desalterer.


Plov au feu de bois

Toutes ces bonnes choses se cuisinent  aussi dans la rue où l'on peut donc manger facilement.
On cuisine généralement au feu de bois, devant les maisons ou les gargotes...ça sent bon dans les rues et j'ai envie de tout goûter.

Manty
Le plov est le plat national, du riz cuit dans la graisse de mouton, avec des carottes et des pommes de terre....On mange le plov dans toute l'Asie centrale, comme en Russie, mais la recette Ouzbek est soit disant la meilleure....c'est pas moi qui dirais le contraire !
On trouve aussi des manty, délicieux chaussons fourrés de viande ou de légumes cuits à la vapeur, les incontournables somsa, des beignets de toute sorte surout de poisson seche) et les chachliks (brochettes de mouton avec des gros morceaux de gras) bien sur !


Des biscuits et des bonbons !
Les nouilles ont aussi une bonne place, on les mange chaudes ou froides.

On trouve aussi plein de sucreries, gâteaux, biscuits....les Ouzbeks aiment le sucré !