dimanche 23 décembre 2012

Goooood Morning Vietnam !

Bon, Ok, c'est un peu facile, mais j'ai pas pu m'en empêcher...:-)

Derniers jours en Chine, juste pour rejoindre la frontière, juste le temps de faire un petit détour par les montagnes autour de Jinping.
J'y rencontre des Hmong avec leurs lourdes coiffures de fausses tresses ainsi que des femmes rasées avec leur petite coiffe conique rouge. et leurs costumes surcharges de chaînes et de plaques d'argent.

Je n'ai malheureusement plus le temps de m'attarder.
En route pour Hekou, dernière ville Chinoise avant la frontière.





coté chinois...
coté Vietnamien
Ici le commerce est roi. Pas de no man's land, il n'y a qu'un pont à traverser. La ville grouille de velos ou motos chargées à bloc de marchandises diverses, prêtes à traverser, dans un sens ou dans l'autre.



En Chine, sur les documents officiels,
les étrangers sont des Aliens !



Je remplis un petit formulaire de sortie de territoire du coté Chinois ( ce sera la dernière fois que je me verrai traitée d'alien...), je traverse le pont, un simple tampon sur le passeport...et je suis dans un autre pays !



À première vue, pas de grande différence entre les deux villes....quoique...
Une certaine nonchalance....
Les hommes avec leurs casques coloniaux
Les vendeuses de fleurs
Des décors de Noël
Les "moto madame ?" "moto taxi ?" qui fusent dans tous les sens

en attendant le client...
Les nems (mon premier repas ici)

Et surtout, un alphabet qui ressemble au notre !
Changement suprême, et suprême satisfaction de pouvoir déchiffrer les panneaux, les noms de rue, les enseignes !


les nems, préparés et cuits devant vous
....délicieux !
Il n'y a rien à faire dans cette petite ville frontalière, mais tout le monde me propose de m'emmener à Sapa.
Un petit tour sur le net et j'apprends que Sapa est une jolie région pas très loin à l'ouest, c'est LA région du nord qu'il faut visiter.
Bon...pas envie. Je sens qu'il va y avoir des touristes, des touristes et des attractions pour touristes.
Je trouve donc une carte du pays, et je décide de me rendre plutôt dans le nord-est, dans les montagnes.

chargement du camion....
euh, non, c'est un bus ! ;-))
Je sais d'avance que le stop ici c'est même pas la peine d'essayer. Peu de voitures sur les routes, plein de petites motos ou scooters qui vont s'arrêter, mais les trajets seront payants.
Je trouve donc un petit bus....on me demande 200 000 dongs, ça me parait bien cher, mais comment savoir les prix ? je viens juste d'arriver...Bon, je fais comme en Chine et je divise par 4...Finalement je paierai 100 000, soit la moitie, mais j'apprendrai par la suite que le juste prix c'était 60 000. C'est ma première leçon de prix!
Une bonne heure d'allées et venues en ville pour charger quelques passagers et beaucoup de marchandises, dont des engins lourds et volumineux, des moteurs, des longueurs de ferraille....
J'arrive à Can Cau sous un beau soleil. Juste de quoi faire briller la poussière de la route...!

les routes non goudronnées...
ça donne ça !

Heu...non, en fait, tout le soleil du monde ne pourrai atténuer l'impression de désolation due à la poussière. Les arbres, les feuillages, les bâtiments sont recouverts d'une épaisse couche brunâtre, mais ici c'est jour de marché, et, poussière ou pas, il y a foule.


Et une foule multicolore !
Les hmong Fleurs sont majoritaires dans ces régions de montagne, mais il y a aussi des hmongs noirs, et d'autres groupes dont je ne connais pas les noms.


la poussière sur les costumes noirs...
ça se voit plus !


Tout est vendu à même la terre battue, textile, fruits, légumes et viande...tout à la même sauce poussière...
Mais je suis arrivée un peu tard, le marché se termine et il n'y a pas d'hébergement possible ici, je reprends un bus.








au petit dej'
non, non, ce ne sont pas des bidons
d'essence...juste de l'alcool de riz !
20 Km plus loin ( 2 heures de bus !)j'arrive dans la charmante petite ville de Bac Ha. Et le lendemain, sortie tôt pour trouver un petit déjeuner (ce sera Pho Bo, j'adore), oh surprise, c'est jour de marché ici aussi.

Un délice pour les yeux ! des couleurs et des costumes magnifiques !
Ici on est dans une petite ville, donc pas de poussière (enfin, presque pas...), plus de monde et plus d'attractions, comme le coiffeur, les oiseleurs, les vendeuses d'encens ou de riz gluant.



on se presse au stand des DVD !
On peut aussi acheter des CD ou DVD (beaucoup de succès), faire faire des clés, faire réparer ses chaussures, acheter un cochon, un buffle, une moto ou un cheval.


Je quitte cette ambiance colorée pour partir dans les montagnes un peu plus au Nord. Le bus ne va pas jusqu'au bout, je suis obligée de finir le trajet en moto ! et oui...il n'y a que les deux roues qui peuvent s'aventurer sur ces routes....enfin, pas vraiment des routes, plutôt des chemins empierrées. On croise quelques maisons isolées...comme celle sur la photo de gauche, qui, en y regardant de plus près, de révèle être une école !

Sur le bord de la route, les habitants
regardent passer la moto...
mais derrière, tout est dans le brouillard !
Malheureusement pour moi, le temps se couvre et devient de plus en plus nuageux, puis la montagne se couvre de brouillard. J'aperçois de temps en temps quelques rizières en terrasses, quelques hameaux perdus au milieu des bananiers, mais je ne profite pas vraiment du paysage.


Impossible de savourer le paysage,
dommage.
Entre bus branlants et motos j'avance jusqu'à Dong Van, dans la région la plus au Nord du Vietnam, mais le brouillard aura raison de moi. Il fait froid et humide, je dois dire adieu aux belles balades que j'avais prévues dans ces montagnes recouvertes de jungle.
J'abandonne, je reprends la route vers le sud.

Un peu déçue, le dos en compote après mes escapade en moto...route défoncées (quand il y avait une route), sac sur le dos, cramponnée pour garder l'équilibre...J'ai peut être passé l'âge de telles virées non?...ben non finalement !
Mais aucun regret car en redescendant dans la plaine, je croise des touristes, (il y en a beaucoup au Vietnam), ils reviennent tous de Sapa, tous avec les mêmes photos de femmes Hmong, sur le marché.
Sauf qu'à Sapa, elles ne viennent pas faire leur marché, elles viennent vendre des souvenirs aux touristes !
Je suis donc plus qu'heureuse d'avoir profiter du Nord du pays à ma facon.

Allez, rien que pour vous, chers fidèles lecteurs, une dernière photo de ces femmes en train de choisir une nouvelle jupe, comparer les broderies et marchander....un spectacle dont on ne se lasse pas.












vendredi 14 décembre 2012

Au dessus des nuages, rencontre avec le peuple Hani


Je quitte Nanning et sa douceur de vivre sans regrets pour me diriger plus à l'ouest, en direction du Yunnan.
Le Yunnan, province du Sud-Ouest de la chine est une région très contrastée. Au nord, elle borde le Tibet, donc de hauts plateaux assez froids, et, au Sud, la foret tropicale et les frontières avec le Laos et Myanmar ( anciennement Birmanie). C'est là que j'ai envie d'aller.
Pourquoi ?
Simplement parce que je n'irai pas au Myanmar. Cette dictature s'ouvre progressivement au tourisme, mais les frontières terrestres sont fermées. Il faut prendre l'avion pour visiter ce pays...or, tant que je peux continuer par voie terrestre, je continue. Pourquoi prendre un avion alors que je peux avancer en traversant des régions inconnues, et vivre au gré des rencontres.
C'est donc vers l'ouest que je me dirige....et que je galère ! Je prends un train, c'est pas le bon ! sauf que quand je m'en rend compte, je suis à plus de 1 000 Km de là où je voulais me rendre !
Ah ! j'en vois qui rigolent ! Ben oui, en Chine, on avance un peu à tâtons...pas possible de lire....pas possible de demander à son voisin de compartiment....généralement je consulte ma boussole régulièrement, en toute circonstance. Mais là, allez savoir pourquoi, je me suis installée dans le train et j'ai pas vérifié dans quelle direction il partait...erreur fatale!


À la gare routière, mes nouvelles
amies en costume brodés
Bon, rien de grave, juste deux jours de perdus pour revenir en arrière, car pas de train de retour, prendre un bus, puis un autre......

jupes courtes et guêtres de
rubans brodés
Pour arriver enfin dans un endroit qui figure sur ma carte: Baise. Il est encore tôt, je tente ma chance avec un autre bus ( histoire de rattraper le temps perdu), pour finir ( deux jours après avoir quitte Nanning) dans une ville plutôt glauque qui ne figure pas sur ma carte et où je ne peux pas trouver d'endroit où dormir car tous les hôtels sont interdits aux étrangers !
Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé!

Je suis crevée et en colère contre moi même de m'être mise dans une telle situation, je retourne à la gare routière, bien résolue à dormir sur un banc en attendant le prochain départ vers l'ouest ( demain matin).



Je m'installe dans un coin tranquille, mais un groupe de petites femmes arrive (elles sont vraiment petites!). Ça papote et ça rigole.... ! En quelques minutes, je suis prise en charge par une nuée de femmes aux costumes multicolores, elles portent des jupettes plissées, des tuniques brodées et des espèces guêtres faites de rubans brodées multicolores. Elles sont coiffées d'un foulard (généralement à carreau ) noué. Il y a des harmonies de couleur différentes, certaines sont plutôt bleues, certaines rouge ou orange,... différents groupes ?
D'autres portent des pantalons plus un genre de tablier à deux pans sur les fesses...c'est tout brodé, magnifique !
 Nous n'avons aucun langage commun, mais des sourires à revendre, et, alors que je leur fait comprendre que je vais dormir là, elles m'emmènent vers un "binguan" (auberge en Chinois) qui ne demande ni passeport ni caution pour la chambre !  J'aurai pas pu trouver l'endroit toute seule, c'est en fait une maison particulière qui loue des chambres près de la gare ...tout à fait illégalement, pas d'enseigne, pas de contrôle !

Je ne le sais pas encore, mais je viens de rencontrer des femmes Hani. Une des minorités de la Chine, essentiellement présente dans le sud du Yunnan. Le lendemain, avant de repartir, je croise d'autres jolis costumes, c'est sidérant toute cette diversité ! et c'est superbe !
En regardant plus tard une carte plus détaillée de la région, je conclue que je suis à Wenshan...à moins que ce ne soit Yanshan?

Mon itinéraire passe par une région hyper touristique de la Chine: Yuangyang et ses rizières en terrasses. J'ai décidée de ne pas m'y arrêter car comme au bord de la rivière Li, c'est devenu un cirque à touristes. Il faut payer pour chaque point de vue sur les rizières, il faut payer pour aller d'un endroit à l'autre...pas rigolo, bref, j'y renonce.
Sauf qu'en route, je rencontre Laojan et Lio, le premier est Taiwanais, la soixantaine, propriétaire d'une vieille voiture, le second, chinois, la trentaine. Ils voyagent ensemble, en mode backpacker ( très rare pour des chinois), on se retrouve dans le même dortoir et ils proposent de me prendre à bord.  Ils m'assurent qu'ils ne payeront pas pour des sites naturels et qu'ils voyagent comme moi pour le plaisir des rencontres et de l'inconnu ( bon, tout ça avec 100 mots d'anglais de leur cotée et 5 mots de chinois du mien , je ne suis donc pas tout à fait sure de leur style de voyage, mais je dis Ok, je partirai demain avec eux ).
Au dessus des nuages, c'est le paradis ?
le soir...c'est beau !
le matin, c'est beau !
à toute heure de la journée, c'est beau, plus que beau !
on est toujours au dessus des nuages !
Nous partons donc ensemble le lendemain, et découvrons la magie des pays au dessus des nuages. Comment vous expliquer cette beauté, cette magie ?  Les Chinois ont balisé les circuits pour faire payer les touristes ( principalement de Hans, heureux de payer pour ramener des photos...), mais grâce à Laojan et sa voiture, on se balade de sommets en sommets, de villages en villages, sans passer par la case départ, et du matin au soir, on profite des lumières changeantes sur les rizières sans avoir vu les hordes de touristes qui paient pour voir le paysage standard et touristique !

superbe? magnifique ? je ne sais plus quel
adjectif employer...

Laojan et lio devant la mer de nuage,
heureux d'être arrivés au sommet...
le paradis, ça se merite !
 Alors, bien sur, nous n'avons pas vu les paysages les plus magnifiques, ceux réservés aux touristes fortunés qui envahissent les nouveaux hôtels qui défigurent le paysage. Et, bien sur, il nous a fallu crapahuter pas mal pour découvrir les vallées cachées, mais quelle satisfaction: les paysages pour nous tous seuls !

Le soleil se couche sur ce coin
de paradis
En fait, Yuangyang ce sont des Km2 et des Km2 de rizières, alors, même si on n'a pas vu les plus belles, on se délecte de ce qui est à notre portée, surtout que nous avons eu la chance d'arriver à la meilleure saison pour admirer ces merveilles. Les terrasse sont en eau en attendant le repiquage, ce qui fait de chaque petite parcelle un miroir et de chaque colline une oeuvre d'art.
ne restent que les personnes âgées...
 C'est tellement beau que les mots me manquent. L'harmonie de l'homme et de la nature. Des paysages sculptés depuis des siècles par le peuple Hani qui n'a que ça pour survivre. Un patrimoine en voie de tourstiquation (?) et peut être de disparition....





pendant que les femmes plus jeunes,
transportent les cailloux pour la nouvelle
route d'accès au village



....qui tressent les rubans...à l'aide de jolies
canettes rondes
En effet, les habitants de cette région ne reçoivent rien  de la manne financière des touristes, ils partent donc de plus en plus vers les villes pour trouver des emplois saisonniers entre deux récoltes....et un jour, peut être, ils estimeront qu'il est plus rentable de travailler sur un chantier de construction que sur les pentes escarpées des rizières.
Dans les villages, ne restent que les femmes qui bâtissent les routes à la sueur de leur front et les personnes âgées qui tissent jour après jours, les rubans qui ornent leurs coiffes.
Nous sommes toujours en pays Hani, les costumes et les coiffes ici sont d'un bleu profond, plus austères mais bien adaptés au climat de la montagne.


C'est à regret que nous quittons cette région magique.
les femmes dansent sur la route
 et créent des bouchons
 Avec du rêve plein les yeux, nous continuons donc, comme prévu, vers le sud ouest....routes défoncées mais paysages à couper le souffle, quand nous sommes arrêtés  par une armée...de femmes qui dansent !...  et qui nous forcent à sortir du véhicule....pour goutter à leur alcool de riz ! Pas que nous... (même si la présence d'une occidentale dans cette contrée reculée semble faire sensation), tous les véhicules sont astreints à la même punition: Alcool de riz pour tout le monde !




Lea Jian  ( le seul de notre équipage qui baragouine quelques mots d'anglais pour pouvoir me traduire) apprend que c'est le nouvel an Hani, qu'il y a des cérémonies et qu'on ne trouvera pas à se loger ici. Nous sommes à une dizaine de Km de la ville: Lvchun on repart...


le premier verre sera pour moi !
Ils veulent pas rester car tous les hôtels sont pleins? qu'à cela ne tienne, je suis bien décidée à assister aux célébrations, même si je dois dormir dehors !
Arriver dans cette ville reculée, par hasard le jour du nouvel an, je vais pas rater ça!
Finalement, on trouvera ( grâce à Lio) une chambre avec un lit (hors de prix)....on est trois ! ok, je dormirai par terre....et tant pis pour les cafards que j'ai vu en arrivant dans "l'hôtel"....pfffffffff ! même pas peur..........

Le lendemain, après une courte nuit, entre ronflements et bruits suspects (crich, crich...des rats en plus des cafards ?), j'arrive dans la rue principale juste à temps pour assister à la parade.
Lvchun est la capitale du peuple Hani, mais pour la célébration du nouvel an, toutes les "branches" sont invitées à venir parader.

Chaque "sous ethnie" est représentée, chaque village a envoyé des danseurs ou danseuses pour les représenter. Il y a donc, pour ce nouvel an Hani, un déploiement de beauté et de talents.







des plus jeunes...
...aux plus âgées, y'a  pas d'âge
pour assister à la parade
C'est toutefois parmi les spectateurs que je trouve de quoi ravir mes yeux. En effet, les  trottoir regorgent de coiffes colorées, de costumes brodés et de sourires amicaux.

C'est incroyable la diversité de costumes que je peux croiser.
Tous plus beaux les uns que les autres, certains très riches, d'autres plus modestes, mais pour mes yeux écarquillés, ils ont tous une valeur inestimable: leur authenticité.

...ou entre copines


on s'y rend en famille...












peut être Yao



peut être Huao Yao
De quelle ethnie ?
détail de cette magnifique coiffe
Bien sur je suis frustrée de ne pas pouvoir communiquer plus avec tous ces gens qui rient de me voir les prendre en photo et qui posent fièrement pour moi, mais le spectacle est permanent, c'est plein de couleurs et de gaieté...de quoi me faire oublier toutes les questions que je me pose.

 Et je me promène sur ces trottoirs encombrés, les yeux grands ouverts, en remerciant ma bonne étoile de m'avoir amenée jusqu'ici en ce précis jour de célébration.




peut etre Yi
 C'est là que je rencontre Yiyu ( pas sure de l'orthographe), une jeune Hani qui parle quelques mots d'anglais. Elle me présente les différentes ethnies, et essaye de m'expliquer qui est qui....elle ne parle que quelques mots d'anglais, c'est donc difficilepour elle et pour moi aussi !
pourquoi j'ai pas appris le chinois ? Ça m'aurai permit de comprendre....grr....faut que je me contente de ce que je peux glaner comme données.




Yiyu et son neveux, il sont Hani
ceux lax sont Ani !
Bon, il y a donc les Hani, avec une sous branche: les Ani....ça ne se prononce pas du tout pareil...heu...bon, il y a aussi des Yao, des Hawo, des Lami, des Yi, des Huao yao, des dai....et d'autres encore dont je n'ai pas eu le temps de noter les noms. Car Yiyu n'a pas que ça à faire de m'expliquer les différentes ethnies !






Elle veut profiter de la fête, et pour ça elle doit rentrer chez elle pour le repas en famille. Bien sur, je suis invitée !

des Lami, ils préparent leur char pour
le défilé du soir
heu....il est où le tapis rouge ? ;-)
Il ne nous reste plus qu'à retrouver mes deux compères, Lea Jian et Lio que j'ai perdus dans la foule il y a bien longtemps. Nous repartons vers la place principale lorsque je suis assaillie par des photographes !!! Au secours ...ça fait plusieurs jours que j'ai pas croisé un miroir, de quoi je vais avoir l'air ? J'ai bien vu qu'on me prenait beaucoup en photo, mais je m'y suis habituée depuis que je suis en Chine, et c'est, après tout, normal: ils me trouvent exotique comme je les trouve exotiques.
Mais là, comme c'est le nouvel an, il y a des journalistes et des photographes professionnels....Je crée donc, bien involontairement, un attroupement, mais ça nous permet de retrouver mes compagnons de voyage qui sont donc invités avec moi.

photo de famille sans le papa
Arrivés chez Yiyu, nous faisons connaissance avec les membres de sa famille. Le papa est un militaire, vétéran de la guerre du Vietnam (un mois de guerre en 1979). Il y a un portrait géant de Mao dans la pièce principale et il me demande de ne pas prendre de photos dans sa maison. Il fera une exception pour une photo autour du repas que l'on prend sur le toit, mais il ne veut pas y figurer.

Le repas, ou plutôt les repas se succèdent au rythme des allées et venues des voisins ou de la famille.
On ne fait que manger !...et papoter, les garçons sont partis avec les hommes de la maison pour assister au combat de buffles. J'aurai bien voulu aller avec eux, mais c'est pas la place des femmes.....
 Car, en plus d'être nourris, nous avons aussi été invités à rester dormir et je dois donc me plier aux coutumes, c'est bien normal !
On parle broderie. La maman de Yuyi a brodé elle même les costumes de la famille. Comme toutes les femmes de la région, elle a toujours un ouvrage en cours. Car oui, tous ces beaux costumes que je peux admirer dans les rues, sont brodés et cousus à la main !

Le troisième jour (et oui, déjà !), c'est la fin des célébrations, ce soir, il y aura le repas traditionnel dans la rue et les danses autour du feu.


Toute la journée on s'affaire dans les rues, on transporte, on installe...

les "tables" qui formeront
l'épine dorsale du dragon
Il faut amener les mets
préparés pour
l'occasion


Pour que ce soir, le dragon soit le plus long possible et que chacun puisse trouver une place pour se régaler.










on installe les plats




enfin, on peut se mettre à table













Une fois les tables installées, il faut disposer les plats avec la nourriture traditionnelle et l'alcool de riz qui coulera à flots.  Cette année, le dragon est composé de 3644 tables...impressionnant !La fête se terminera avec des danses au son du tambour et des rondes autour du feu.

C'est avec beaucoup d'émotion que nous quittons Yuyi et sa famille.

En route pour le Xishuangbanna !

les pentes couvertes de bananiers
dans la brume étouffante du matin
villages de montagne, au milieu d'une
végétation tropicale dense
Les routes sont de moins en moins praticables, les rizières laissent place aux plantations de bananiers, le temps est de plus en plus lourd, et les villages de plus en plus misérables.....



c'est bien la cuisine !










Bien sur on dort à coté des cochons,
mais avez vous déjà vu une porcherie
aussi propre ?
 
Plusieurs fois, nous sommes à deux doigts de renoncer tellement la progression est



progression de plus en plus lente...
les pistes sont de moins en moins
praticables
difficile, mais on tient bon, et on trouve toujours un abris pour la nuit, comme dans ce "relais routier " ou je paierai la nuit la moins chère de tout mon séjour en Chine. Un lit pour l'équivalent de 1,25 euro !...bien sur il y a la moto dans la "cuisine", et les dortoir sont près de la porcherie... mais c'est propre, pas de douches et pas de toilettes, mais il y a un robinet d'eau, quel luxe !
...donc nous continuons. Il nous faudra encore deux jours pour atteindre la vallée.

Et là, surprise! Il fait soleil !
La chaleur est toujours lourde, mais sans cette brume humide, c'est plus facile à supporter.
Et nous découvrons des villages prospères (fini la brousse ) et totalement différents de ce que j'ai pu voir en Chine jusqu'à présent.

les maisons les plus modernes ont
remplacé les tuiles traditionnelles
par des tuiles bleues, mais restent construites
sur le même modèle, toujours en bois
les petits bols, sur les hévéas,
en attendant la prochaine saison
Il s'agit de maisons immenses en bois, construites sur pilotis. Il n'y a pas de rivière pourtant, mais nous sommes en saison sèche et le sol est humide et les routes boueuses, donc certainement qu'à la saison des pluies, les pilotis sont plus qu'utiles. Nous sommes à quelques Km du Laos, et les gens qui vivent ici sont des Dai.

Ils tirent leurs richesse des bananes mais aussi du Caoutchouc. Comme nous le découvrirons en explorant les environs, beaucoup de forets sont détruites  et remplacées par des plantations d'hévéa.
des temples qui n'ont plus l'air Chinois
À partir de là, entre moyenne montagne et plaines, notre itinéraire devient cahotique, la moitie des routes que nous empruntons ne figurent pas sur nos cartes, et, à contrario, certaines routes qui y sont tracées ont l'air d'avoir tout bonnement disparu.....De plus en plus de contrôles sur la route. L'armée nous fait rebrousser chemin souvent, sans nous indiquer aucune autre route possible. De village en village, on se laisse donc porter par le hasard.


mais la plupart des passants
fuient l'objectif
Si les maisons ont toujours cette jolie architecture de bois, les temples eux deviennent de plus en plus...heu ? Thaï? Birman ?

celles ci sont contente de poser
 pour la photo
Sans toujours savoir exactement où on est, on continue notre exploration de la région, entre forets tropicales et villages plus ou moins accueillants. Nous sommes proche du Myanmar, c' est sur, la présence militaire renforcée en est une confirmation, ainsi que ces femmes croisées au détours des villages, principalement sur les marchés. Elles sont pas Chinoises! c'est sur !


le village, entre bambous et bananiers
Un barrage de plus nous fera renoncer à notre escapade sino-burmane. Nous ne saurons jamais si tous ces barrages sont permanents ou, simplement liés à un évènement exceptionnel. Il est vrai que cette région est l'entrée vers le "triangle d'or", le gouvernement Chinois a peut être décidé de mettre un terme aux trafics en tout genre (enfin, surtout de drogue).
Bref, nous obliquons vers le nord dans l'espoir de retrouver une route plus confortable et sans militaires. On retrouve les bananiers, et la montagne....mais on retrouve surtout les Hani !!!
Comme dans ce village, où nous nous arrêtons pour demander un abris et où nous sommes aussitôt  escortés vers une de ces belles maisons en bois....où se déroule une fête !


les femmes apportent
 la nourriture
Ni une ni deux, nous voila assis autour d'une table qui regorge de mets délicieux. On se pousse pour nous faire une place (enfin, 3 places !..), et les libations commencent. Chaque fois qu'une personne lève son verre, il faut boire....et c'est à peu près toutes les 3 minutes ! Les hommes portent des toasts avec des voeux d'amitié et de chance. Ils se lancent des défis aussi: à celui qui boira le plus en une gorgée (s'ensuit une comparaison des niveaux dans les verres....c'est assez comique), ou alors cul sec, ou alors: moi je bois jusque là, t'es pas cap' de faire pareil ! (Bon, pas besoin de traducteur pour comprendre les défis)....L'alcool de riz est fort et râpeux, heureusement, en tant que femme, j'arrive tant bien que mal à échapper aux défis.


la table des plus jeunes
Mais justement, je suis la seule femme, où sont les autres ? Les seules que j'ai vues, sont celles qui vont et viennent entre les tables pour remplir les bols de nourriture et amener l'alcool. Elles sont coiffées d'un grand châle à carreaux noué sous le menton et qui retombe leurs épaules.







le coin des plus âgées
Nous sommes au niveau 0, sous la maison (qui est sur les pilotis), je demande l'autorisation d'aller visiter l'étage. Pas de problème, une femme va m'accompagner.
 les jolies coiffes vues de dos
Arrivée au premier étage, c'est un bazar pas possible. La maison (comme toutes celles de la région), est grande, mais il y a des tables (d'hommes) partout, une armée de ces femmes qui servent, les enfant qui jouent, un feu à même le sol pour la cuisine (la maison est en bois....aie, aie, aie !), je suis bousculée de toute part, il est difficile d'avancer d'autant plus que le jour décline , il commence à faire bien sombre...mais je continue à avancer et découvre, tout au fond, le coin des femmes.
D'un cote les plus jeunes, presque toutes coiffées de ce fameux foulard, et, encore plus au fond, les plus âgées, avec de jolies coiffes.

Je suis accueillie à bras ouverts, et je suis obligée d'accepter encore plus de nourriture, et d'alcool...car les femmes aussi portent des toasts !
un dernier verre, amis pour 5000 ans
 
Elles sont contentes que je prenne des photo, et à chaque fois, l'appareil fait le tour de la foule pour que tout le monde puisse les regarder....

Malheureusement, je dois redescendre, on m'appelle en bas pour un dernier verre, on trinque: on est amis amis pour 5000 ans !
On nous a trouvé une maison où dormir dans le village d'à coté ....ben oui, c'est pour ça qu'on s'était arrêtés là après tout!

Arrivés à la nuit tombée, nous ne verrons pas grand chose de ce village ce soir. Mais le lendemain matin, c'est aux sons d'un marché bien animé que nous serons réveillés.
On y retrouve les femmes avec leurs foulards à carreaux, mais aussi les Dai avec leurs chapeaux et de nombreuses autres, d'autres ethnies ou tout simplement d'autres villages.
Je retrouve aussi ces motos que nous avons croisées souvent sur les routes de montagne. Équipées de gros bidons de chaque coté, je m'étais demandé ce qu'elles pouvaient bien transporter....et j'ai ma réponse !


Les poulets arrivent !
le poisson est arrivé bien vivant
grâce à un système ingénieux
sur les motos
Du poisson ! le poisson péché dans la rivière est donc ainsi achemine jusqu'aux villages de montagne!
Le transport des poulets est plus encombrant, mais ils viennent de moins loin....;-))



Il es malheureusement temps de repartir, car le temps passe vite et il ne me reste plus beaucoup de jours sur mon visa Chinois. Laojan et Lio qui devaient initialement partir plein nord ont décidé de m'accompagner encore un bout de route vers le Nord-Est afin d'être surs que je ne me perde pas sur mon chemin de retour, ah, ah, ah !



avez vous remarqué la couleur...
Nous reprenons donc notre chemin, mais rapidement on s'égare à nouveau. Il y a bien une route sur notre carte, mais où est-elle passée ? disparue !

....de leurs dents ?
Dans ce village dai, Lio et Laojan auront bien du mal avec les explications qu'on leur donne, les habitants ne parlent qu'un dialecte bien difficile à comprendre ...Certaines femmes ont les dents noires, et les hommes fument de drôles de cigarettes.


Peu à peu, les plantations de bananiers sont remplacées par du thé, nous approchons de Pu'er. C'est dans cette région qu'est cultivé ce thé célèbre dans le monde entier. Ce sera notre dernière étape de montagne et nous avons la chance de rencontrer yang qui nous fera visiter les plantations de son village.

théier de presque 800 ans
Ici certains théiers ont plus de 800 ans. C'est la particularité de ce thé: on laisse les arbres grandir et selon l'âge des arbres, le thé aura un goût diffèrent. Un peu comme le vin en France, la qualité gustative du breuvage est aussi due à l'exposition de la plantation et aux autres arbres qui les entourent, comme dans ce coin ci, les fougères millénaires qui existaient déjà du temps des dinosaures ( une espèce protégée).

les galettes de thé millésimé
Ainsi, le thé n'aura pas le même goût s'il vient d'un coté de la colline ou de l'autre.
Le thé sera ensuite compressé en briques ou galettes, et comme le vin, sera millésimé. certains millésimes très anciens coûtent des fortunes.

Ici nous avons retrouvé les routes civilisées et nous rallions Janshui rapidement. Toujours en pays Hani, Janshui est une charmante petite ville où l'on prend le temps de vivre.


On prend le temps de vivre
à Janshui
Les habitant flânent dans les parcs, se reposent à l'ombre des Bougainvilliers ou fument tranquillement leur pipe à eau dans un décor magnifique de maisons de bois aux panneaux sculptés. et aux façades peintes.

C'est là que je quitte mes deux amis, Laojan et Lio, avec qui j'ai passé ces merveilleuses semaines de découvertes et de rencontres.






Toutes les maisons ont leur façades peinte
Je suis restée presque 3 semaines sans donner aucune nouvelle car j'étais au milieu de nulle part...et je pensais pouvoir vous donner des nouvelles en arrivant ici.
Mais j'ai la mauvaise surprise de découvrir que mon VPN (logiciel qui me permet d'accéder à mon blog malgré la censure) a été neutralisé et l'accès à mon e-mail n'est plus possible non plus.



Vous ne pourrez donc lire cet article (ainsi que le précèdent et le suivant) que lorsque j'aurai quitte le territoire Chinois !