jeudi 28 février 2013

Cambodge, experience culinaire

 
Depuis quelques jours, j'ai une petite fièvre et des plaques de petits boutons sur les membres et l'abdomen....ciel j'ai la rougeole !....mais noooooonnnn....probablement juste un petit virus qui est venu me rendre visite. Si ça persiste j'irai voir un médecin, mais en attendant, histoire de me reposer, je m'octroie quelques jours de vacances.

Nouvel an Chinois à Kampot
Allez hop, direction le sud, je m'arrête d'abord à Kampot, à une vingtaine de Km de la cote, petite ville tranquille avec une architecture coloniale. C'est le nouvel an du calendrier lunaire (nouvel an Chinois). Au Vietnam, c'est la fête la plus importante de l'année, et on prépare les festivités des semaines à l'avance, je pensais donc trouver la même chose ici.
Mais non, mais non....les Khmers fêtent la nouvelle année en avril !!
Il y a toutefois à Kampot une petite communauté Vietnamienne qui célèbrent le Tet, c'est l'occasion de voir les dragons qui visitent les habitations au son des tambours.


Calamars grillés....miam !
Lorsque j'arrive à Kep, au bord de la mer, je trouve tout ce qui me faut pour me remettre sur pieds: les meilleurs produits de la mer que j'ai goûtés jusqu'à présent. Les poissons et les calamar, grillés devant vous sur de petits braseros....un régal.


Les femmes et leurs paniers de crabes
attendent dans le port
Et les crabes ! C'est la grande spécialité du coin. Au port, les femmes attendent les clients dans l'eau...les crabes sont sortis des paniers et cuits directement sur place, on ne peut pas faire plus frais !
Ils seront cuisinés avec du poivre cultivé dans la région, légèrement sucrés et bien relevées, un péché mignon auquel il est bien difficile de résister....
Le hamac est devenu mon meilleur ami, je le quitte parfois pour faire trempette dans une mer à 25 degrés...puis je fais la sieste, avant d'admirer le coucher de soleil sous les palmiers.
Je suis sure que nombre d'entre vous rêvent d'être à ma place ...mais moi, je m'ennuie !
Trois jours de ce régime me suffisent, je me sens mieux, je reprends donc la route.

Phnom Penh, capitale du royaume. La première chose que je vois ici c'est le défunt Roi.


Un palais pour les cendres du roi...



On s'arrache les portraits du Roi
 Les cambodgiens sont nombreux a venir se recueillir devant le mausolée immense qui lui a été construit, des portraits géants ornent les carrefours, et on vend des posters et des cartes postales à son effigie sur les trottoirs.
Plutôt difficile à comprendre pour un Roi qui a abdiqué deux fois, s'est exilé à plusieurs reprises, et a collaboré avec les Khmers Rouges.

des milliers d'ossements sortis
des charniers
C'est en visitant un camp d'extermination des Khmers rouges que je révise l'histoire. Histoire tragique dont on sait finalement peu de choses en Europe. Peut être parce que l'on se sent coupables d'avoir laissé faire....En pleine guerre froide, les dirigeants occidentaux ont fermé les yeux sur des millions de Cambodgiens déportés et/ou torturés et massacrés.
C'est une visite très émouvante...voire bouleversante. Il y a peu de choses à voir sur ce site, les infrastructures ayant été démantelées à la libération pour reconstruire des logements et pour essayer de passer à autre chose au plus vite. Mais il y a des documents sonores, des témoignages de rescapés....j'ai les larmes aux yeux en écoutant leurs récits.

Les ossements sortis des charniers ont été étiquetés, tries par âge et regroupées dans une tour vitrée...pour que l'on oublie jamais. Parmi eux, des femmes et des enfants, des bébés qu'on a projetés contre des troncs d'arbres jusqu'à ce que mort s'en suive. c'est atroce.

De retour en ville je ne peux m'empêcher de penser que chaque Cambodgien de plus de 30 ans a vécu cette période et a sûrement perdu un ou plusieurs membre de sa famille....Et ils sourient....


Il  n'a pas l'air bien frais mon oeuf....
Car c'est une des caractéristiques principales de ce peuple: leur sourire chaleureux et accueillant.

C'est ainsi, qu'attablée dans un petit boui boui, une famille m'invite à les rejoindre. Ils mangent des oeufs et m'en offrent un.
J'ai souvent vu des Cambodgiens manger des oeufs, à toute heure de la journée, et je pensais que c'était juste moins cher que la viande, je n'imaginais pas que, pour eux c'est un vrai régal.
 Ils les mangent comme des oeufs à la coque, ils ouvrent le dessus et mangent à la cuillère. Ok, jusque là c'est pareil chez nous, pas de problème.
Cependant, lorsque j'ouvre le dessus de mon oeuf....comment vous dire? il a pas l'air catholique ! notez qu'il a pas l'air bouddhiste non plus, il a tout simplement l'air pas frais. Un coup d'oeil dans le coquetier de mes voisins, c'est la même chose !
Ils me montrent que je dois arroser mon oeuf avec du jus de citron vert mélangé à du sel, puis aspirer le jus, avant d'attaquer à la petite cuillère ....je mange la première bouchée: c'est comme le jaune d'un oeuf dur, sauf que c'est brunâtre et que dessous, je découvre la surprise du chef !....Un poussin, ou plutôt, un foetus de volatile!
Et oui ! ce sont des oeufs couvés !

 Ceux qui me connaissent savent que je ne refuse jamais de nourriture, et que les intestins de mouton froids au petit déjeuner au Kirgyzstan, les mets inconnus en Chine ou la viande de chien au Vietnam ne m'ont pas rebutée. Mais là....je dois dire que j'ai avalé vite fait, sans croquer, de peur que mon cerveau dégoûté par la chose n'ordonne à mon estomac de rejeter le tout.

Je savais qu'en voyageant, je trouverai, un jour, quelque spécialité culinaire difficile à accepter. Mais je n'avais jamais imaginé que ce serait un oeuf !

Un des bâtiments de la citée royale
Mes nouveaux amis, en route pour
le palais royal
Bref, j'ai fait bonne figure, j'ai même réussi à sourire et à remercier mes hôtes pour ce délicieux encas, mais c'est une expérience que je ne renouvellerai pas.

Ce que je ne vous ai pas dit, à propos de cette famille, c'est qu'aucun d'entre eux ne parle anglais. Cela ne les a pas empêchés de m'inviter pour ce mémorable repas, et de m'emmener ensuite visiter le palais Royal.
Visite elle aussi mémorable !
Il y a bien une etiquette"ne pas toucher"
mais tout le monde pose pour les photos avec
une main sur les antiquités!
Le palais royal est un ensemble de bâtiments où réside encore la famille royale, on ne peut donc en visiter qu'une partie. C'est gratuit pour les locaux mais payant pour les touristes. Qu'à cela ne tienne, on passe par une allée transversale, le monsieur donne un billet au gardien, et nous voila dans la place pour 0,50$ alors que le prix normal du billet est 6,50$! Vive la corruption.....
Imaginez un ensemble de bâtiments somptueux, à l'intérieur desquels se trouvent des collections de statues, d'argenterie, de mobilier...bref une grande richesse culturelle. Je pense que, seule, j'y aurai consacré deux bonnes heures, à admirer le raffinement de l'architecture et la richesse des collections.
Une dernière photo (en compagnie du Roi),
 avant de nous séparer
Mais si j'emploie le mot mémorable pour cette visite, c'est à cause du temps que nous y avons consacré: 20 minutes !

 Une visite au pas de charge, où j'ai l'impression que la seule chose qui compte ce sont les incontournables photos, appuyés sur des antiquités que l'on a, bien sur, normalement pas le droit de toucher....de toute façon, les photos sont interdites à l'intérieur, ah, ah, ah.

Pendant tout le temps de la visite, ils ont transporté les portraits du Roi défunt et de la reine qu'ils vont mettre au mur chez eux (c'est du moins ce que j'ai compris....), et les posters sont présents sur presque toutes les photos, comme si c'était des membres de la famille.

Après les avoir quittés, j'hésite deux secondes à refaire la visite plus en profondeur, mais non, je préfère garder le souvenir de cette rapide mais inoubliable visite intact.













mercredi 20 février 2013

Arrivée au Cambodge, ou comment je me suis mis Alain Delon dans la poche ;-))


Les boutiques "duty free"....entre Vietnam
et Cambodge
Il y a plusieurs postes frontière dans le Delta du Mekong, entre le Vietnam et le Cambodge. Parce que j'étais à Chau Doc et que je voulais voir le grand Bouddha (voir post précédent), je passe la frontière par le moins important de tous: quelques baraquements perdus au milieu de nulle part. Fréquenté essentiellement par les frontaliers qui transportent des marchandises, beaucoup de motos et quelques camions, un simple tampons sur le passeport coté Vietnamien, et je traverse les 500m de no man's land pour arriver aux petites huttes en tôle ondulées coté Cambodge. On me demande 25$ pour le visa...non, non, le prix normal c'est 20$ ! je discute, mais ils font  semblant de ne pas comprendre l'anglais, je m'assois sur un banc en disant que puisque c'est comme ça, je reste là....rien n'y fait ! deux heures après, je cède et voilà, 5$ dans la poche du douanier, à peine arrivée je contribue déjà à l'enrichissement des fonctionnaires corrompus !

les baraques de la frontière,,
derrière la barrière, c'est le Cambodge
Munie du précieux visa, j'avance à pieds vers la barrière lorsque je suis arrêtée devant une autre hutte : visite médicale obligatoire. Un formulaire à remplir où on doit certifier qu'on n'a pas de fièvre, qu'on ne tousse pas....le gars pointe un pistolet à température sur mon cou et note :35,4....bon, ça fait pas beaucoup, mais ça n'a pas l'air de le déranger, tout ce qui compte pour lui, c'est la facture:         1$ !....directement dans sa poche !
Me voici donc au Cambodge, pays du Dollar et de la corruption ! Ici tout le monde utilise le US$. Pour les petites sommes, la monnaie est rendue en Riels, heureusement 1$=4000R, les calculs sont faciles.
Notez que depuis le passage de la frontière Kyrgyzstan/Chine, mon sac n'a jamais été fouillée. On est ici dans le triangle d'or, je pourrai donc transporter des kilos de drogue, des pierres précieuses, des devises ou des antiquités sans être inquiétée....



obligés de rouler sur le riz quand ils
 croisent une voiture ou un tracteur
Bon, me reste plus qu'à négocier le prix d'une moto jusqu'au village le plus proche puis d'un mini van jusqu'à Takeo qui sera ma première étape.
Premiere surprise: une belle route, bien goudronnée, presque pas de nids de poules...elle vient d'être refaite, un vrai bonheur pour étaler le riz ...mais pas forcement du bonheur pour les "bufflomobiles" le principal moyen de transport (après la moto, bien sur) de la région.

premier repas de nouilles Khmer, un regal !
Arrivée à destination en fin d'après midi, je suis affamée. Je trouve un boui boui sur le bord de la route, le genre d'endroit où on n'a pas le choix, c'est plat unique...tant mieux, de toute façon je ne sais pas ce qu'on mange dans ce pays et je n'ai pas encore appris le Khmer...quelques minutes plus tard, me voila devant mon premier repas Cambodgien.....Oui, je sais: on dirait du vomis....mais c'est en fait une espèce de curry à base de lait de coco, il faut mélanger le tout ( sous les nouilles de riz, il y a plein d'herbes bizarres) et c'est un vrai délice !

Si, si c'est vrai ! et de toute façon, pas de problème si je suis malade, juste en face il y a un laboratoire d'analyses médicales, on peut analyser mes crachat ! me voila rassurée ! ;-)))
Et oui ! ici, c'est mieux qu'en Chine, l'écriture Khmer, quoique très jolie, est bien entendue illisible, mais presque tout est traduit, soit en anglais, soit en Français....ce sont les restes de l'Indochine.


















De bon matin, je fais doucement connaissance avec ce nouveau pays. J'observe les moine qui font leur tournée. Ils s'arrêtent devant chaque maison, chaque commerce, et ils attendent en silence....que quelqu'un vienne déposer une obole directement dans leur sac  (on n'a pas le droit de toucher les moines, même par billets interposés).


la bière de palme, dans les
"bouteilles" en bambou



Il est 9h du mat, les hommes boivent...
Au bord de l'étang, dès le matin, les hommes boivent une boisson alcoolisée, servie dans des récipients en bambou, et ils jouent aux cartes. Les jeux d'argent ont beau être officiellement interdits, c'est un vrai fléau, les hommes jouent beaucoup...pendant que les femmes et les enfants triment pour gagner quelques sous.


...quelques mètres plus loin, les enfants
arpentent les rues pour essayer de vendre
quelques fruits

80% de la région de Takeo est inondée à la saison des pluies. Donc, si Takeo, la capitale est assez moderne, avec des bâtiments en dur et la rue principale bien goudronnée, des que l'on emprunte les rues transversales, ce ne sont plus que des chemins de terre rouge et de pauvres masures sur pilotis.



enseigne d'un coiffeur...
toujours les mêmes qui font rêver !
3000R le paquet (environ 70
centimes d'euros) c'est parmi
les cigarettes les plus chères!


Il ne faut pas longtemps pour sentir la misère qui règne ici (comme dans tout le pays), même si les Khmers gardent le sourire et rêvent du glamour et du luxe de nos société occidentales....

Allez hop ! Alain Delon, c'est dans la poche !


dimanche 10 février 2013

Delta du Mekong


Après l'effervescence de Saigon, je me dirige vers le sud, vers le Delta du Mekong. Ah ! rien que ce nom, ça fait rêver...


Au sud de Saigon,
je suis presqu'arrivee dans le Delta !
Je ne sais pas top à quoi m'attendre, la seule chose que je sais, c'est qu'il y a quelques "incontournables", des endroits ou tout est organisé: ballades en bateau et visite des villages, vous savez: les touristes qui vont voir ces pauvres vietnamiens, comme si c'était des singes au zoo....Je me renseigne donc à Saigon pour savoir quels sont ces endroits incontournables, et je trouve, dans le quartier des touristes, pléthore d'agences de voyages qui me renseignent bien gentiment sur ces endroits. Super ! Comme ça je sais ou ne pas aller ! ah, ah, ah !

les maisons qu'on aperçoit à peine,
perdues au milieu de la jungle
les nombreux canaux qui quadrillent
le delta
Thai m'a cueilli et ouvert
une noix de coco
Bon, je prends un minibus bien miteux qui me laisse dans une petite ville au bord d'une des branches du Mekong. Je me pose pour boire un café glacé  - je ne peux plus m'en passer tellement il est bon ce café Vietnamien - histoire de me rafraîchir les idées, quand je suis abordée par Thai. Il me propose de m'emmener chez lui, dans son village à une dizaine de Km de là, il a trois chambres qu'il loue aux occasionnels voyageurs. Il me prévient qu'il n'y a pas d'eau chaude, les sanitaires sont à partager avec sa famille, qu'il n'y a rien aux alentours sauf la nature, mais sa femme est une très bonne cuisinière et il a un jardin ou je pourrai cueillir autant de fruits que je voudrai. Je dis Banco ! c'est juste ce qu'il me faut.



Nous voila partis sur sa moto, les premiers Km sont goudronnés, mais laissent rapidement place aux chemins, soit recouverts d'un espèce de ciment caillouteux, soit juste en terre. Et on roule sous les cocotiers, à travers de petits hameaux aux maisons de bois disséminés entre les canaux.
à bicyclette....
chargement des noix de coco
sur le Mekong
À peine arrivées chez lui, Thai va me cueillir une noix de coco pour que je me désaltère, quel bonheur ! Il me fait faire le tour de son jardin, me montre les arbres, manguiers, papayers, cocotiers, cacaoyers, litchiers ?... et d'autres dont je ne connais pas les noms. J'ai le droit de cueillir autant de fruits que je veux...je goûterai donc pour la première fois de ma vie une papaye, et une cabosse de cacao, je me gave aussi de mangues, noix de coco et ananas !

embarcadère (le bac au premier plan)
et les cocotiers à perte de vue, derrière



Livraison de briques, le bateau est
bien grand pour ce petit canal
Thai me prête un vélo, un chapeau, et me voila partie explorer les environs. Il n'y a pas de vraies routes, ce sont donc les canaux qui permettent d'approvisionner les hameaux isolées, et de transporter les noix de coco, principale richesse du coin



Au bord des chemins, on m'offre
un hamac et de quoi me rafraîchir

le riz en attente de repiquage
Parfois je prends le bac pour traverser les bras du mekongs, pour me retrouver de nouveau au milieu des cocotiers, invitée ici ou là à me reposer dans un hamac et à déguster une fois de plus le précieux fruit. Il y a aussi quelques rizières, bien cachées au milieu des palmiers. Ici la nature est généreuse, et on fait 3 récoltes par an. De meme pour les fruits, sur les arbres, il y a des fruits et des fleurs qui donneront d'autres fruits....il n'y a donc pas de saison unique pour la recolte, ca ne s'arrete jamais !

J'ai passe 4 jours formidables dans ce petit coin de paradis, mais il est temps de repartir car il ne me reste que peu de jours sur mon visa et le Delta a d'autres trésors à dévoiler.





les maisons de tôle, agglutinées
au bord de l'eau
bassins, bassins, bassins...
En partant toujours plus au sud du Delta, je vois les paysages qui changent. La végétation luxuriante des forets de cocotiers s'estompe, j'arrive dans le domaine du poisson et de la crevette. Plus de petits hameaux perdus dans la jungle, mais des gros bourgs sur pilotis, fini les jolies maisons en bois et feuilles de palmiers, ici c'est tôle ondulée et matériaux de recup. Fini aussi l'ombre des cocotiers, il y a plus d'eau que de terre, entre les bras du Mekong, les canaux et les bassins à crevettes....c'est plat, sans beaucoup de charme.


Heureusement, après quelques étapes, j'arrive à Ca Mau, où je fais de belles rencontres. D'abord, M. Minh Tuan, un charmant monsieur qui, lorsqu'il était jeune a travaillé comme mécanicien sur une base Américaine. Après la guerre il en a payé le prix, a été déporté. Deux de ses enfants ont péri en mer en essayant de fuir sur un petit bateau. Mais il sourit. Il a été réhabilité et a repris ses études, il est diplômé en mathématiques, économie et génie civil, il pose fièrement pour moi... Bravo Monsieur pour votre courage et votre ténacité.


pour passer d'une rive à l'autre
Les maisons cote eau


Ici, il y a des rues terrestres et il y a le fleuve, qui est aussi une rue, voire un boulevard aux heures de pointe ! pour traverser, comme il n'y a pas de passage piéton, on prend une barque, propulsée par une rameuse debout.






Le marché sur l'eau
Toutes les maisons donnent d'un coté sur la rue, de l'autre sur le fleuve, et c'est pareil pour le marché: d'un cote les marchandises qui arrivent ou partent par bateau, de l'autre, les étals, cote rue.C'est là que je rencontre Linh. Il est Canadien et....missionnaire. Il est parti en 1976 sur un petit bateau, 9 places, 31 personnes à bord, 7 jours en pleine mer avant d'être secouru par un cargo.




On continue à déboiser....c'est
un vrai désastre !
ici, pas de ponts ni de barques, juste un
tronc d'arbre....bon, finalement, je
reste de ce coté ci...
Il a donc eu de la chance. Maintenant, il revient dans ce pays qui fut le sien pour aider les plus démunis. Il me propose de l'accompagner le lendemain, visiter une famille. Nous partons donc à trois motos ( avec d'autres personnes de son église) sur les chemins des alentours.  Il m'explique le problème actuel de la région: l'élevage de crevettes à été encouragé à outrance, on a déboisé, on a creusé de plus en plus de bassins, ce qui a entraîné un déséquilibre écologique. Il y a maintenant trop de sel dans l'eau, la régulation naturelle entre eau douce et eau de mer ne se fait plus.



dans la maison toute neuve,
Linh à gauche
 En conséquence, il n'y a plus qu'une récolte de riz par an, ce qui ne suffit pas à nourrir les familles. Car, ne nous leurrons pas, les crevettes et les gambas pêchées ici finiront plutôt dans vos assiettes que dans celle des gens d'ici. Ici, le riz est l'aliment principal, pêche ou pas pêche. Il y a donc ( comme partout), ceux qui s'enrichissent grâce au fameux crustacé et ceux qui s'appauvrissent à cause de lui. Nous visitons une famille dont la maison s'est écroulée faute de moyens pour l'entretenir. L'Église lui en a construit une toute neuve: une dalle et des poutres en béton, le reste en tôle, et l'électricité pour l'éclairage, un vrai palace !
le riz seche sur la route...
Nous repartons vers la ville, non sans avoir slalomé entre les étalages de riz qui sèchent sur les routes...et quand je dis sur les routes, c'est vraiment ça: chaque partie vaguement goudronnée est mise à profit !

Je suis heureuse de rentrer avant la nuit car je voulais visiter le temple Cao Dai, décidément ce sera une journée baignée de religion....

C'est pas Jesus le blond aux yeux bleus?
(le deuxième en partant du bas)
C'est V. Hugo ou c'est Napoleon?
Secte ou religion? Le Caodaisme est un peu bizarre, cette religion s'inspire des religions voisines comme le bouddhisme ou le taoisme, mais aussi du christianisme. C'est une religion nouvelle puisqu'elle fut fondée dans les années 20 ( période de la présence Francaise), par un Vietnamien qui aurait vu un "esprit". Lequel esprit (représenté par un oeil) est donc maintenant vénéré, mais on trouve bien d'autres personnages dans les temples Cao Dai...

l'oeil était dans la tombe....?
Les néons, ça donne plus
de crédibilité au décor ?
L'intérieur des temples est un mélange de genres, et c'est très kitsch....des dragons, des guerriers, des oiseaux,Victor Hugo en chapeau de Napoleon, les croix gammées....le tout entouré de néons sous de plafonds peints en bleu ciel..., Je n'avais jamais entendu parler de cette religion, donc, lorsque je vois un temple Caodai, je m'y rends dans l'espoir de trouver quelqu'un pour m'en dire un peu plus mais c'est peine perdue, les croyants que je croise ne parlent jamais anglais. dommage...


À gauche les maison sur pilotis
à droite une maison flottante
quelques maisons coquettes...
sur le fleuve


Je quitte Ca Mau en bateau-bus. Vu qu'il y a autant de canaux que de routes, c'est plus simple et plus sympa. Je ne fais qu'une courte escale à Rach Gaia avant d'arriver à Chau Doc qui sera ma dernière étape au Vietnam. De nouveau, je vois les paysages qui changent, plus de végétation, et une ambiance plus douce. Ici, on élève des poissons....à la maison !

Ben oui, pourquoi se fatiguer à aller à la pêche ? Ils ont trouvé mieux: Poser sa maison sur l'eau, tendre des filets dessous et y élever les poissons. Bien vu !
la trappe pour nourrir les poissons
ils se ruent sur la pâtée !
Alors la région de Chau Doc, ça donne ça: Coté terre, des maisons sur pilotis très hauts, car à la saison des pluies, l'eau monte de façon vertigineuse. Et coté eau: des villages flottants, avec maisons (flottantes aussi, bien sur) alignées sagement comme le long d'une rue, et dans la pièce de devant, une trappe qui permet de nourrir les poissons. Quand ils sont gros, y'a plus qu'a ramasser !
hauteur réglementaire pour
le réseau électrique ?
Bien sur la majorité des habitations ne sont qu'amas de tôle, mais il y a aussi de jolies maisons avec des pots de fleurs sur le balcon. Les villages au milieu du fleuve sont alimentes en électricité par un réseau de fils suspendus depuis la terre....pas très rassurant parfois quand on voit à quelle hauteur ils sont !
Bien sur, l'approvisionnement se fait par bateau, des gros, des petits, il y en a de toute sorte, mais tous avec leurs beaux yeux rouge ! c"est pour éloigner les démons du fleuve ....une constante dans tout le Delta.
Maman les p'tits bateaux ont-ils des yeux?...mais oui mon gros bétât, s'ils n'en avaient pas, il ne te verraient pas !
Retour sur la terre ferme, c'est mon dernier soir au Vietnam. Sur les trottoirs les gamins s'entraînent au tambour pour le nouvel an Chinois qui a lieu dans trois jours, mais mon visa expire demain, c'est donc au Cambodge que je le fêterai. Je ne serai malheureusement pas là pour le Tet, la plus importante fête au Vietnam.

                                 Au lever du soleil, je saute à l'arrière d'une moto pour rejoindre la frontière par des petits chemins détournés car je voudrai m'arrêter voir Bouddha ( c'est pas un RDV important ça ? ;-).
Regardez bien, à l'entrée de la grotte sous le Bouddha...non, non, ce ne sont pas des fourmis...ce sont de gens de taille normale !
Le |Bouddha, lui, a une hauteur d'un immeuble de 6 à 7 étagés...quand à sa largeur....euh, disons qu'il se porte bien !
Et voila, avec son sourire et sa bénédiction, je repars vers un nouveau pays et de nouvelles aventures !