samedi 28 juillet 2012

La porte de l'enfer, Turkmenistan, suite

Lorsque j'attendais mon visa Turkmene en Iran, j'ai rencontré Moss, un photographe Neo-Zelandais. Il s'est vu refuser un visa touristique par deux fois  les années précédentes et s'est résolu à demander finalement un visa de transit car il veut absolument photographier la porte de l'enfer.
Ça tombe bien, c'est là que je veux aller aussi. On décide donc qu'on fera le chemin ensemble. Il loue un 4x4 avec chauffeur ( impossible de louer une voiture sans chauffeur, c'est une façon de surveiller où on va....), et hop, c'est pas vraiment du stop mais au moins je suis sure d'arriver où je veux.


on fait la course ?
Nous quittons donc la capitale par une large route qui s'enfonce directement dans le désert. Il n'y a pas de transition: des que les plantations de la capitale s'arrêtent, il n'y a plus, devant nous, que du sable.
Les 6 voies impeccables à la sortie de la ville se réduisent à 2 voies en très mauvais état.

de la paille pour retenir les dunes
La route est peu fréquentée et c'est tant mieux car on roule plus souvent à gauche qu'à droite pour éviter les trous, les bosses, le goudron fondu....Le paysage est assez monotone, juste ponctué de barrières de paille pour retenir le sable....sinon la route serait rapidement ensablée.
Les chameaux s'approprient parfois la chaussée et nous forcent à rouler du cote le plus abîmé...n'ont aucun respect !



réservoir d'eau
les yourtes sont toujours là....à cote des maisons
Mmmm....y'a bon les dechets !












Arrêt carburant dans un village de nomades sédentarisées. Ils vivent des l'élevage de chameaux, au milieu de nulle part.....On les a forcés à habiter là, ils ont des maisons, mais il y a une yourte devant chaque habitation....difficile d'abandonner son héritage culturel !


Malheureusement sédentarisation rime avec pollution....

















Mais le lait des chamelles est quand même délicieux.

Nous n'avons pas le temps de nous attarder ...nous devons arriver à destination avant la nuit. C'est dommage, j'aurai bien aiméerester un  peu ici et pouvoir en apprendre plus sur ce village et ses habitants.

Nous reprenons donc la route, sous un soleil de plomb, il fait très très chaud !
Nous croisons le village de Darvaza, ou, plutôt, l'emplacement de l'ancien village de Darvaza: il y a quelques années, le président en visite dans le désert l'a trouve trop délabré à son goût. Plutôt que d'aider la population à le restaurer, il a ordonné sa destruction.
Quelques jours plus tard, une armada de bulldozers arrive et détruit tout, mais tout !
il  ne reste rien ! même pas un tas de cailloux......complètement rasée, du jour au lendemain et sans préavis. Comme quoi les délires du président ne touchent pas que la capitale !


du sable, encore du sable !
Encore des km de route, puis c'est la piste....
Et nous arrivons enfin aux portes de l'enfer.


En 1971, on est encore à l'ere sovietique, une équipe d'ingénieurs décide de faire quelques sondages afin de trouver de nouvelles nappes de gaz (principale richesse du pays) et perce accidentellement une cavité souterraine.
Le sol s'effondre formant un cratère et le gaz commence à s'échapper. Il est alors décidé d'enflammer le gaz afin d'éviter les risques d'explosion et de pollution.    On estime à ce moment là que cette torche géante devrait brûler quelques semaines.....
Ça fait 40 ans et ça brûle toujours ! bienvenue à la porte de l'enfer !



La chaleur du désert est déjà importante, mais des qu'on s'approche du cratère....c'est un peu comme lorsque qu'on ouvre la porte d'un four, mais en puissance 1000 !


Moss au bord du précipice, ça vous donne une idée de la taille
de la fournaise: env 50 m de long sur 30m de large

Lorsqu'on s'approche des bords du gouffre, la chaleur est telle qu'on a l'impression que nos vêtements s'enflamment....obligés de reculer !



au lever du soleil
Nous profitons du crépuscule et du début de nuit pour prendre des photos puis nous bivouaquons. Repos bien mérité après cette journée épuisante dans le désert, dans la tente je dors à même le sol car je ne transporte pas de tapis de sol. L'air se rafraîchi en cours de nuit, je suis obligée de me couvrir, mais le sol, lui, restitue la chaleur emmagasinée le jour, j'ai le dos en sueur !....c'est une sensation bizarre.
Réveil à 4 heures pour profiter du lever du soleil, en suite Moss retourne vers le sud alors que je dois continuer vers le nord. Il me laisse donc à 6 heures du mat' au milieu du désert...



paperasse pour la livraison
 de gravier
Il ne fait pas encore trop chaud, je m'apprête à attendre, mais le premier camion qui passe s'arrête. 10 minutes d'attente, même pas le temps de profiter du petit matin, allez c'est parti pour encore environ 700 Km de désert.
Le camion transporte des graviers pour construire la nouvelle route. On s'arrêtera donc pour de la paperasse....au milieu de nulle part, dans une espèce de roulotte, ou les papiers sont remplis à la main, avec du papier carbone, sur une valise en carton qui fait office de bureau. Pendant ce temps, je  bois du thé avec mes chauffeurs.
En avançant vers le nord, peu à peu le désert laisse place à la verdure.
Ce sont les champs de coton qui, à grand renfort d'irrigation, s'étendent sur des kilomètres carres.

pause thé sur la route
Mon chauffeur me laissera au premier carrefour. Et oui, après 1300 km de sable, enfin un carrefour !
C'est vraiment de ça qu'il s'agit, un carrefour avec un poste de police et c'est tout. Malgré tout, c'est un point névralgique des transports dans le pays, et je me retrouve avec une dizaines d'autres personnes sur le bord de la route à attendre un véhicule.
En fait, les gens ne font pas vraiment du stop, ils payent leur trajet. Quand une voiture s'arrête (c'est rare) c'est la ruée et chacun essaie de négocier les tarifs....


Je ne suis pas seule
à attendre...
Autant dire que je n'ai aucune chance, en ne parlant pas la langue. Après 2 heures d'attente, je change de tactique, remets mon sac sur le dos,de manière à ne pas perdre de temps à le ramasser, et lorsqu'une voiture stoppe, je me précipite, ouvre la portière et monte dans le véhicule. On négociera après !
Ça se révélera être la bonne tactique, je suis de nouveau en route !

Il me reste encore environ 100 km avant la frontière Ouzbek. Le poste frontière où je vais me présenter n'est pas celui qui est noté sur mon visa, mais ce n'est que mon 4eme jour au Turkmenistant, si je suis refusée à la frontière, j'ai encore un jour pour essayer une autre sortie plus à l'Est.
Finalement, tout se passe bien, je rejoins la frontière en quelques heures et je traverse sans encombre.
Adieu le Turkmenistan.

3 commentaires:

  1. Incroyable ce cratère ! Les photos sont géniales.
    Gros bisous. Julie

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  2. Tes récits sont absolument passionnants.

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