devant le terminal des ferry à Melaka, Malaisie |
Après avoir sillonné la Malaisie péninsulaire, il est temps de reprendre la route, ou plutôt la mer, car je suis arrivée au bout de la terre ferme. Devant moi, maintenant, il n'y a plus que des îles: les 17 000 îles qui constituent l'Indonesie, un pays immense.
J'embarque donc sur un ferry, direction Sumatra. À Melaka, coté Malaisie, un terminal moderne et flambant neuf, les officiers des douanes attendent derrière leurs bureaux bien rangés, peu de passagers, embarquement dans le calme.
À l'arrivée à Dumai, Sumatra, Indonesie, fini les beaux bâtiments modernes |
Après deux heures de traversée du détroit de Melaka, à Dumai, coté Indonesie, le débarcadère est un simple ponton couvert de tôle ondulée où les porteurs se massent en espérant obtenir un travail pour la journée.
Je suis la seule occidentale à descendre du ferry, et sur mon passage j'entends, pour la première fois : "boulé, boulé", il va falloir que je m'y habitue, c'est ainsi qu'ils désignent les blancs.
Arrivée dans le bâtiment administratif, c'est la cohue, les passagers sont massés devant les box de l'émigration, des rabatteurs récupèrent des passeports qui seront tamponnés en priorité contre quelques roupiah, des douaniers fouillent des sacs à même le sol...
Un rabatteur me propose de m'obtenir un VOA (visa on arrival) pour 1 million de roupiahs, ça doit sûrement être 10 fois le tarif officiel...bien essayé, mais j'ai déjà un visa, merci. Je suis donc conduite vers un bureau un peu à part, où s'affaire un officier qui tamponne des passeports. Les liasses changent de main, l'atmosphère est enfumée, on se croirait plus dans un tripot que dans un bureau des douanes. L'officier me pose quelques questions sur mon trajet à Sumatra et tamponne mon passeport, Sumatra, me voila.
Il est 13 heures, j'ai quitté la guest house ce matin à 9h, et je suis en route pour un voyage qui durera (mais je ne le sais pas encore) plus de 30 heures.
Dumai, une ville qui ne donne pas envie de s'y attarder |
À peine sortie du terminal, j'entame une négociation féroce avec les nombreux mototaxi qui attendent à la sortie du terminal. Ils veulent 100 000 roupiah, j'en offre 5 000, ils rient, on termine à 20 000.
Un grand merci à Maknu, un indonésien rencontré à Melaka, et qui m'avait prévenue qu'il fallait négocier sec. Il m'avait aussi donné quelques tarifs (un simple repas, les cigarettes, un trajet mototaxi en ville...) pour mes débuts ici, ainsi que des notions de bahasa Indonesia (la langue officielle), il est toujours plus facile de négocier quand on sait compter dans la langue du pays!
beaucoup de succès avec ma carte d'indonesie |
Comme toujours, déployer une carte suscite beaucoup d'intérêt de la part des locaux. C'est presque toujours comme si ils en voyaient une pour la première fois, ce qui est peut être parfois le cas.
Mon premier bus à Sumatra, la peinture empêche la carrosserie de tomber en miettes |
Le temps d'arrimer les nombreux paquets sur le toit et nous partons.... pour nous arrêter 500metres plus loin, dans la fameuse gare routière toujours aussi vide et déserte. Là, nous attendrons encore une bonne demi-heure avant de finalement repartir.
Le soleil se couche, la nuit tombe très vite ici, et tout d'un coup, il fait noir, mais nous sommes enfin sur la route.
Le bus roule vite sur la route en lacets, à peine assez large pour laisser les voitures se croiser. Ça n'empêche pas le chauffeur de doubler, ou d'essayer de doubler sans arrêt. La technique est simple: Un grand coup de klaxon, on déboîte d'abord et on regarde ensuite.
Il fait chaud, les hommes fument des Gudan Garam, cigarettes au clou de girofle, l'air devient vite irrespirable, et le bus se rempli de plus en plus. C'est une des raisons de leur conduite plutôt kamikaze: les villageois attendent au bord de la route, c'est le premier bus arrivé qui les ramassera, il faut donc doubler, doubler, doubler.
Fier de sa capture, 3 chauves souris |
Ligotées, elles seront mangées bientôt |
Là je découvre que les passagers derrière moi sont montés non pas avec des poules, mais avec des chauves souris destinées à être mangées en arrivant. De la taille d'un petit chat, pelage roux et dents de vampire, ils me disent que ces animaux mangent des fruits....ça me parait bizarre car j'ai toujours pensé que les chauves souris mangeaient des insectes, mais je vérifie plus tard sur internet et découvre qu'il s'agit effectivement d'une espèce qui mange des fruit, on l'appelle grand renard volant, ou roussette de Malaisie, ou fruit bat en anglais, et c'est la plus grande espèce de chauve-souris du monde..
Le manager de la banque, qui m'a servi d'interprète, c'est lui qui m'a demandé de le photographier |
8 heures du mat, on s'arrête, tout le monde descend du bus, ouf, soulagée d'être arrivée. Je demande ou se trouve le lac, et tout le monde éclate de rire, il n'y a pas de lac.
Après de laborieuses tentatives d'explication, où on me répète sans arrêt quelque chose comme "pompog, pompong", je ne comprends rien...on m'amène dans une banque où quelqu'un parle anglais.
Le gardien de la banque, et Leonardo qui tente de m'enseigner sa langue |
Je me retrouve donc devant la banque, avec un attroupement autour de moi, chacun veut sa photo, avec moi, sans moi, assis, debout, tout seul, en groupe....il y a Leonardo, Elvis, Helmut et Frida, Maria...
Attendez, là, on se moque de moi ou quoi? Ça fait pas très musulman ces prénoms là !
Beaucoup de fous rires, lorsque je pense que le médecin s'appelle Gigi Monika....non, non, non, ils se tapotent les dents et font des grimaces ridicules...
En fait gigi ce sont les dents, et dokter gigi, c'est donc le dentiste !
Bref, le temps passe vite et il est presque midi lorsque mon mini bus arrive.
ok, jolie famille, mais je préférerai qu'il regarde la route ! |
Le chauffeur fonce sur la petite route au milieu des rizières, et double à grands coups de klaxon, tout en hurlant dans son téléphone portable. Il entreprend ensuite de me présenter sa famille, il étale les photos sur le tableau de bord, un camion arrive en face, il klaxon et se déporte sur le bas coté, ouf, on est encore en vie. Personne ne bronche, c'est la conduite habituelle.
Je suis épuisée, après ma nuit dans le bus, et il me tarde d'arriver, mais il nous faudra 2 heures pour les 120 Km. J'avoue qu'elles me paraissent bien longues.
Lorsqu'on arrive enfin, il me faut encore marcher jusqu'à l'embarcadère car je me rends sur l'île au milieu du lac, et attendre une petite heure que le bateau arrive. J'embarque sur le bac qui dessert l'île, je suis aussitôt rejointe par Mike qui tient une guest house sur l'île. Nous seront les deux seuls passagers pour la demi-heure de traversée.
Dernière étape: la traversée du lac |
Partie hier matin à 9 heures, le voyage aura duré 31 heures !