dimanche 10 février 2013

Delta du Mekong


Après l'effervescence de Saigon, je me dirige vers le sud, vers le Delta du Mekong. Ah ! rien que ce nom, ça fait rêver...


Au sud de Saigon,
je suis presqu'arrivee dans le Delta !
Je ne sais pas top à quoi m'attendre, la seule chose que je sais, c'est qu'il y a quelques "incontournables", des endroits ou tout est organisé: ballades en bateau et visite des villages, vous savez: les touristes qui vont voir ces pauvres vietnamiens, comme si c'était des singes au zoo....Je me renseigne donc à Saigon pour savoir quels sont ces endroits incontournables, et je trouve, dans le quartier des touristes, pléthore d'agences de voyages qui me renseignent bien gentiment sur ces endroits. Super ! Comme ça je sais ou ne pas aller ! ah, ah, ah !

les maisons qu'on aperçoit à peine,
perdues au milieu de la jungle
les nombreux canaux qui quadrillent
le delta
Thai m'a cueilli et ouvert
une noix de coco
Bon, je prends un minibus bien miteux qui me laisse dans une petite ville au bord d'une des branches du Mekong. Je me pose pour boire un café glacé  - je ne peux plus m'en passer tellement il est bon ce café Vietnamien - histoire de me rafraîchir les idées, quand je suis abordée par Thai. Il me propose de m'emmener chez lui, dans son village à une dizaine de Km de là, il a trois chambres qu'il loue aux occasionnels voyageurs. Il me prévient qu'il n'y a pas d'eau chaude, les sanitaires sont à partager avec sa famille, qu'il n'y a rien aux alentours sauf la nature, mais sa femme est une très bonne cuisinière et il a un jardin ou je pourrai cueillir autant de fruits que je voudrai. Je dis Banco ! c'est juste ce qu'il me faut.



Nous voila partis sur sa moto, les premiers Km sont goudronnés, mais laissent rapidement place aux chemins, soit recouverts d'un espèce de ciment caillouteux, soit juste en terre. Et on roule sous les cocotiers, à travers de petits hameaux aux maisons de bois disséminés entre les canaux.
à bicyclette....
chargement des noix de coco
sur le Mekong
À peine arrivées chez lui, Thai va me cueillir une noix de coco pour que je me désaltère, quel bonheur ! Il me fait faire le tour de son jardin, me montre les arbres, manguiers, papayers, cocotiers, cacaoyers, litchiers ?... et d'autres dont je ne connais pas les noms. J'ai le droit de cueillir autant de fruits que je veux...je goûterai donc pour la première fois de ma vie une papaye, et une cabosse de cacao, je me gave aussi de mangues, noix de coco et ananas !

embarcadère (le bac au premier plan)
et les cocotiers à perte de vue, derrière



Livraison de briques, le bateau est
bien grand pour ce petit canal
Thai me prête un vélo, un chapeau, et me voila partie explorer les environs. Il n'y a pas de vraies routes, ce sont donc les canaux qui permettent d'approvisionner les hameaux isolées, et de transporter les noix de coco, principale richesse du coin



Au bord des chemins, on m'offre
un hamac et de quoi me rafraîchir

le riz en attente de repiquage
Parfois je prends le bac pour traverser les bras du mekongs, pour me retrouver de nouveau au milieu des cocotiers, invitée ici ou là à me reposer dans un hamac et à déguster une fois de plus le précieux fruit. Il y a aussi quelques rizières, bien cachées au milieu des palmiers. Ici la nature est généreuse, et on fait 3 récoltes par an. De meme pour les fruits, sur les arbres, il y a des fruits et des fleurs qui donneront d'autres fruits....il n'y a donc pas de saison unique pour la recolte, ca ne s'arrete jamais !

J'ai passe 4 jours formidables dans ce petit coin de paradis, mais il est temps de repartir car il ne me reste que peu de jours sur mon visa et le Delta a d'autres trésors à dévoiler.





les maisons de tôle, agglutinées
au bord de l'eau
bassins, bassins, bassins...
En partant toujours plus au sud du Delta, je vois les paysages qui changent. La végétation luxuriante des forets de cocotiers s'estompe, j'arrive dans le domaine du poisson et de la crevette. Plus de petits hameaux perdus dans la jungle, mais des gros bourgs sur pilotis, fini les jolies maisons en bois et feuilles de palmiers, ici c'est tôle ondulée et matériaux de recup. Fini aussi l'ombre des cocotiers, il y a plus d'eau que de terre, entre les bras du Mekong, les canaux et les bassins à crevettes....c'est plat, sans beaucoup de charme.


Heureusement, après quelques étapes, j'arrive à Ca Mau, où je fais de belles rencontres. D'abord, M. Minh Tuan, un charmant monsieur qui, lorsqu'il était jeune a travaillé comme mécanicien sur une base Américaine. Après la guerre il en a payé le prix, a été déporté. Deux de ses enfants ont péri en mer en essayant de fuir sur un petit bateau. Mais il sourit. Il a été réhabilité et a repris ses études, il est diplômé en mathématiques, économie et génie civil, il pose fièrement pour moi... Bravo Monsieur pour votre courage et votre ténacité.


pour passer d'une rive à l'autre
Les maisons cote eau


Ici, il y a des rues terrestres et il y a le fleuve, qui est aussi une rue, voire un boulevard aux heures de pointe ! pour traverser, comme il n'y a pas de passage piéton, on prend une barque, propulsée par une rameuse debout.






Le marché sur l'eau
Toutes les maisons donnent d'un coté sur la rue, de l'autre sur le fleuve, et c'est pareil pour le marché: d'un cote les marchandises qui arrivent ou partent par bateau, de l'autre, les étals, cote rue.C'est là que je rencontre Linh. Il est Canadien et....missionnaire. Il est parti en 1976 sur un petit bateau, 9 places, 31 personnes à bord, 7 jours en pleine mer avant d'être secouru par un cargo.




On continue à déboiser....c'est
un vrai désastre !
ici, pas de ponts ni de barques, juste un
tronc d'arbre....bon, finalement, je
reste de ce coté ci...
Il a donc eu de la chance. Maintenant, il revient dans ce pays qui fut le sien pour aider les plus démunis. Il me propose de l'accompagner le lendemain, visiter une famille. Nous partons donc à trois motos ( avec d'autres personnes de son église) sur les chemins des alentours.  Il m'explique le problème actuel de la région: l'élevage de crevettes à été encouragé à outrance, on a déboisé, on a creusé de plus en plus de bassins, ce qui a entraîné un déséquilibre écologique. Il y a maintenant trop de sel dans l'eau, la régulation naturelle entre eau douce et eau de mer ne se fait plus.



dans la maison toute neuve,
Linh à gauche
 En conséquence, il n'y a plus qu'une récolte de riz par an, ce qui ne suffit pas à nourrir les familles. Car, ne nous leurrons pas, les crevettes et les gambas pêchées ici finiront plutôt dans vos assiettes que dans celle des gens d'ici. Ici, le riz est l'aliment principal, pêche ou pas pêche. Il y a donc ( comme partout), ceux qui s'enrichissent grâce au fameux crustacé et ceux qui s'appauvrissent à cause de lui. Nous visitons une famille dont la maison s'est écroulée faute de moyens pour l'entretenir. L'Église lui en a construit une toute neuve: une dalle et des poutres en béton, le reste en tôle, et l'électricité pour l'éclairage, un vrai palace !
le riz seche sur la route...
Nous repartons vers la ville, non sans avoir slalomé entre les étalages de riz qui sèchent sur les routes...et quand je dis sur les routes, c'est vraiment ça: chaque partie vaguement goudronnée est mise à profit !

Je suis heureuse de rentrer avant la nuit car je voulais visiter le temple Cao Dai, décidément ce sera une journée baignée de religion....

C'est pas Jesus le blond aux yeux bleus?
(le deuxième en partant du bas)
C'est V. Hugo ou c'est Napoleon?
Secte ou religion? Le Caodaisme est un peu bizarre, cette religion s'inspire des religions voisines comme le bouddhisme ou le taoisme, mais aussi du christianisme. C'est une religion nouvelle puisqu'elle fut fondée dans les années 20 ( période de la présence Francaise), par un Vietnamien qui aurait vu un "esprit". Lequel esprit (représenté par un oeil) est donc maintenant vénéré, mais on trouve bien d'autres personnages dans les temples Cao Dai...

l'oeil était dans la tombe....?
Les néons, ça donne plus
de crédibilité au décor ?
L'intérieur des temples est un mélange de genres, et c'est très kitsch....des dragons, des guerriers, des oiseaux,Victor Hugo en chapeau de Napoleon, les croix gammées....le tout entouré de néons sous de plafonds peints en bleu ciel..., Je n'avais jamais entendu parler de cette religion, donc, lorsque je vois un temple Caodai, je m'y rends dans l'espoir de trouver quelqu'un pour m'en dire un peu plus mais c'est peine perdue, les croyants que je croise ne parlent jamais anglais. dommage...


À gauche les maison sur pilotis
à droite une maison flottante
quelques maisons coquettes...
sur le fleuve


Je quitte Ca Mau en bateau-bus. Vu qu'il y a autant de canaux que de routes, c'est plus simple et plus sympa. Je ne fais qu'une courte escale à Rach Gaia avant d'arriver à Chau Doc qui sera ma dernière étape au Vietnam. De nouveau, je vois les paysages qui changent, plus de végétation, et une ambiance plus douce. Ici, on élève des poissons....à la maison !

Ben oui, pourquoi se fatiguer à aller à la pêche ? Ils ont trouvé mieux: Poser sa maison sur l'eau, tendre des filets dessous et y élever les poissons. Bien vu !
la trappe pour nourrir les poissons
ils se ruent sur la pâtée !
Alors la région de Chau Doc, ça donne ça: Coté terre, des maisons sur pilotis très hauts, car à la saison des pluies, l'eau monte de façon vertigineuse. Et coté eau: des villages flottants, avec maisons (flottantes aussi, bien sur) alignées sagement comme le long d'une rue, et dans la pièce de devant, une trappe qui permet de nourrir les poissons. Quand ils sont gros, y'a plus qu'a ramasser !
hauteur réglementaire pour
le réseau électrique ?
Bien sur la majorité des habitations ne sont qu'amas de tôle, mais il y a aussi de jolies maisons avec des pots de fleurs sur le balcon. Les villages au milieu du fleuve sont alimentes en électricité par un réseau de fils suspendus depuis la terre....pas très rassurant parfois quand on voit à quelle hauteur ils sont !
Bien sur, l'approvisionnement se fait par bateau, des gros, des petits, il y en a de toute sorte, mais tous avec leurs beaux yeux rouge ! c"est pour éloigner les démons du fleuve ....une constante dans tout le Delta.
Maman les p'tits bateaux ont-ils des yeux?...mais oui mon gros bétât, s'ils n'en avaient pas, il ne te verraient pas !
Retour sur la terre ferme, c'est mon dernier soir au Vietnam. Sur les trottoirs les gamins s'entraînent au tambour pour le nouvel an Chinois qui a lieu dans trois jours, mais mon visa expire demain, c'est donc au Cambodge que je le fêterai. Je ne serai malheureusement pas là pour le Tet, la plus importante fête au Vietnam.

                                 Au lever du soleil, je saute à l'arrière d'une moto pour rejoindre la frontière par des petits chemins détournés car je voudrai m'arrêter voir Bouddha ( c'est pas un RDV important ça ? ;-).
Regardez bien, à l'entrée de la grotte sous le Bouddha...non, non, ce ne sont pas des fourmis...ce sont de gens de taille normale !
Le |Bouddha, lui, a une hauteur d'un immeuble de 6 à 7 étagés...quand à sa largeur....euh, disons qu'il se porte bien !
Et voila, avec son sourire et sa bénédiction, je repars vers un nouveau pays et de nouvelles aventures !





2 commentaires:

  1. Bonjour Mariecoco.. toujours moi, Brigitte (et Ramon) rencontrée à Lijiang... je te suis avec vraiment tant de plaisir, nous avons été au Vietnam il y a.. quelques années. Par contre nous n'avons jamais été au Cambodge, alors là je vais te suivre de près, car tu vas surement éviter le tourisme, même s'il est passionné d'archéo..! et nous tracer notre future route ! ta Vie est bien belle et je sais que tu en engranges au maximum.. à bientot !

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  2. Bonjour Marie coco ,

    Je te retrouve enfin ! dans ton merveilleux périple !
    Tu me fais toujours autan rêvé et voyagé merci ..
    Quel contraste ! Quel diversité de couleurs de senteurs de formes !
    Très belle aventure humaine <3<3<3<3
    Prend soin de toi et bonne continuation dans ton merveilleux périple ..
    Namasté bisous .

    Sylvie

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