samedi 13 juillet 2013

Les éléphants de la rivière Kwai

La rivière Kwai...ça vous dit quelque chose ?
Le pont de la rivière Kwai
Comme chantait Aznavour:" je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître..."

Le film du dimanche soir et ses énièmes rediffusions de vieux films américains, parmi eux: Le pont de la rivière Kwai. Les ingénieurs de l'armée Anglaise qui construisent un pont quelque part au milieu de la jungle, pour leurs tortionnaires Japonnais, on se dit que ce n'est qu'un film. Mais cela s'est
réellement produit, le pont existe bien et c'est en Thailande que ça s'est passé.


Pas pressés de dégager la voie...
La réalité fut certainement différente de la bonne humeur qui est décrite dans le film, de nombreux soldats sont morts à la tache, comme en témoigne le cimetière de Kanchanaburi.

Le pont fut détruit par les alliés en 45 puis reconstruit. Il était en bois, il est maintenant en acier, et supporte toujours la ligne de chemin de fer qui rejoint Bangkok. Je me suis bien amusée à regarder les touristes ( beaucoup de Thailandais, Coreens, Japonnais, très peu d'occidentaux) se prendre en photo sur le pont. Il n'y a aucune sécurité, et à l'approche du train, c'est la frénésie, chacun veut sa photo avec la loco en arrière plan.
LA photo souvenir !
L'accident menace à tout instant même si le convoi roule doucement, mais que ne ferait-on pas pour revenir avec LA photo souvenir idéale !

La petite ville construite autour du pont offre aussi un musée très bien fait et qui me permet de réviser cette partie de l'histoire. En effet, en France, on a tendance à considérer la seconde guerre mondiale comme une guerre essentiellement "Européenne" et on a tendance à oublier les combats et les atrocités qui ont eu lieu loin de chez nous.

L'Histoire n'est cependant pas la raison majeure qui m'a amenée ici. Ma visite dans cette région est dédiée aux éléphants.
Ah ! la Thailande, ses plages, ses îles, ses temples et ses éléphants ! L'animal emblématique qui attire les touristes...dans tous les endroits un tant soit peu touristiques, on vous propose une balade à dos d'éléphant. Bien sur, à chaque fois, l'offre est assortie d'un laïus où l'on vous explique que les éléphants sont bien traités, et que les balades avec les touristes sont mieux pour eux que le travail dans les forets ou les mahouts maltraitent les éléphants et les épuisent à la tache.

Chouchoutés les éléphants ?

Alors voila ce que ça donne: Des éléphants parés de jolies couleurs et les mahouts, en costume de cirque. Bien sur, ça fait rêver, ça donne envie, et, pour attendrir encore plus le badaud, les éléphants sont régulièrement arrosés, ça fait un joli tableau, les éléphants sont vraiment chouchoutés et le vacancier ne résiste pas.

La réalité est bien différente.
Malheureusement, ça ne saute pas aux yeux, mais ces éléphants sont surexploités. Comme vous pouvez le voir sur la photo ci dessus, entre deux balades de touristes, les éléphants sont parqués en plein soleil. Ce sont des animaux de la foret, à l'état sauvage, ils vivent à l'ombre, et pour eux, travailler et vivre en plein soleil toute la journée est une vraie souffrance. Alors, l'arrosage plusieurs fois par jours, ce n'est pas pour leur faire plaisir, c'est juste pour les maintenir en vie. Sans cela, ils mourraient.
Au travail, sur le bitume brûlant
D'autre part, les nacelles  (environ 50 Kg) sont installées le matin et ne sont retirées que le soir. ce qui veut dire que, même entre deux balades, la bête supporte ce poids, plus le poids du mahout qui ne quitte pas son éléphant, le tout posé sur la colonne vertébrale (pourtant fragile) de l'animal. Rajoutez à cela que l'animal vous transporte sur du bitume brûlant alors que ses pieds sont faits pour marcher sur les sols meubles de la jungle.

C'est pas joli, joli....mais lorsqu'en plus de cela, je surprends un mahout en train de taper sur la tête de son animal, j'ai comme envie de vomir.
Quand je dis taper, ce n'est pas une petite tape amicale, avec un espèce de pic à glace qu'il utilise comme un marteau, il tape tellement fort que ça raisonne, ça fait un bruit de tambour qui me donne envie de hurler. Bien sur, ceci n'est pas pratiqué devant les clients potentiels, mais comme ce n'est que la curiosité qui m'a amenée ici, n'ayant aucune intention de me promener sur le dos d'un pachyderme, j'ai fureté, suis allée à l'arrière du camp, j'ai observé, j'ai vu...et je me suis fait virée....mais j'ai eu le temps de voir ce qu'on voulait cacher: les animaux sont battus.

Alors, quel lien avec la rivière Kwai ?
Liberté, liberté chérie !
Il y a tout près d'ici un centre de sauvetage des éléphants. Fondé par un vétérinaire thailandais, le centre rachète les animaux maltraités pour leur permettre de finir leur vie paisiblement. Un éléphant qui a été domestiqué ne pourra malheureusement jamais retourner vivre dans la jungle, mais ici, ils vivent sans entraves, sans chaînes, sans travailler.

Les animaux qui arrivent ici sont parfois en piteux état, les oreilles arrachées ou les yeux crevés...ici, les mahouts n'utilisent leur pic à glace que pour diriger l'éléphant, jamais pour les battre. Ils font aussi attention à toujours rester sur le cou de la bête ou d'avoir un pied de chaque cote de la colonne vertébrale qui est fragile chez ces géants.

j'ai partagé le bain avec une éléphante, inoubliable !
J'apprends beaucoup sur cet animal très routinier, dans la nature, il mange, puis il va à la rivière boire et se baigner, puis il re-mange, retourne à la rivière...le tout à heures fixes. Il ne dort que 3 ou 4 heures par jour, le reste du temps étant destiné à se nourrir.

Au départ, les éléphants étaient utilisés pour travailler dans les forets, ils ont donc contribué, bien malgré eux à la destruction de leur habitat, mais les lois interdisant la déforestation ont envoyé les éléphants vers les villes et les touristes. Et il y a de plus en plus de touristes, et ils veulent tous leur petit tour à dos d'éléphant....Il faut donc en capturer de plus en plus.
La loi en Thailande autorise le transport et la vente d'éléphants nés en captivité....mais avec la corruption, il est facile d'obtenir un faux certificat, et le trafic va bon train. Comme les éléphants se font rares ici, beaucoup sont capturés en Birmanie pour venir travailler en Thailande.

Bon, je ne vais pas jouer les Brigitte Bardot, mais quand j'ai, à plusieurs reprises,  rencontré des touristes qui voulaient faire une balade à dos d'éléphant, j'ai essayé de leur expliquer dans quelles conditions vivent ces animaux, et que donc, ce n'était peut être pas une bonne idée. À chaque fois, j'ai eu les mêmes réponses:
" Oui mais c'est une occasion unique, on est en Thailande, on ne va pas rater ça".
" Oui, mais dans le parc où on va, les éléphants ne travaillent pas, ils font juste des balades, ils sont bien traités".

Même s'ils sont bien traités, vous ne pensez pas qu'ils seraient mieux en liberté ?
Liberté retrouvée grâce à éléphant world
" Là ou on est allés, c'est grâce à l'argent des touristes qu'ils peuvent nourrir les éléphants, sinon ils mourraient de faim"

Pas de doute, le discours des vendeurs de trek-éléphant, show-éléphants ou autre spectacle-éléphants est bien rodée, et les touristes égoïstes, prêts à gober n'importe quel argument et à fermer les yeux pour se faire plaisir.
Un jour il n'y aura plus d'éléphants, et chacun sera prompt à blâmer les différents gouvernements qui n'auront rien fait pour empêcher sa disparition. Bien sur les gouvernants ont leur part de responsabilité, mais dans l'exploitation touristique des éléphants, le premier coupable c'est le touriste.

Si vous partez en Thailande et voulez aider les éléphants, voici l'adresse:
http://elephantsworld.org/en/index.php
Il y a un camp similaire dans le nord, aux alentours de Chiang Mai.



 

1 commentaire:

  1. bonjour Mariecoco..revenant de temps en temps sur ton blog je revis ce que j'ai fait au long de ces années en plusieurs voyages et que tu fais, toi en un seul grand trip !!! alors j'ai pas vu et ressenti certaines choses et j'en ai vu et ressenti dont tu ne parles pas et ça c'est un bonheur.. mais les camps de réfugiés, le malheur des éléphants pour touristes, les différences entre pays limitrophes.. tout ça je le retrouve ..
    après la Thai, iras tu en Birmanie ?? je n'y suis pas retournée car les prix y ont explosés et trés peu de routes ouvertes.. alors prendre l'avion pour aller d'un point à un autre quand on pourrait le faire en bus/pays.. c'est trop militarisé pour moi .. je te suis et pense à toi.. brigitte girerd/Sanary 83

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