lundi 1 octobre 2012

Transports, logement et balade au Xinjian

Besoin d'un rasage ? rendez vous sur le trottoir d'en face !
Je quitte Kashgar en direction de sud, destination Yarkand. Je prends d'abord un bus pour sortir de la ville, on m'a bien renseignée, j'arrive sur la route principale et je me poste sur le bas-coté.
Beaucoup de camions, qui ne s'arrêtent pas, beaucoup de triporteurs, scooters et autres deux roues...pas très utile pour moi.
Une voiture s'arrête,j'annonce ma destination...et la voiture repart aussi sec ! Bon...
Le conducteur n'a sûrement pas compris ou je voulais aller. On recommence. Une deuxième voiture stoppe, cette fois ci je montre sur la carte l'endroit ou je veux aller, le conducteur repart....


Les barbiers dans la rue (Hotan)



Je décide donc d'appliquer la même tactique que dans les Balkans: quand une voiture s'arrête, monter dans le véhicule et discuter après. Plutôt concluant ! le chauffeur redémarre, je suis dans la voiture donc tout va bien, sauf qu'il fait demi tour....la conversation n'est pas possible vu que je ne parle pas un mot de Chinois et lui pas un mot d'anglais, je répète ma destination, il me fait signe qu'il a compris, continue de rouler vers le centre ville....et s'arrête à la gare routière !
Il descend et m'amène jusqu'au guichet ou il passe devant tout le monde pour que je puisse acheter un billet. J'essaie bien de lui expliquer que je ne veut pas prendre le bus, il comprend juste que je ne veut pas acheter le ticket et l'achète pour moi !
Bon, allez, devant tant de gentillesse, je m'incline, je partirai donc une heure plus tard, en bus .

Arrivee à Yarkand, je me mets en quête d'un endroit ou loger. Direction le centre ville, un hôtel, je rentre, la réceptionniste qui, bien sur, ne parle que Chinois, me regarde d'un regard vide, pas de sourire, pas la moindre amabilité dans son attitude. Je lui fait signe que je voudrai dormir....elle me regarde comme si j'étais une extra terrestre, j'insiste, elle me fait signe que non et baisse la tête vers on comptoir, fin de la communication !
Fillette en costume traditionnel, (Yarkand)
J'attire à nouveau son attention, espérant qu'elle m'indique un autre hôtel, mais c'est peine perdue...elle garde le nez baissé.
Je repars donc assez dépitée, je trouve d'autres hôtels où la situation se répète presqu' à l'identique. Je commence à désespérer, où vais-je passer la nuit ? mais la chance me souris enfin, il y a un autre hôtel, quelques centaines de mètres plus loin, et, sur la devanture une plaque explicative ( en anglais ): hôtel acceptant les étrangers.
Le lendemain matin, dans un internet café, je cherche des infos sur l'hébergement dans la région et j'apprends que dans la province du Xinjian, seuls les hôtels accrédités ont le droit d'héberger les étrangers....encore une discrimination pour cette région de minorités puisqu'il ne semble pas que ce soit le cas dans d'autres régions. Bon, voila, j'ai mon explication, et cela rejoint ce que m'ont dit les couchsurfers que j'ai contactés. Eux non plus n'ont pas le droit d'héberger des étrangers. Tout est fait pour qu'ils aient le moins possible de contacts avec l'extérieur !


Autant d'ânes que de scooters
 au marché de Hotan !
De Yarkand, ma prochaine destination est Hotan, aux portes du désert du Taklamakan.
À la sortie de la ville, je galère pendant 4 heures sans trouver de voiture, retour en centre ville pour prendre un bus !

Au vu de ces expériences pour le moins négatives concernant l'auto stop, je décide maintenant donc de voyager avec les transports en commun. De toute façon, les distances sont tellement importantes ici, qu'à un moment ou un autre, j'aurai été obligée de prendre le train, sous peine de passer mon temps sur la route au milieu de nulle part (presque 2 semaines que je suis en Chine, déjà !)



Hotel ouvert aux etrangers
À Hotan aussi la plupart des hôtels sont interdits aux étrangers, je recommence donc ma quête d'un lit pour la nuit. Pas facile, lorsque personne ne parle anglais et que les hôtels ne sont pas toujours identifiables ! Sur la photo de gauche: un hôtel...pas facile à reconnaître quand on marche dans les rues d'une ville inconnue,  celui ci est ouvert aux étrangers mais ce n'est pas indiqué, je passe devant sans le voir, je ne le découvrirai que le lendemain !
 Je finis par atterrir dans un hôtel 3 étoiles....il y a un lit king size et des savonnettes et du shampooing (luxe suprême ici) ...mais pas d'eau chaude....dans une salle de bain qui tombe en ruines ! Bon, ça fait longtemps maintenant que j'ai pris l'habitude des douches à l'eau froide, voire pas de douche du tout, mais à ce prix là, ça fait râler !
En tout cas, cela reflète bien la diversité des hébergements dans cette région. Quel que soit le nombre d'étoiles, et le prix, on ne sait jamais ce qui nous attend !
On peut trouver un lit dans un dortoir pour l'équivalent de 5 euros, tout comme on peut être obligée de prendre une chambre à 30 euros sans eau chaude et sans toilettes.

Dentiste dans la rue
Chez le coiffeur ?
non, chez le dentiste !
Tout ça ne m'empêche pas d'apprécier les petites villes du sud du désert. L'ambiance y est résolument Ouïghour, avec ses costumes traditionnels et son mode de vie ancestral, les ânes y sont aussi nombreux que les scooters et on se regroupe autour de petites échoppes.......pour regarder la télévision!
Je me régale à flâner dans les rues animées du matin au soir. Car ici on vit dehors, on mange dehors on se fait raser dehors, et on se fait soigner les dents dehors !

À propos de dentistes, il y en a un nombre incalculable ! Soit dans la rue, soit (plus chic) dans des boutiques ou l'on se fait soigner les dents en vitrine.
Ici, les salons de coiffure pour dames sont derrière des portes opaques, il est inconcevable qu'on puisse voir, de la rue une femme avec les cheveux mouillés, par contre, les passants peuvent voir tout un chacun la bouche ouverte, dans un fauteuil de dentiste ! 

Je décide ensuite de traverser le désert du sud au nord. Renseignements pris, les trains roulent de nuit, bien pratique mais ça  ne permet pas d'apprécier le paysage.
Je me rends donc à la gare routière....Comment vous décrire l'ambiance ?
Les guichets sont pris d'assaut par des hordes de gens qui hurlent, qui se bousculent, vous marchent sur les pieds pour passer devant.......bref, c'est la foire d'empoigne !
J'arrive tant bien que mal à m'avancer vers la billetterie, j'annonce ma destination et la guichetière me répond....en chinois bien sur ! Je lui fais signe que je ne comprends pas....Vraisemblablement,   elle ne comprend pas comment je peux ne pas comprendre le chinois, elle sert donc un autre client !
J'insiste, elle crie quelque chose dans son micro, euh ????  avec ma main droite je dessine un rond sur mon poignet gauche, c'est clair non ? À quelle heure ? Ben non, elle sert quelqu'un d'autre...Ce n'est donc pas ce qu'elle voulait savoir. Je sors un papier, écris l'heure qu'il est, soit 13:20 puis un point d'interrogation et lui tend le papier pour qu'elle écrive à son tour.......elle sert un autre client !
Je commence à me dire que finalement le stop c'est plus simple.
Tout d'un coup j'ai une idée, je sors mon téléphone, l'heure est affichée, je lui montre et là, elle comprend !!!!!!!!! elle tourne l'écran d;ordinateur vers moi et me montre deux horaires. Il y a un bus qui part à 16 heures, super, je prends celui là.

mes copines de bus
Lorsque j'arrive pour prendre le bus, pas de sièges, mais des couchettes ! Je fais connaissance avec mes voisines de lit, des Ouighoures qui tout de suite m'offrent des fruits et du pain. Le bus démarre, mais au lieu de prendre la route qui part directement vers le nord, il roule vers l'Est sur environ 500 km avant d'obliquer vers le désert...mais à ce moment là, il fait déjà nuit !...je ne verrai donc pas les dunes cette fois ci !



Des vignes ou des lianes ?
Ce n'est pas un building,
c'est un séchoir pour le raisin
J'arrive à Urumqi, une grande ville ou je ne m'attarde pas, je repars pour Turpan, une oasis, un peu plus à l'Est.

Difficile de penser que je suis en Chine tant cela ressemble aux villes du sud de l'Iran. Même constructions en terre crue, même systèmes d'irrigation, même type d'architecture....sauf ces espèces de hauts bâtiments avec des petits trous....Ce sont des séchoirs pour le raisin.





délicieux raisins secs
les énormes grappes en train de sécher
Ici, le raisin est roi. C'est la principale ressource de cette ville et des villages alentours coincés entre montagne et désert. Les vignes poussent comme des lianes et on fait sécher les raisins de toutes espèces. Les raisins secs sont exceptionnelement goûteux, chacun avec un arôme diffèrent, ils sont exportées dans le monde entier



lessive dans le canal du village



pas besoin de connaître
la langue pour communiquer
Le mode de vie est reste très traditionnel, dans les villages, on vit au rythme du soleil et des saisons. Lorsque je me promène, je suis accueillie avec curiosité, certes, mais avec tellement de gentillesse que j'ai parfois du mal à continuer mon chemin.




Payer pour voir la montagne...agrandissez
la photo et vous verrez les clôtures !
Bien sur, c'est hors des sites touristiques ... car, ici, depuis quelques années, les Hans débarquent en masse pour visiter les merveilles historiques et géographiques de cette région bien  exotique pour eux. Résultat, chaque site touristique est bétonné, clôturé et il faut passe  à la caisse !


Le village de Tuyoq
Même pour admirer une montagne que l'on peut, bien sur, voir de la route, il faut payer !...

Pour visiter le village de Tuyoq, qui est pourtant un lieu de pèlerinage important pour les musulmans, il faut payer aussi !
Bref, il faut payer partout, mais les Chinois ne rechignent pas, plus on paye, plus on est heureux !




Le désert autour de Turpan, des dune et des rochers, superbe !
Loin des préoccupations touristiques des Han fortunées, je rencontre H un jeune ouïghour dont je tairais le nom. Il est prof d'anglais. Il me parle de sa vie ici, de plus en plus difficile car le gouvernement envoie de plus en plus de Hans dans la région. Il y a beaucoup de pétrole et de gaz au Xinjian, Beijin ne peut pas se permettre de laisser toutes ces ressources aux mains de probables indépendantistes.Les bons jobs sont donc réservés aux Chinois exilés qui bénéficient aussi de diverses incitations fiscales. Cela laisse bien peu d'emplois pour les Ouïghours, même diplômés et ça fait monter les prix des logements et de la nourriture.
Lu n'a, par contre, n'a pas le droit d'aller travailler dans d'autres régions de la Chine, et bien sur, il n'a pas de passeport. Pour en obtenir un, le seul moyen serait de payer...car la corruption est présente partout. Pour y arriver, le soir il charge une petite table sur son scooter électrique et s'installe au coin d'une rue pour vendre quelques bricoles. Avant il donnait aussi des cours privées, mais récemment le gouvernement a décidé qu'il fallait une accréditation pour ça....accréditation qui va directement aux non-ouïghours, bien sur! Il n'est donc pas sur de réunir assez d'argent un jour pour aller visiter les pays voisins...
Les contacts avec les étrangers ne sont pas bien vus ici, il me demande donc de ne pas citer son nom, et de ne pas mettre sa photo, mais il se reconnaîtra ! Merci H pour cette découverte de ta vie quotidienne et des difficultés des Ouïghours.


3 commentaires:

  1. Et comment échapper au rouleau compresseur chinois????
    Petit coucou de L'Inde où j'ai fêté dignement le Gandhi birthday en m'offrant une journée de congé... pas de mal tout est fermé sous peine d'amendes!!!

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  2. Bonjour Marie Coco,
    C'est toujours avec autant de plaisir que je te suis pas à pas !!
    Difficile qu'es cette contrée par son aspect politique et économique ou règne le despotisme quel dommage !!
    Sinon toi vas tu bien ?
    Cette contrée a l'air très aride ..
    Il me tarde le prochain épisode de ta folle aventure , prend bien soin de toi ! Namasté
    Bisous .
    Sylvie

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