dimanche 8 juillet 2012

L'Iran des milles et unes nuits

Je quitte la capitale polluée et bruyante, direction le sud.
Première étape à Kashan, où je découvre les prémices des villes du désert. Constructions en briques de terre crue, et ambiance plus orientale.
Il fait chaud, voire très chaud....on m'avait prévenue, ok, mais il fait vraiment chaud !
Je me réfugie donc dans le bazar, le temps de m'acclimater.
Et j'y découvre des gens authentiques et accueillants. Après la circulation effrénée de Teheran, ici, on vit au rythme des ânes et du soleil, activité le matin et le soir, entre temps, on fait la sieste....




Je reprends la route en direction d'Ispahan.
Ah Ispahan ! un nom prometteur, des lectures enchanteresses, une ville chargée  de rêves et d'histoire.
Ici je suis accueillie par Yasser, un jeune iranien....euh....plutôt religieux. Il accepte de m'héberger, mais pas chez lui, pas possible parce que je suis une fille, je dormirai donc dans son bureau entre deux ordinateurs. Pas de douche ni de toilettes...mais des discussions différentes, intéressantes. Le point de vue d'un iranien qui croit fermement en sont gouvernement:
Il pense que la révolution en Syrie est menée en sous main par les Etats Unis, il pense que le trafic de drogue entre le Pakistan, l'Afganistan et l'Iran est mené par les Européens afin de donner une mauvaise image de la région.
Il pense que le tremblement de terre de Bam il y a une dizaine d'années est la punition choisie par Le Très Haut pour punir ces mêmes trafiquants.....
 En fait, il accueille assez souvent des étrangers chez lui (enfin, dans son bureau pour les filles) pour être sur que les touristes entendent cette version des faits car il pense que nous, pauvres Européens vivons dans la désinformation. Il me dit qu'il y a des émeutes a Barhein, qu'elles sont provoquées par des activistes américains, il me dit que les Iraniens sont libres d'aller et venir, n'est-ce pas la preuve d'une liberté extrême, ce sont les médias et les gouvernements occidentaux qui exagèrent la situation de l'Iran qui est pacifiste et démocratique.


Yasser
Il se moque bien des embargos successifs envers l'Iran. Les iraniens achètent leurs marchandises à Dubai ou directement en Chine (qui n'applique pas de sanctions à l'Iran). Et c'est vrai qu'ici on trouve beaucoup de marques françaises ou européennes. Les prix sont plus élevés que dans le reste du moyen orient à cause des intermédiaires supplémentaires, mais finalement les embargos n'ont que peu d'impact sur la consommation. Et les marchandises qui n'arrivent pas jusqu'ici sont simplement copiées ! pourquoi s'en faire? ici, tout est possible !



Après cet intermède islamique et quelque peu propagandique (?) je décide d'aller un peu plus dans le désert, après tout, il fait déjà chaud, alors un peu plus ? pourquoi pas !
grandes maisons
La route qui était déjà bien aride pour aller jusqu'à Ispahan, traverse maintenant des terres vierges.
J'arrive dans un village au milieu de nulle part, les maisons de terre se fondent dans le paysage.

le thé avec les villageois
petites maisons
Je logerai chez Mohammad, qui a ouvert une guest house. Avec l'argent il aide ses voisins à rénover leurs maisons afin de préserver le patrimoine, car ici, les gens préfèrent les maisons neuves et laissent leurs demeures ancestrales en terre retourner à la poussière. Ils n'ont aucune conscience de la valeur historique de ce patrimoine qui se reparti entre petites maisons, 8 pièces quand même, 4 pour l'été et 4 pour l'hiver et les grandes maisons avec tours de garde et grands murs qui étaient les demeures des riches marchands sur la route des caravanes .

les dunes
Nous passons beaucoup de temps à boire du thé, en attendant que la chaleur soit moins intense. Mohammad m'explique comment l'eau est captée dans les sources des montagnes et amenée jusqu'au village ou elle est stockée, refroidie par des cheminées, et partagée entre chaque habitant. Une organisation qui perdure encore aujourd'hui, c'est fascinant. Un peu avant la tombée de la nuit nous partons pour le désert de dunes qui est quand même plus joli que le désert de cailloux autour du village.
Je quitte à regrets cette famille si accueillante, direction Yazd.

Et là, c'est l'extase.
les rues de Yazd
 Cette ville perdue au milieu du désert est absolument magnifique.


La vieille ville est entièrement construite en adobe: briques de terre crue, recouvertes d'un mélangé de terre et de paille (comme du pisé).



J'ai envie de me perdre dans les ruelles où le soleil et l'ombre jouent à cache cache sur les murs couleur du désert.

De nombreux monuments ont traversé les siècles, et donne à la ville un air majestueux.
Les constructions sont sobres, pas de fioritures ici, pas de carreaux de faïence bleue, pas d'arabesques.

Mais l'architecture épurée, les couleurs chaudes de la terre, les passages étroits entre les maisons, les toits presque brillants sous le soleil de plomb, l'ambiance  un peu secrète des ruelles qui mènent aux jardins caches dans les cours carrées....ont conquit mon coeur !


les jardins secrets de Yazd

Derrière les murs je découvre les jardins de citronniers et de bougainvilliers agrémentés de bassins ou parfois de fontaines pour rafraîchir l'atmosphère. Ce sont de vrais paradis pour se reposer en attendant le crépuscule ou je pourrai repartir explorer cette ville absolument magnifique.

 Les parties renovees de la citadelle



Encore plus au sud, encore plus à l'est, j'arrive ensuite à Bam. La citadelle de Bam était le plus grand monument du monde construit en terre.

Quelques murs ont resisté

La palmeraie n'a pas souffert
du tremblement de terre
Malheureusement, le tremblement de terre de 2003 l'a presque entièrement détruite. Il reste quand même quelques murs et quelques fortifications, juste pour prouver que les constructions en terre crue résistent  au temps qui passe ( la citadelle a plus de 2500 ans) et un peu aux tremblements de terre.

hommes en pyjamas
glaces aux fleurs















La ville est presque entièrement reconstruite, mais beaucoup d'habitants ont quitté l'endroit et sa magnifique palmeraie. Les dattes d'ici sont réputées être les meilleurs du monde. J'avoue qu'avec la chaleur du désert, je les ai trouvées....très sucrées ! Il fait presque 50 degrés à l'ombre....j'ai plutôt opte pour les glaces à la rose et au jasmin !
Ici les hommes portent des pyjamas, et, avec la chaleur je les comprends bien...mais les femmes sous leurs tchadors noirs,comment font elles ? Il fait tellement chaud que, malgré mes vêtements amples, la transpiration est excessive et j'ai des petites plaies sous les seins, sous les bras, dans le creux des genoux....
Bon, allez ce n'est qu'un petit désagrément comparé a toutes les beautés que j'ai rencontrées pendant ces 12 jours de balade dans le désert !
Il est temps maintenant que je retourne à Teheran chercher mon visa Ouzbek et demander celui pour le Turkmenistan,
Suite au prochain épisode :-))



3 commentaires:

  1. Waouh, ça donne envie, que de splendeurs qui restent comme qui dirait sous le tchador!! Ca a comme un petit goût d'interdit et de mystère non?

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  2. Quel dépaysement, ces villages paraissent hors du temps. Gros bisous ma Marie, quel bonheur de te suivre grâce au blog.

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  3. Bonjour Marie Coco ,

    Encore une fois tu m'as tenue en haleine dans ton magnifique périple !
    Tout aussi époustouflant que les fois précédentes !
    Franchement il me tarde de lire ton magnifique livre des que tu le feras éditer :-) presque irréelle et féerique les photos !
    Bon comme tu le dit si bien beaucoup de propagande ,il faut laisser ses gens dans l'ignorance !! Que veux tu l'humain est encore bien loin de la sagesse ...
    Bon au prochain épisode qui je pense sera encore une fois exaltant ..
    Prend bien soin de toi.
    Bisous , Namasté.
    Sylvie

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