jeudi 16 août 2012

Depart vers le Tadjikistan

Après avoir récupéré mon visa Tadjik à Tashkent, je me dirige doucement vers le sud.
Samarkand...  un nom qui fait rêver !
Oui mais voila, c'est la première grande déception depuis mon départ. J'en attendais trop sûrement, de cette ville des mille et une nuits.
C'est beau, ok. Le Regisan et les mosquées et madrassa des alentours ont été rénovées, mais l'ensemble est sans âme. Ça ne vibre pas, c'est froid sous le soleil brûlant. C'est plein de touristes, de boutiques à touristes et d'enfants qui demandent des euros ou des dollars.
Alors, comme à Khiva et Boukhara, je n'ai aucune envie de traîner ici, je décide de partir explorer le sud, près de la frontière Afghane.


après les négociations, la photo !
Je me dirige donc vers le bazaar du sud (même ici je ne retrouve pas l'ambiance). Après m'être perdue deux fois j'arrive trop tard, il n'y a plus de voitures qui partent vers le sud.
Bon,pas grave, il y a des voitures qui partent vers Denau pas loin de la frontière Tadjik. Bien sur, comme toujours, avec mon sac sur le dos, je crée un attroupement, et au milieu des hommes, il me faut négocier dur pour le tarif ...mais à la fin, on trouve un compromis et tout le monde est content.

yourte à travers les vitres sales...
La route vers le Sud Est est souvent bien carrossable mais se réduit parfois à une simple piste dans des paysages lunaires. Occasionnellement, au loin, on aperçoit des yourtes isolées et quelques troupeaux épars dans cette partie aride du pays. Ça fait bien rire mes compagnons de route que je prenne des photos à travers les vitres (sales) de la voitures (vitres fermées à cause de la poussière sur les parties non goudronnées de la route).


le téléphone c'est bien pour
prendre une étrangère en photo!
Arrivée à Denau, je fais un tour dans la ville, me fais photographier 3 fois en une heure. Ah, ah, ah, je commence à m'y habituer...dans les campagnes ou les petites villes, je me fais photographier presque autant que je photographie, et pas seulement quand j'ai le sac à dos. Et pourquoi pas ? Je suis aussi exotique pour les gens d'ici qu'ils le sont pour moi.
À part dans les trois villes extra touristiques il n'y a pas beaucoup d'étrangers en vadrouille par ici ( merci le gouvernement qui rend l'obtention des visas assez difficile et qui oblige les gens à s'enregistrer ).

Je profite de cette étape pour faire réparer mes chaussures qui commencent à s'essouffler. Je les porte tous les jours depuis un peu plus de huit mois...Je continue à les porter malgré la chaleur pour deux raisons: ceux qui me connaissent bien savent que j'ai tendance à me casser les orteils facilement, donc je préfère les protéger, ensuite, si j'avais acheté des sandales, j'aurai du mettre mes fidèles boots dans le sac...et ça pèse !!
Bref, malgré un usage intensif dans la neige autant que dans les grandes chaleurs du désert, elles ont plutôt bien résisté....elles méritent bien une petite couture toute neuve.

Pendant que le cordonnier coud (dans la rue), les femmes autour viennent m'offrir un genre de fromage frais sucré, un délice !


J'ai trouvé ici un hôtel hérité de l'ère soviétique pour la nuit avant de passer la frontière. Comme toujours dans la région, les toilettes sont au bout du couloir, ce qui n'est pas gênant en soi, sauf que durant la nuit, pour la première fois depuis mon départ, je suis malade.
Vomissements et diarrhée.
Courir jusqu'aux toilettes....trop loin ! J'ai la honte de vomir en plein couloir et de faire sur moi dans la foulée. Ben oui...quand je dis honte, c'est Honte avec un grand H !

des visages de plus en plus asiatiques
La "dame d'étage" ( un système hérité des Russes, chaque étage a une gardienne qui donne les clés et s'occupe du samovar, du PQ - qu'il faut demander au fur et à mesure- et du nettoyage) est heureusement compréhensive, elle m'apporte des bassines pour que je puisse me laver, des bassines pour que je puisse continuer à vomir et prend mes vêtements pour les laver.
Je passe une nuit affreuse, car je continue à avoir des spasmes même avec un estomac vide, c'est très douloureux.
Au matin, j'essaie de boire un peu de thé apporte par la dame d'étage, mais ça ne passe pas. C'est seulement le soir que j'arrive à boire un peu d'eau, je prends donc deux cachets d'immodum pour au moins arrêter la diarrhée et  passer une nuit à peu près tranquille.

Le lendemain, je suis faible, mais ça va mieux, je décide de partir, direction le Tadjikistan.
Pas de problèmes à la sortie d'Ouzbekistan, fouille du sac et vérification de mes devises, mais ils ne vérifient pas mes enregistrements. Il y a ensuite environ 500m de no man's land en plein soleil. Je suis encore bien faible et la distance me parait infinie, mon sac pèse 50 kilos....j'arrive du coté Tadjik complètement épuisée. Je trouve une chaise et m'y vautre avant même de présenter mes papiers.
Un douanier s'avance vers moi d'un air menaçant, demande mon passeport, me pose des questions en Tadjik....je comprends rien, j'essaie de lui expliquer que je ne me sens pas bien, rien à faire, il me fait signe de le suivre.
Zut, je me passerai bien de complications...
Il m'emmène dans une pièce qui, de toute évidence est une pièce de repos, il me fait signe que je peux rester là, et s'en va. Je m'allonge pour 5 mn sur une espèce de divan...et me réveille 3 heures après !
 Je me sens nettement mieux, je ressort de cette petite pièce pour trouver le hall de la douane désert....Sauf que j'ai pas mon passeport !
J'étais tellement épuisée tout à l'heure que j'ai même pas pensé à le récuperer. Je pars donc à la recherche du précieux document. Les douaniers me renvoient de l'un à l'autre, aucun d'eux ne parlant anglais, je commence à me dire que je suis dans de sales draps quand je retrouve enfin le type qui a gardé mon passeport. Ouf ! Tout est en règle, il me fait signe que je peux partir.
Et voila le passage de frontière le plus étrange de mon périple ... pour le moment, du moins ;-)





3 commentaires:

  1. Tourista, quand tu nous tiens, c'est terrible.....
    Peut-être trop de fromage?

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  2. Quelle énergie et quelle ténacité ! Barouder depuis tant de mois et garder ce moral, c'est fou ! J'adore lire l'épopée de ton voyage, emplie d'anecdotes cocasses, d'instants difficiles, de rencontres originales. Bravo et continue de me faire rêver.

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  3. Bjr,

    N'allez pas du côté du haut badakhchan, de graves conflits éclatent en ce moment même et nous n'avons plus de nouvelles de 4 membres de notre famille dont une petite fille de 18 mois, tous les moyens de communication sont coupés. Mon cousin s'est marié avec une Tadjik en France et ils étaient partis se marier là bas... nous sommes très inquiets, il s'agit de la famille PIOT au cas où vous les croiseriez Anne-Sophie PIOT annesophiepiot@yahoo.fr 06 82 67 63 95

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