mercredi 27 juin 2012

Premiers pas en Iran

prête a traverser la frontière !
Je suis arrivée en Iran il y a un peu plus d'une dizaine de jours. J'ai passe la frontière entre Armenie et Iran à pieds, après m'être habillée en conséquences, d'après les informations que j'avais glanées ici ou là, en espérant être habillée correctement.
Chemise longue jusqu'à mi cuisses et foulard, je m'approche, avec, je dois dire un peu d'appréhension.... Il y a très peu de trafic, le bâtiment des douanes est presque désert,et,  bien sur, avec mon sac à dos je ne passe pas inaperçue! L'accueil est cordial, les douaniers parlent anglais, on m'aide même pour changer des euros, je ne suis pas sure du taux, je ne change donc que 10 euros et me retrouve avec un peu plus de 200 000 rials !
Ouah ! une belle somme dans mon petit porte monnaie....


juste après la frontière,
c'est plutôt aride
Une fois sortie du poste frontière, j'avance un peu sur la route et me prépare a arrêter les voitures....pas besoin, un véhicule s'arrête tout de suite, je vais à Tabriz, mais, non, il repart en me faisant des signes vers une autre voiture qui s'avance.
La voiture suivante s'arrête aussi, j'annonce ma destination, l'homme qui est à cote du chauffeur descend, passe à l'arrière ou il y a déjà un passager, et je peux occuper le siège avant.
Très bien, sauf que c'est un taxi ! il me faudra payer ! Je demande donc qu'on me laisse à Jolfa, la première ville qu'on traverse, pour retenter l'expérience auto stop.
Une voiture s'arrête tout de suite, c'est encore un taxi ! après trois taxis, je décide de retourner vers le centre ville et de prendre un bus.

Petite parenthèse concernant l'argent: pour payer le bus, on me demande 5 000, je donne 10 000, mais le chauffeur n'est pas content, il n'y a pas assez...

une liasse de 2 millions de rials
....environ 100 euros
Ah bon ? comment est-ce possible ?
En fait, ici on parle en toumans, mais on paie en rials qui valent 10 fois moins !...déjà qu'avec ce taux de change c'est pas facile de se figurer à peu prés combien ça fait, là, je suis un peu paumée, va falloir s'y faire !

Arrivee à Tabriz, Je suis accueillie par Rasoul, sa femme et sa fille,. Ils habitent dans les quartiers chics, c'est une famille aisée. Rasoul s'est récemment inscrit sur couchsurfing, il pense que sa fille pourra progresser en anglais grâce à ce système. Il vivent dans un appartement à l'européenne, Nazli travaille en ville et Asla, leur fille de 14 ans ira à l'Université, dans quelques années pour étudier les langues.

Ils ont beaucoup de questions à me poser sur la France et j'en ai autant sur l'Iran, la conversation est donc très animée. En ce qui concerne l'habillement, j'ai tout bon: tunique longue et foulard, c'est suffisant. Beaucoup de femmes portent le tchador, mais ce n'est pas obligatoire. Par contre, quand je demande à Nazli comment nouer mon foulard pour qu'il ne bouge pas (avec le sac à dos, il part dans tous les sens), elle m'offre un hijab.
Dans cette échoppe, vous avez le choix
entre noir, ou noir !
C'est plus traditionnel, plus strict, plus chaud aussi car plus serré sous le menton, mais au moins, ça ne bouge pas des que je porte mon sac ou qu'il y a du vent.
J'alternerai donc foulard et hijab, selon les circonstances.
C'est ici que je découvre les bus divisées en deux, l'avant pour les hommes, l'arrière pour les femmes, les boutiques qui ne vendent que du tissu noir....bref, c'est ici que je plonge vraiment dans la vie iranienne.



sur le bord des routes
En ce qui concerne le stop, ils ne savent pas ce que c'est. Rasoul en a entendu parler, mais le concept leur est totalement étranger. Ils m'expliquent que beaucoup de gens attendent au bord des routes, mais ils attendent soit un bus pour les longs trajets, soit un taxi pour les petites distances, mais ce sont des hommes. Une femme seule au bord des routes, ça ne se fait pas. Les femmes voyagent peu, souvent accompagnées, et si elles sont seules elles prendront le bus depuis le terminal, pas sur le bord des routes !


rizieres et montagnes
slogans sur les murs
C'est donc en bus que je me dirige vers la cote de la mer Caspienne. Les autoroutes portent des noms de martyrs de la dernière guerre (Iran/ Iraq ),,  les paysages alternent montagnes et rizières, les publicités  et les slogans religieux  sont peints sur les murs des villages.........
À Chubar, je suis hébergée par une famille bien différente, ici on vit au raz du sol, on dort et on mange par terre, la maison est moderne, mais le mode de vie est reste traditionnel. Azim est professeur dans un collège, il est en vacances et me fait faire un tour de sa région. Le problème ici c'est que la voiture est l'instrument incontournable. Il faut dire que le carburant coûte 40 centimes avec la carte de rationnement....
dîner avec des amis, en mon honneur, les femmes
d'un coté, les hommes de l'autre, mais tout le monde par terre !
Comme en plus il fait chaud, ils ne sortent pas ou peu du véhicule et ne comprennent pas que j'aimerai me balader dans les villages, seule pour pouvoir m'imprégner un peu plus de l'atmosphère.
Les Iraniens sont très hospitaliers, pas de doute la dessus, mais une fois qu'ils vous ont accueillie, vous êtes un peu à leur merci, très difficile de dire non, très difficile de faire à sa guise,  tellement ils veillent sur vous !

Ici, comme à Tabriz, ils ne comprennent pas que je veuille visiter Teheran et les villes plus au sud. C'est la fournaise me disent-ils. Ici on respire, c'est la plus belle région d'Iran, c'est vert, il y a des forets, ça ressemble à l'Europe!
Euh....oui, je n'en doute pas, mais j'ai pas passé six mois sur la route pour voir des paysages qui ressemblent à chez moi ! Je suis bien décidée à aller jusqu'aux villes en bordure du désert !


Teheran !
voitures, pietons et deux roues....
Une megalopole, 12 millions d'habitant, beaucoup de voitures, une circulation intense, tout le monde fonce, klaxonne et fonce encore.  C'est l'enfer des pietons ! Il y a bien des passages reservees aux bipedes, mais personne ne s'arrête ni même ne freine. Il faut se lancer au milieu du flot de voitures et de deux roues qui vous frolent...pas facile au debut, surtout quand on a traverse la moitié de la chaussée et qu'on se retrouve au milieu, sans pouvoir passer !
 Il faut ensuite demander son chemin.
Certains jeunes parlent anglais, donc ça va, mais au royaume du petrole, les gens ne marchent pas, ils prennent des taxis. Il y en a pour tout les gouts: les officiels, les non officiels, les taxis partagés, les taxis individuels, ceux qui ne font qu'un trajet prédéfini....bref, c'est la jungle des taxis. Tout ça donne une ambiance bruyante et un air bien pollué, qui, rajoutés à la chaleur, vous fatigue rapidement. Bref, quand je demande mon chemin, les gens m'envoient systematiquement vers ...un taxi.



au restau avec mes nouveaux amis
Ici je rencontre des jeunes qui me parlent de leur vie au quotidien, des restrictions, du gouvernement, et de leur desir d'ermigrer.
Ils ont autour de 30 ans et vivent chez leurs parents car ici, on ne vit que rarement seul, pour des raisons économiques, mais surtout pour la tradition. Il est assez facile de trouver du travail lorsqu'on est diplomé. Il est même facile de trouver un emploi dans les compagnies petrolieres (gouvernementales, bien sur), ou on est payee à ne rien faire. Les jeunes déplorent ce gaspillage de l'argent du pétrole, ils sont conscients qu'il faudrait préparer l'apres-pétrole en investissant dans d'autres secteurs d'activité, mais ce n'est pas le point de vue des autorites qui continuent à construire des autoroutes.

pas mariés, et en plus,
elle est en rouge !

L'un d'eux a une "petite amie" et je suis bien etonnée de les voir se donner la main en public. Les conditions se sont bien assouplies ces dernieres années, et à Teheran du moins, on trouve quelques jeunes filles habillées en couleur, avec un voile moins couvrant. Les jeunes se fréquentent, sortent ensemble au café ou au restaurant, vont picniquer, à première vue, on se croirait presque en Europe.

Les conditions assouplies d'accord,

mais les relations restent platoniques, bien sur, 
mais la police des moeurs veille et je les ai vu arrêter une jeune fille portant des vetements trop colorés, ils peuvent aussi vous arrêter et vous demander si vous êtes mariés, même si vous ne vous donnez pas la main
mais on ne peut pas ecouter du rock ou tout autre musique "occidentale" en public
mais internet est censuré
mais on n'a pas le droit d'avoir une antenne satellite
mais on ne peut pas boire d'alcool
mais il est interdit de danser
mais on ne peut pas utiliser les anciens prenoms perses car ils ne sont pas dans le coran

slogans et propagande, partout !
.......et plus encore !

je fume le narguile en public !
D'un autre cotee, mes nouveaux amis m'aprennent leur phrase preferee:
En Iran, tout est interdit, mais tout est possible.

C'est comme ça que vous pouvez lire cet article du blog qui est normalement censuré, c'est comme ça que certains boivent de l'alcool, c'est comme ça que je fumerai le narguile dans un restau sympa, c'est comme ça que tout le monde regarde des programmes télé turcs, c'est comme ça que lors de notre picnic, les garcons danseront dehors.....

Beaucoup de jeunes eduqués et diplomés n'attendent qu'une chose: partir.

slogans religieux, en Farsi, en arabe
 et en anglais !
Le gouvernement a trouvé un bon moyen d'éviter la contestation: vous n'etes pas contents, vous n'avez qu'à partir. Il est donc facile de quitter l'Iran, mais ce qui est difficile, c'est d'obtenir un visa pour un pays de l'ouest car les politiques d'immigration sont de plus en plus drastiques, y compris au Canada et en Australie, qui restent malgre tout les derniers pays accueillants. Il faut de un à deux ans. beaucoup d'argent et de démarches pour obtenir un visa de travail, qui sera peut être refusé...Les visas de tourisme sont tout aussi difficile à obtenir, car nos pays craignenet l'immigration illegale. Ici ils ont beaucoup de mal à comprendre ces refus, ils pensent que quelques Iraniens de plus ou de moins dans l'espace Schengen, ça ne changera pas grand chose. Ils ne se rendent absolument pas compte de la situation en Europe, de la crise et du manque d'emploi. Pour eux, nous continuons à être " les riches" qui ne veulent pas partager le gateau.....

J'ai fais peu de tourisme à Teheran, mais j'ai rencontré des gens fabuleux qui m'ont permis d'apprendre un peu plus comment veivent les Iraniens des villes.

Mes demarches pour mes visas sont enfin terminées, je vais donc partir vers les sud, decouvrir les merveilles de ce pays.

Suite au prochain episode !





5 commentaires:

  1. Ben dis donc, là tu nous as écrit "du lourd".!!!!!

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  2. Bonjour Marie Coco,

    Tout simplement génial et super enrichissant !
    Ta vision sur place et tes commentaires sont vraiment époustouflant ...Et franchement j'ai vraiment hâte de lire le prochain épisode !!
    Continu ta route , tu reste nos yeux !!
    fait attention à toi ..
    Bisous Namasté .

    Sylvie

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  3. bravo et en tous les cas ca me rappelle les 3 semaines passées en iran en 2006. Personnes adorables,rencontres extraordinaires, monuments stupéfiants... je pense y retourner rapidement
    Dominique

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  4. Tu es tout simplement plus que génial Marie, on t'admire,
    Bien à toi, bonne route.
    Bisous.

    Gianni

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  5. Hi
    I am loving reading your blog! Am so envious that you are able to make such a journey!

    You should consider writing a book at the end of your travels!!! Superb photos too!!

    Stay safe and happy travelling x

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